On sait combien gagnent les joueuses de rugby, l'écart avec les hommes est abyssal
Le rugby féminin gagne en visibilité en France et la Coupe du monde féminine qui débute vendredi 22 août va certainement lui donner un nouveau coup de pouce. Mais côté salaires, le chemin reste long. Derrière l'image d'un sport en plein essor, les inégalités avec leurs homologues masculins demeurent criantes.
Seules les internationales du XV ou du VII bénéficient aujourd'hui d'un véritable statut semi-professionnel. Depuis 2020, la Fédération française de rugby (FFR) a instauré des contrats à temps partiel, rémunérés entre 3 000 et 4 000 euros brut par mois selon l'ancienneté. Un progrès indéniable et important, mais qui ne concerne qu'une trentaine de joueuses. Du côté du rugby à VII, la rémunération tourne autour de 2 000 euros net mensuels, un revenu qui reste insuffisant pour vivre confortablement sans activité complémentaire.
Pour la grande majorité des joueuses de l'élite, le quotidien est tout autre. Des indemnités modestes, primes épisodiques et surtout l'obligation de cumuler un emploi ou des études avec l'entraînement. Certaines vont même jusqu'à financer leurs déplacements. On ne parle pas de salary cap chez les filles (la masse salariale à ne pas dépasser, NDLR). Exceptées pour les internationales, les primes de matches sont de 230, 340 ou 420€, selon le statut des joueuses. "Celle qui joue tous les matches, c'est 7500 euros sur l'année maximum !" explique l'une des membres du Stade Toulousain pour L'Equipe.

Et la comparaison avec les hommes est saisissante. En Top 14, le salaire moyen dépasse les 21 000 euros par mois, avec des stars du championnat rémunérées à plusieurs centaines de milliers d'euros mensuels comme des Antoine Dupont ou Romain Ntamack pour ne citer qu'eux. Là où une internationale française peine à dépasser les 40 000 euros par an, un joueur professionnel hommes peut donc toucher cette somme en deux mois.
Cette différence s'explique en partie par les moyens financiers colossaux du rugby masculin. Les clubs de l'élite féminine disposent de budgets compris entre 80 000 et 250 000 euros annuels, quand les grosses écuries masculines brassent des dizaines de millions comme le Stade Toulousain ou le RC Toulon.
Les écarts de revenus sont également liés à la médiatisation. La Coupe du monde masculine attire plus d'un milliard de téléspectateurs, quand la finale féminine 2019 n'a réuni "que" 82 millions de personnes. Sponsoring, droits TV et billetterie suivent cette logique d'audience, rendant difficile un rééquilibrage rapide. Le rugby féminin progresse, indéniablement. La mise en place de contrats fédéraux a marqué une étape importante, tout comme la montée en puissance du championnat Elite 1. Mais les joueuses restent, pour beaucoup, à mi-chemin entre amateurisme et professionnalisme.