Valérie Pécresse : un résultat catastrophique et une dette personnelle

Valérie Pécresse : un résultat catastrophique et une dette personnelle

PECRESSE. Valérie Pécresse doit dire adieu à son ambition présidentielle. Outre la déception la candidate des Républicain qui a recueilli moins de 5% des suffrages doit rembourser sa campagne. Endettée personnellement, elle a lancé un appel aux dons.

[Mis à jour le 11 avril à 15h45] Douche froide pour Les Républicains. La candidate Valérie Pécresse a été éliminée de l'élection présidentielle dès le premier tour, dimanche 10 avril. Pire que la défaite, le triste score enregistré par la patronne de l'Île-de-France porte le coup fatal à la formation politique de la droite : 4,8% des voix, très loin derrière Emmanuel Macron (27,84%), Marine Le Pen (23,15%) et Jean-Luc Mélenchon (21,95%). Même le candidat de Reconquête! Eric Zemmour s'est hissé devant elle avec 7% des suffrages. Ce score historiquement faible marque un tournant pour la droite qui tente par tous les moyens de se remobiliser et de subsister après cette défaite catastrophique.

A la survie politique des Républicains s'ajoute un autre problème : la survie financière. Avec un score inférieur aux 5% qui donnent droit au remboursement d'une partie de la campagne présidentielle, la formation politique va devoir financer de sa poche tous les frais engagés, notamment les sept millions d'euros qui devaient être couverts par l'Etat. Le paiement s'annonce compliqué à en croire les déclarations des politiques étiquetés LR et de Valérie Pécresse. La candidate malheureuse au premier tour de l'élection présidentielle a indiqué lundi 1 1 avril être "endettée personnellement à hauteur de cinq millions d'euros". La femme politique a par la même occasion lancé un appel national aux dons pour récolter sept millions d'euros et boucler le financement de la campagne d'ici le 15 mai.

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4,8% de suffrages pour Valérie Pécresse, score historiquement bas pour les Républicains

C'est un record dont se serait pas bien passer la droite. Les Républicains ont toujours figuré dans le quatuor de tête de l'élection présidentielle et surtout ils n'ont jamais obtenu moins de 10% des suffrages. Avec tout juste 4,8% des voix, la famille politique semble avoir un pied dans la tombe surtout lorsqu'on établit la comparaison avec les scores des candidats placés devant Valérie Pécresse : Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont tous obtenu des score supérieurs à 20% des suffrages. Même Eric Zemmour, le second candidat de l'extrême droite sans appuis solides en politique, a fait mieux avec 7% des voix.

La chute du parti a été amorcée en 2017 lorsque Marine Le Pen s'est imposée pour la première fois au second tour face à Emmanuel Macron laissant François Fillon au pied du podium. Cinq ans plus tard, Valérie Pécresse n'est pas parvenu à redonner au parti des Républicains et à la droite sa place de leader dans le paysage politique français. La candidate avait pourtant tout pour réussir au début de sa campagne notamment l'attrait de la nouveauté et elle se présentait à ce titre comme la "surprise" de l'élection présidentielle 2022. Les déclarations devaient être de bonnes augures mais entre une dynamique essoufflée et l'influence du "vote utile" face aux extrêmes, notamment l'extrême-droite, c'est une mauvaise surprise qu'ont vécu les Républicains au soir du premier tour.

Valérie Pécresse, éliminée et endettée par sa campagne présidentielle

La pulvérisation de la droite n'est pas le seul problème que rencontre la candidate Pécresse et le parti des Républicains. Sans dépasser les 5%, ils doivent renoncer aux sept millions d'euros fournis par l'Etat pour rembourser une partie des frais de campagne, un scénario que n'avait pas prévu les Républicains qui s'attendaient, au pire, à enregistrer entre 8 et 10% des suffrages selon Jean Rottner, le président LR du Grand-Est. La droite a jusqu'au 15 mai pour rembourser l'intégralité de la campagne de Valérie Pécresse mais les fonds du parti ne suffiront pas. En conséquence, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, la candidate LR a "lancé un appel national aux dons, à tout ceux qui m'ont apporté leur suffrage, qui ont préféré le vote utile et à tous les Français qui sont attachés aux pluralisme politique".

Valérie Pécresse a insisté sur l'urgence pour la droite traditionnelle et a précisé s'être elle-même endettée à hauteur de cinq millions". Si la déclaration de patrimoine - évalué à près de 10 millions d'euros - de la candidate a révélé l'aisance financière de la patronne d'Île-de-France, cet endettement reste difficilement soutenable.

Valérie Pécresse votera pour Emmanuel Macron au second tour

"Si je ne suis pas au deuxième tour, je ne donnerai jamais de consigne de vote", avait annoncé Valérie Pécresse le 8 avril sur France Inter. La candidate a tenu parole et s'est abstenue d'indiquer aux électeurs pour qui voter mais elle a précisé, à titre personnel, quelle votera pour Emmanuel Macron "en conscience" et ce "pour empêcher l'arrivée au pouvoir de Le Pen et le chaos qui en résulterait". Seulement, tous les Républicains ne suivront peut-être pas son exemples.

Lors de la réunion de crise organisée au sein du parti de droite lundi 11 avril, les consignes de vote à donner aux électeurs étaient à l'ordre du jour. Les politiques ont procédé par vote et à l'écrasante majorité, 116 voix sur 130, ils ont décidé de suivre l'exemple donné par Jean-Luc Mélenchon la veille. "Aucune voix ne doit se porter sur Marine Le Pen", a ainsi déclaré Christian Jacob, président de la formation politique à l'issue de la réunion. Si LR s'élève contre Marine Le Pen dans la tradition du front républicain, il n'appelle pas explicitement à voter pour Emmanuel Macron, même si l'orientation du vote des élus au second tour fait peu de doute. Cet élan derrière le président sortant ne traduit pas une adhésion mais seulement une opposition à l'extrême droite. "Emmanuel Macron veut nous mener vers un parti unique dangereux pour la démocratie. Par cette stratégie il a contribué à faire remonter des votes de désespérance. Notre famille politique a toujours été, est restée un adversaire du Rassemblement national. Aucune voix ne doit être apportée à Marine Le Pen. Les Républicains ne sont ni fongibles dans [le lepénisme] ni dans le macronisme. Il existe une troisième voie", a aussi assuré le patron des LR.

Plus tôt dans la journée, c'est Laurent Wauquiez, le président LR d'Auvergne-Rhône-Alpes qui s'est exprimé sur le sujet et appelé au "respect" du choix de chacun, entre ceux qui voteront Macron et ceux qui voteront blanc. "Personne n'appelle à voter pour Marine Le Pen, certains pour Macron, d'autres ne choisissent pas. Il faut absolument respecter cette diversité. Ne cherchons pas à monter un camp contre un autre, ne nous donnons pas de leçons entre nous, sachons bâtir une position commune qui nous rassemble sans exclure personne", a-t-il déclaré cherchant à limiter les fractures déjà nombreuses au sein de la droite.

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