Ils ont fait entrer les garçons à l'école un an après les filles, ce qu'ils ont observé est radical
En France, dès que l'enfant atteint ses trois ans dans l'année, il doit aller à l'école. Sous certaines conditions, un enfant de deux ans peut également être admis en maternelle. Un gage de sociabilisation et de transition progressive vers la scolarité obligatoire. Cependant, entrer très tôt à l'école ne semble pas adapté à tous les enfants, certains ont encore besoin à cet âge de la stabilité affective de leurs parents.
Et si c'était aussi une question de sexe ? A l'entrée à l'école, les filles sont souvent meilleures que les garçons. Selon une enquête de l'Ined (Institut national d'études démographiques) en maternelle, les filles ont de meilleurs résultats en mathématiques que les garçons alors que par la suite, c'est plutôt l'inverse. Les performances en langage restent à l'avantage des filles.
Le chercheur anglo-américain Richard V. Reeves, dans son livre Of boys and men : why the modern male is struggling, why it matters, and what to do about it, estime que les garçons devraient commencer la maternelle un an plus tard que les filles, comme le rapporte le NY Times. Ainsi, ils arriveraient plus âgés à l'école. Selon lui, une différence de maturité est souvent constatée entre les filles et les garçons et tend à persister jusqu'au lycée.

Par ailleurs, les filles atteignent aussi la puberté en moyenne un an et demi avant les garçons, développant davantage de fonctions exécutives essentielles à la réussite à l'école. Ainsi, en étant plus âgés, les garçons pourraient, d'une certaine façon, être davantage au niveau des filles. Et pour l'expert, les répercussions les plus fortes se verraient à l'adolescence, où selon lui "les écarts sont les plus importants".
Aux Etats-Unis, certains parents utilisent ce qui est appelé le "redshirting", s'arrangeant pour retarder l'entrée en maternelle d'un enfant, espérant ainsi maximiser ses chances. Cette pratique concerne 5 à 10% des enfants entrant à l'école et essentiellement les garçons. Joe Strickland, qui a enseigné au collège pendant 25 ans, estime auprès du NY Times que cette bonne décision devrait être généralisée dans les écoles. Il s'accorde avec Richard V. Reeves sur les effets positifs, surtout sur les années ultérieures, car les garçons et les filles à cet âge "sont complètement différents". "Les filles ont tendance à être concentrées et intéressées par l'école, alors que beaucoup de garçons, c'est juste des bêtises, des jeux de mots entre eux, tout sauf de la concentration".
Dans le NY Times, une mère qui a inscrit son fils à la maternelle à l'âge de 6 ans, sur la suggestion de son institutrice est conquise : "Avec le recul, je suis tellement contente qu'elle ait fait ça", a-t-elle déclaré, assurant que son fils "lisait déjà" avant son entrée théorique à l'école, mais qu'"il n'était pas prêt émotionnellement, se sentant facilement dépassé et pleurant beaucoup en classe".
En Floride, où les enfants entrent en maternelle s'ils ont 5 ans au 1er septembre, une étude a comparé les enfants nés après cette date, donc plus âgés dans leur classe, à ceux nés en août, ayant presque un an d'écart. Ainsi, les élèves les plus âgés ont eu de meilleurs résultats dans les années suivantes. Des études similaires ont été menées dans le Tennessee ou en Caroline du Nord, avec des conclusions similaires.
Une étude portant sur 400 000 enfants a aussi révélé que ceux dont l'anniversaire était antérieur à la date limite d'entrée en maternelle étaient significativement plus susceptibles de recevoir un diagnostic de trouble du déficit de l'attention ou d'hyperactivité que ceux dont l'anniversaire était postérieur à cette date. Une étude portant sur un million d'enfants en Grande-Bretagne a révélé une tendance similaire.
Reste qu'aucun consensus n'est à ce jour établi, certains chercheurs avançant notamment que l'amélioration des résultats scolaires en entrant plus tard à la maternelle s'estomperait finalement avec l'âge.