Le dilemme de Hollande

Le dilemme de Hollande Après les régionales, François Hollande devra faire un choix pour préparer au mieux sa candidature à sa succession : affirmer sa ligne social-libérale ou s'ouvrir à toutes les composantes de la gauche.première étape : le remaniement.

La rumeur insistante s'est transformée ces dernières semaines en scénario le plus évident et le plus naturel : à l'issue des élections régionales, François Hollande et Manuel Valls procéderont ensemble à un remaniement ministériel. Plusieurs ministres cadres sont déjà annoncés sur le départ : Jean-Yves Le Drian, qui pourrait prendre la tête de la région Bretagne, mais aussi Laurent Fabius, Christiane Taubira et Michel Sapin. François Hollande ne composera pas le dernier gouvernement de son quinquennat à la légère. Car, comme l'assure Le Figaro, "il ne fait désormais plus de doute pour de nombreux dirigeants qu'(il) se représentera en 2017". Et sans passer par la case primaire. L'Express ne dit rien d'autre en révélant cette semaine qu'une "cellule secrète" agit à l'Elysée pour préparer la nouvelle campagne, en organisant des rendez-vous tous les lundis. Celle-ci serait composée d'une dizaine de proches du chef de l'Etat, dont Stéphane Le Foll, Guillaume Bachelay un ancien collaborateur de Martine Aubry, et Vincent Feltesse, un conseiller influent.

Préparer la présidentielle de 2017, aujourd'hui, celui signifie préparer les entrées et les sortie du gouvernement pour la composition d'une nouvelle équipe opérationnelle début 2016. Pour apparaître en position de force face à Marine Le Pen et le candidat désigné par la primaire de la droite et du centre, François Hollande doit faire un choix cornélien : soit réaffirmer sa ligne social-libérale, qu'il avait actée lors de la nomination de Manuel Valls à Matignon, puis par celle d'Emmanuel Macron à Bercy, soit s'ouvrir à toutes les composantes des forces de gauche, pour s'afficher en rassembleur face au péril de l'alternance. Est-il alors judicieux de faire rentrer des "frondeurs" au gouvernement ? Quelle personnalité, ayant suffisamment d'aura politique, accepterait d'intégrer un gouvernement Valls 3 en se montrant capable d'incarner un infléchissement à gauche ? Pour tenter d'empêcher ou de décrédibiliser des candidatures trop nombreuses à gauche, le chef de l'Etat doit s'assurer le plus de soutiens possibles, tout en certifiant qu'il n'a pas changé de cap par simple calcul électoral. Les écologistes "dissidents" d'EELV, Jean-Vincent Placé et François de Rugy sont pleins d'appétit. Mais il faudra sans doute d'autres gages de la part du président s'il veut rassembler une gauche éclatée et en plein doute.

Crédit vignette : PATTIER MATHIEU/SIPA