Air Cocaïne : Sarkozy, Taubira, le Pen... Une affaire très politique
L'opération ayant permis aux deux pilotes de fuir la République dominicaine avait déjà tout du thriller rocambolesque, voici que l'affaire prend une nouvelle épaisseur, avec comme noms associés à cette histoire ceux de Nicolas Sarkozy, Christiane Taubira et Jean-Marie Le Pen. Si l'ancien président de la République apparaît dans le dossier de la juge en charge de l'affaire, c'est parce qu'elle a demandé, nous apprend Le Journal du Dimanche, la géolocalisation de ses téléphones et le détail de ses appels. La juge aurait souhaité déterminer - sans succès - s'il existait un lien entre Nicolas Sarkozy et le transport de 700 kilos de drogue à bord d'un avion qu'il a lui-même emprunté deux jours après la découverte de la cocaïne. Cet appareil avait été réservé pour l'ancien président afin qu'il se rende à une convocation dans le cadre de l'affaire Bettencourt.
Le camp sarkozyste est déjà très contrarié. Lundi, Luc Chatel a piqué une colère sur LCI-Radio Classique : "On a accusé Nicolas Sarkozy d'avoir abusé d'une personne âgée. On l'accuse maintenant d'être de mèche avec des trafiquants de drogue !" Et de mettre en cause le rôle de la garde des Sceaux : "Est-ce que Mme Taubira savait que l'ancien président de la République avait été pendant un an sur écoutes dans une affaire liée à un trafiquant de drogue alors qu'il n'a rien à voir dans cette affaire ?". L'avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, a déclaré sur Europe 1, qu'il allait "demander des explications" sur la géolocalisation des téléphones à Christiane Taubira. "On ne peut pas en permanence mettre en cause des personnalités pour ensuite expliquer que c'est le cours normal de la justice", a-t-il ajouté.
En vidéo - Bruno Odos et Pascal Fauret ont été écroués lundi 2 novembre :
L'avocat de l'ancien chef de l'Etat doit, par ailleurs, défendre les intérêts de son client sur une information judiciaire, ouverte à Paris pour abus de biens sociaux autour de trois vols en jet privé de Nicolas Sarkozy en 2012-2013, facturés à la société Lov Group de Stéphane Courbit, un ami de l'ancien président. Christiane Taubira a d'ailleurs répondu aux premières attaques à son égard, dimanche, sur BFM TV : "Des informations qui sont à notre disposition, ça n'a rien à voir avec du trafic de drogue". "Ce que nous savons, c'est qu'il s'agit d'une autre infraction et d'une autre procédure et que le trait commun entre ces deux procédures, c'est qu'il s'agit de la même société de transport", a précisé la ministre.
Un proche de Jean-Marie Le Pen impliqué
Si le nom de Jean-Marie Le Pen peut être lui-aussi mentionné dans le dossier, c'est (très) indirectement au titre de ses fonctions au Parlement européen. Car, selon France 2, son assistant direct à l'UE, Pierre Malinowski était lui à bord du bateau qui a permis aux pilotes impliqués de quitter la République dominicaine. Il aurait aidé les deux hommes à prendre la fuite par "solidarité militaire", évoquant son passé dans la légion étrangère. Jean-Marie Le Pen a tenu à rédiger un communiqué de presse pour assurer qu'il était "totalement étranger" à ce qu'il considère être des "péripéties de l'affaire".
Un autre élu FN au Parlement européen est directement impliqué. Aymeric Chauprade a reconnu avoir coorganisé "l'évasion" des deux pilotes français.