Loi immigration : le dîner à l'Elysée où Macron a rappelé ses ministres à l'ordre
Un rappel à l'ordre en pleine crise. Après un rendez-vous à Matignon dans les heures qui ont suivi le rejet du projet de loi immigration à l'Assemblée nationale et une entrevue précédant le Conseil des ministres mardi matin, Emmanuel Macron a convoqué les têtes de la majorité pour un dîner à l'Elysée, dans la soirée du 12 décembre. Il va sans dire que l'avenir du projet de loi porté par Gérald Darmanin était sur toutes les lèvres durant les trois heures de réunion.
Le chef de l'Etat a sèchement coupé court aux rumeurs d'un possible recours au 49.3 pour faire adopter la loi immigration sans vote ou d'une dissolution de l'Assemblée. "Hors de question" de recourir à l'une des deux options a-t-il lancé face à la Première ministre, aux ministres en charge de la loi immigration - Gérald Darmanin pour l'Intérieur et Olivier Dussopt responsable du ministère du Travail -, aux responsables des groupes de la majorité à l'Assemblée nationale et aux chefs des partis Renaissance et MoDem, selon franceinfo. Certaines personnalités conviées semblaient plus particulièrement visées d'après RTL qui rapporte la réprimande de ceux "autour de la table qui imaginent une dissolution, alors qu'il n'y a pas lieu de tirer de conclusion générale de la séquence" : "Si certains considèrent que ce serait une bonne idée, je leur dis qu'ils se plantent et leur demande d'arrêter." Une piste qu'avait défendue Gérald Darmanin.
Une CMP conclusive ou l'abandon du texte
Ecartant les options du 49.3 et de la dissolution, Emmanuel Macron qui a repris le dossier immigration en main a affirmé devant ses ministres tout miser sur la commission mixte paritaire (CMP) qui doit se réunir entre le 18 et 19 novembre d'après Yaël-Braun Pivet, présidente de l'Assemblée invitée de France 2 ce mercredi 13 décembre. Tous les représentants de la majorité ont donc été appelés à œuvrer pour qu'un accord soit trouvé en CMP : "Il n'y a pas de réussite individuelle, il n'y a que des échecs collectifs". Une façon aussi de gommer les traces de l'échec de Gérald Darmanin qui a fait de l'adoption de cette loi un défi personnel.
Un appel entendu puisque ce mercredi 13 décembre, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin doivent recevoir les présidents des groupes parlementaires de la majorité et celui des Républicains pour entamer les discussions. L'objectif est de trouver un compromis entre un texte plus ferme pour s'assurer le vote de la droite, sans offusquer le MoDem ou l'aile gauche de la majorité, et pour multiplier les chances de voir le projet de loi adopté.
Cette pression mise sur les membres de la majorité par le chef de l'Etat est d'autant plus importante que le deuxième scénario envisagé est clair : si la CMP ne parvient pas à un accord, alors le projet de loi immigration sera abandonné. Un abandon qui aurait des allures d'échec pour Emmanuel Macron qui maintient avec force, comme son ministre de l'Intérieur, que ce texte est nécessaire pour la protection des Français.
Qu'il retourne à l'Assemblée ou qu'il soit définitivement abandonné, le projet de loi immigration doit être fixé sur son sort d'ici la fin de l'année, selon le calendrier fixé par Emmanuel Macron. Après dix-huit mois de débats sur ce texte des plus clivants, le chef de l'Etat semble agacé et surtout décidé à tourner la page à l'aube d'une année 2024 décisive pour son mandat entre les JO de Paris et les élections européennes.