Nous avons tous cette petite bête sur le visage, un animal qui gagne à être connu
Vous pensiez que votre chien ou votre chat de compagnie était l'animal le plus proche de vous ? Pas vraiment. Cela peut paraître étrange, mais nous abritons nous-mêmes de la vie et celle-ci est foisonnante. Il existe au moins deux espèces d'animaux microscopiques qui se prélassent tranquillement sur notre visage. Les sciences spécialisées en recherche biologique et génétique ont travaillé pendant des années sur ces deux espèces d'acariens : la première s'appelle Demodex brevis. Cette petite bête ne vit que dans les profondeurs des glandes sébacées. La seconde, Demodex folliculorum, peut aussi vivre dans les cellules qui fabriquent les poils, appelés follicules pileux.
Leur présence passe parfaitement inaperçue, ces petits animaux sont là sur nous et nous accompagnent au quotidien, tout discrètement. Dans une étude publié dans Plos One fin août 2014 ces bestioles ont dévoilé leurs secrets. Les spécialistes assurent que 100% des personnes âgées de plus de 18 ans ont au moins quelques-uns de ces minuscules arachnides sur leur trombine. Ceux-ci n'ont retrouvé des bêtes vivantes que dans les échantillons de 14% des sujets, mais il y avait des traces de leur présence chez 100% des plus de 18 ans et chez 70% des jeunes adultes de 18 ans.
Autre découverte : les acariens sont très semblables d'une zone géographique à l'autre par exemple les spécimens sont très proches, sur le plan génétique, en Europe et en Chine. Un autre rapport publié par des chercheurs d'Oxford fin juin 2022, a même dévoilé une découverte plus révolutionnaire encore : elle démontre que l'évolution future d'une des espèces d'acariens pourrait être "limitée", "bloquée". Et tout ça à cause de nous !
En somme, à force de s'accrocher à notre peau, l'espèce Demodex folliculorum serait sujette à une reproduction entre les même spécimens du corps, ce qui empêcherait une diversité génétique suffisante chez ces petites bêtes, entraînant l'espèce à ce que les scientifiques appellent une "impasse évolutive". Ce fait s'explique aussi par la perte de gènes de réparation de l'ADN, conduisant à une accumulation des mutations.
L'avenir de ces acariens, triste sur le plan génétique, est lié à l'homme. Ils évoluent vers une dépendance totale à l'humain, avec un corps et un génome extrêmement simplifiés qui continuent de se réduire à l'âge adulte. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour les généticiens, ça va dire beaucoup. C'est même une découverte majeure sur l'évolution de la vie sur notre corps. Ces bêtes minuscules auraient aussi des traits inattendus, comme un rythme journalier contrôlé par la mélatonine humaine. En dehors de leur habitat, ils ne survivent donc pas longtemps.