Présidentielle : dans les coulisses des soirées électorales
Dans les "QG" et les salles où se sont rassemblés les militants pour écouter les discours des candidats, voici un petit florilège de petites phrases et autres confidences recueillies auprès des ténors de l'UMP et du PS.
"On ne sait pas à quelle estimation se fier"

En ce dimanche de premier tour, Martine Aubry est arrivée dès 17h30 au quartier général de François Hollande, avenue de Ségur, dans le VIIe arrondissement de Paris. Bientôt suivie d'Harlem Désir, Laurent Fabius, Vincent Peillon, Manuel Valls ou Delphine Batho. Une réunion de cadrage à huis clos se prépare, avec d'autres lieutenants socialistes comme Bruno Le Roux, Najat Vallaud-Belkacem, Arnaud Montebourg, Benoit Hamon ou Bertrand Delanoë. Ségolène Royal et son fils Thomas viendront grossir les troupes.
Le premier chiffre connu du jour, c'est celui de la participation. Dès midi, les premières estimations ont été rendues publiques. La participation n'atteint pas le record de 2007 mais reste plutôt bonne. Le socialiste Stéphane Le Foll, à l'entrée du QG, commente les chiffres : "Ca vote bien mais grosse mobilisation dans les fiefs de la droite. Attention..." Déjà, le staff de Hollande s'inquiète des premières estimations qui vont sortir dans les médias étrangers et de l'attitude à adopter. "Quand la RTBF sort ses chiffres à 18h30, on ne commente pas. On parle du 2e tour", lance Harlem Désir peu avant le début du huis-clos. Pendant plus d'une heure, les troupes du PS vont commenter, loin des caméras et des micros, les premières estimations avec François Hollande, en ligne de Tulle. A la sortie, vers 19h30, peu d'infos filtrent sur le contenu de cette réunion au sommet. Tout juste Bruno Le Roux, allié de longue date de François Hollande, lâche : "On ne sait pas à quelle estimation se fier" mais "on n'a même pas un doute sur le fait que François Hollande soit devant". Pour lui, "pas de surprise" en vue.
"Ca se joue dans un mouchoir de poche"

A droite, les lieutenants confient quant à eux des chiffres aux journalistes présents au Palais de la Mutualité, où va se dérouler la soirée électorale du premier tour. Assailli par la presse, Guillaume Peltier, le "monsieur sondages" de l'UMP donne Nicolas Sarkozy à 27 % derrière François Hollande à 28 ou 29 %. Selon les chiffres dont il dispose, Marine Le Pen serait à 20 %, François Bayrou à 8 % et Mélenchon à 10 ou 10,5 %. Toujours avant 20 heures, Valérie Rosso-Debord commente pour les journalistes : "Ca se joue dans un mouchoir de poche". "Suivant les sources, Nicolas Sarkozy et François Hollande sont au coude à coude ou alors on a Nicolas Sarkozy à 27 % et François Hollande à 28 ou 29 %. Mais Marine Le Pen est très haute, entre 18 et 20 %." La députée UMP poursuit : "Nous avons fait un point avec Jean-François Copé. Nous sommes sereins. Devant la Mutualité, on aperçoit Christine Boutin ou encore Didier Barbelivien, soutien du président-candidat, qui se dit "très confiant".
A gauche, on affiche également sa sérénité. "Le président n'est pas en tête, ça donne de la confiance au 2e tour", affirme Bruno Le Roux.
Hollande, "candidat intra-murros"

A 20 heures, c'est officiel et autorisé : les premières estimations des résultats des présidentielles s'affichent sur les écrans. A Solférino, la maison des socialistes, plusieurs ténors se réjouissent mais s'inquiètent tout de même du score de Marine Le Pen. Le député Jean-Christophe Cambadélis va plus loin : "La droite est majoritaire" estime-t-il. Mais on parle déjà de reports de voix pour le second tour. "La majorité des électeurs centristes va voter François Hollande", assure Gérard Collomb, maire PS de Lyon devant l'entrée du siège du parti, peu après 20 heures.
A la Mutualité, dans les rangs de l'UMP, les reports de voix sont aussi dans les esprits des personnalités du parti. Pour Nadine Morano, les instituts de sondages "se sont plantés" sur le score de Marine Le Pen. "Le vote Marine Le Pen est un vote d'angoisse, pas un vote d'adhésion", complète la ministre. Pour le second tour, elle fait les comptes : "Il y un bloc a 46,5 et un bloc à même pas 43 % à gauche."
Dans le même camp, Valérie Rosso-Debord l'affirme : il n'y aura "pas de droitisation" de la campagne pour tenter de s'attirer les faveurs des électeurs du FN. "Les gens qui ont voté Bayrou ou le Pen, il faut qu'ils choisissent le candidat qui représente le mieux leurs attentes", avance-t-elle. Mais déjà, Nadine Morano s'arrête dans la salle de presse pour rappeler : "Nous ne sommes pas favorables au droit de vote des étrangers. C'est ce que veut François Hollande". Et de conclure sur les qualités de Nicolas Sarkozy en matière d'Europe, en qualifiant au passage le candidat PS de "candidat intra-murros".
A droite, Valérie Rosso-Debord l'affirme en toute fin de soirée : "On va gagner". A gauche, et presque au même moment, à Solférino, Laurent Fabius de conclure : "Hollande est bien placé pour gagner". Dans moins de deux semaines, nous saurons lequel des deux avait raison.