Votre urine bientôt recyclée, ce projet français qui pourrait changer votre quotidien

Votre urine bientôt recyclée, ce projet français qui pourrait changer votre quotidien En parallèle de ses études, un étudiant breton a lancé Collecte d'urine by L. une entreprise made in France qui pourrait bouleverser l'usage des WC.

Il s'appelle Louison Janée et son nom pourrait rester dans les esprits comme celui d'un inventeur majeur du XXIe siècle. À 21 ans, cet étudiant a déjà plusieurs vie. En plus de ses études en Energie hydrogène à l'Ecole nationale des sciences de l'ingénieur de Bretagne-sud (Ensibs), il est notamment engagé dans une association. Il participe régulièrement en tant que bénévole au festival du Pont-du Rock qui se déroule à Malestroit, dans le Morbihan. En tant que responsable environnemental de l'événement, il se charge des toilettes sèches et de collecter et trier les déchets des festivaliers. L'occasion idéale pour ce passionné des questions environnementales de se pencher sur la gestion des flux aux toilettes et de tester quelques innovations.

En installant des urinoirs pour femmes dans l'enceinte du festival, qui aura lieu les 2 et 3 août prochain cette année, l'étudiant s'est en effet demandé ce que l'on pouvait faire de toutes ces urines. Et la réponse a abouti à la création de son entreprise, baptisée "Collecte d'urine by L.", tout simplement. Louison Janée souhaite en effet récupérer sa matière première lors d'événements comme les festivals, grâce à la commercialisation d'urinoirs spécifiques pour femmes lors des grands événements. Le tout dans le but de recycler le précieux liquide.

En premier lieu, l'usage de tels urinoirs aurait un impact positif sur la consommation d'eau. Une chasse d'eau consomme en effet moyenne 9 litres d'eau, ce qui correspond à 36 litres d'eau par jour et par personne en moyenne. À l'échelle d'un réseau de toilettes installé sur un festival de plusieurs jours, ce sont des milliers de litres qui sont d'ordinaire utilisés. Or avec l'urinoir de Louison, un seul litre suffirait.

Ensuite, le jeune ingénieur multi-casquettes projette de récupérer et de valoriser les urines, notamment dans le domaine agricole. "C'est un engrais efficace. Ces deux premières activités devront, j'espère, me permettre de financer le projet de pile à bactéries qui est très onéreux", a t-il déclaré dans Ouest France.

Car le vrai projet est de réaliser une "pile microbienne à combustible", autrement dit de produire de l'électricité verte créée par le l'urine. En résumé, selon Louison Janée, "l'urine va manger les bactéries pour fabriquer des électrons et produire de l'électricité. L'urée, l'ammoniac et l'azote contenus dans l'urine nourrissent les bactéries. On peut aussi se pencher sur un autre projet, d'ailleurs, fabriquer de l'hydrogène par électrolyse de l'urée". Son expérience lui fait dire que l'installation de ces urinoirs permettrait d'abord de subvenir directement aux besoins d'éclairage des festivals puis, "par accumulation de batterie, on pourrait peut-être alimenter une scène très énergivore".

Ce n'est pas la première fois qu'un projet de ce style est développé. En Angleterre, des chercheurs ont inventé des urinoirs "Pee power" qui permettent d'utiliser l'urine pour produire de l'électricité à partir de micro-pile à combustible. Et il y a une quinzaine d'années maintenant, une chercheuse de l'Université de l'Ohio avait eu l'idée d'un nouveau type de catalyseur capable d'extraire de l'hydrogène à partir d'urine.