Mort de Marielle de Sarnez : une leucémie emporte cette figure du centre

Mort de Marielle de Sarnez : une leucémie emporte cette figure du centre MARIELLE DE SARNEZ. Figure respectée du centre, Marielle de Sarnez est décédée à l'âge de 69 ans des suites d'une leucémie.

[Mis à jour le 14 janvier 2021 à 12h06] A 69 ans, Marielle de Sarnez est décédée des suites d'une leucémie foudroyante, a-t-on appris ce mercredi soir. Cette figure du centre a été frappée par la maladie et avait fini par être hospitalisée à Paris. Selon les informations du Figaro, ce "combat" durait depuis plusieurs mois et avait même été proche d'être "gagné" l'été dernier. Indissociable de François Bayrou, dont elle a été proche pendant plus de trente ans, Marielle de Sarnez était députée de Paris, sous l'étiquette du groupe Mouvement démocrate et démocrates apparentés (MDDA). Européenne convaincue et eurodéputée pendant près de vingt ans, cette fille de résistant a également été ministre, même si l'aventure a coupé court.

Nommée en 2017 aux Affaires européennes dans le premier gouvernement d'Edouard Philippe, Marielle de Sarnez fait l'objet, un mois plus tard, d'une enquête dans l'affaire des emplois présumés fictifs des assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen, ce qui la contraint à démissionner, comme François Bayrou, alors ministre de la Justice. Depuis, en plus de son poste de députée à l'Assemblée, elle présidait la commission des Affaires étrangères du Palais-Bourbon. Cette carrière en politique, menée d'abord à droite auprès de Valéry Giscard d'Estaing, puis au centre, a été saluée de manière unanime par la classe politique, emparée depuis ce mercredi soir d'une vive émotion.

Mélenchon, Le Pen... Tous rendent hommage à Marielle de Sarnez

Une minute de silence a d'ailleurs été observée à l'Assemblée nationale où se tenait un débat sur le déploiement des Maisons France Services. "L'Assemblée nationale perd une de ses membres éminentes, la diplomatie parlementaire une grande représentante", a commenté le président des lieux, Richard Ferrand, faisant part de son "immense tristesse" et vite suivi par plusieurs membres de l'exécutif en place, au premier rang desquels Emmanuel Macron, qui a fait valoir son émotion sur Twitter. "Artisane inlassable du centre, combattante passionnée de l'Europe, Marielle de Sarnez nous a quittés ce soir. La France perd une responsable politique de grand talent. Nous perdons une amie. Pensées à sa famille et à ses compagnons de route", a écrit le chef de l'Etat. Mais la mort de Marielle de Sarnez a également suscité l'empathie publique de ses adversaires politiques. On note par exemple la réaction de Jean-Luc Mélenchon, qui fait part de sa "grande tristesse", évoquant une "adversaire exemplaire de loyauté, de respect des autres et de créativité" et "une utile influence discrète".

De l'autre côté de l'échiquier politique, Marine Le Pen a également rendu hommage à celle qui a également été conseillère de Paris pendant quinze ans. "Le décès de Marielle de Sarnez est un choc pour tous. Au-delà de nos divergences politiques, elle était une Présidente de commission investie, respectueuse et attentive à tous les députés. Je présente mes sincères condoléances à sa famille, ses proches et à sa famille politique", écrit la présidente du Rassemblement nationale sur Twitter.

La mort de Marielle de Sarnez annoncée par François Bayrou sur Twitter

C'est le président du MoDem et maire de Pau François Bayrou, dont elle était une fidèle partenaire politique depuis des années, qui a annoncé le décès de Marielle de Sarnez dans un tweet, et déclaré : "Mercredi 13 janvier 2021. Voici le jour en trop. Marielle, si talentueuse et si courageuse, Marielle de Sarnez vient de partir. Notre chagrin est immense."

De nombreuses autres personnalités politiques lui ont d'ores et déjà rendu hommage. Le député Alexis Corbière a de son côté tweeté : "Très triste nouvelle...  Marielle de Sarnez était une femme aux convictions fortes, toujours intelligente et pertinente. Nous ne partagions les mêmes idées, mais je la respectais profondément et l'écoutais toujours avec intérêt. Toutes mes condoléances à ses proches." Olivier Faure, député PS de la 11e circonscription de Seine-et-Marne et premier secrétaire du Parti socialiste, a également rendu hommage à Marielle de Sarnez : "Marielle de Sarnez avait à l'Assemblée nationale le respect de tous. Je sais combien elle a compté dans la vie du #modem. Elle fut la combattante obstinée au côté de son pdt. J'imagine le chagrin de sa famille, de @bayrou, de tous ceux qui ont cru en et avec elle. Sincères condoléances."

Marielle de Sarnez, touchée soudainement par la maladie

Marielle de Sarnez est décédée des suites d'une leucémie, maladie que la députée n'a connu que relativement récemment. Selon ce que rapporte le Parisien, l'ancienne bras droit de François Bayrou avait renoncé à se livrer dans la bataille des dernières municipales du printemps 2020, privilégiant sa vie de famille. A l'été, selon le Figaro, ce combat contre la maladie était en passe d'être remporté par Marielle de Sarnez, puis elle devait subir une greffe cet hiver, "mais ça n'a pas marché", regrette Patrick Mignola, interrogé par le quotidien de la capitale. "Elle s'est battue avec un infini courage. (...) Le dernier souvenir que je garde d'elle, c'est quand elle m'a appelé juste avant de retourner à l'hôpital, le 22 décembre. Elle était forte, toujours forte, parce que Marielle, c'était une force exceptionnelle. Et cet ultime coup de fil est à l'image de sa personnalité et de ses combats", raconte avec émotion le leader du groupe MoDem à l'Assemblée nationale.

Biographie courte de Marielle de Sarnez

Fille du résistant et député Olivier de Sarnez, Marielle de Sarnez, de son vrai nom Marielle Lebel de Sarnez, vient d'une famille à l'engagement politique fort. Grâce à ses relations avec la famille Poniatowski, la jeune femme devient à 22 ans secrétaire à mi-temps aux Républicains Indépendants, parti créé par Valéry Giscard d'Estaing et Michel Poniatowski. Elle participe à la victoire de Valéry Giscard d'Estaing à la présidentielle de 1974 en imaginant et proposant le slogan de campagne devenu célèbre "Giscard à la barre". En 1977 et 1978, Marielle de Sarnez devient conseillère de Paul Dijoud, alors secrétaire d'Etat auprès du ministre du Travail. Cette fonction lui permet de rencontrer, voire collaborer, avec de nombreux responsables politiques : Jean-Pierre RaffarinSimone Veil, Raymond Barre ou encore Nicolas Sarkozy. Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, elle n'occupe plus de responsabilités politiques jusqu'à sa nomination en 1989 comme secrétaire générale des États généraux de l'opposition.

Une proche de François Bayrou

Centriste, européenne et organisatrice hors-pair, Marielle de Sarnez se rapproche de François Bayrou dès ses débuts en politique dans les arcanes de l'Union pour la démocratie française naissante. Après une dizaine d'année de collaboration, en 1989, elle devient son adjointe, alors que celui-ci est nommé délégué général puis président du parti. C'est en 1993 qu'elle fait son retour, avec lui, au pouvoir, dans l'ombre du gouvernement Balladur. Elle est conseillère avant d'être promue directrice de cabinet de François Bayrou, nommé ministre de l'Education nationale. A partir de 1997, Marielle de Sarnez occupera plusieurs postes au sein de l'UDF dont elle devient une cheville ouvrière indispensable : secrétaire générale du groupe à l'Assemblée nationale, vice-présidente, présidente de la fédération parisienne. 1999 marque un tournant dans sa carrière politique. Elle suit encore François Bayrou qui ne veut pas de liste commune avec le RPR pour la campagne des élections européennes. Elle sera élue députée européenne en 1999 puis conseillère municipale de Paris en 2001.

Marielle de Sarnez et le MoDem

En 2004, Marielle de Sarnez fonde aux côtés de François Bayrou et Romano Prodi le Parti Démocrate Européen et se voit réélue. Parallèlement, elle continue d'occuper des postes de direction à l'UDF. Elle dirige logiquement la campagne présidentielle de François Bayrou en 2007, qui deviendra le fameux "3ème homme" avec 7 millions de voix au 1er tour. Forts de ce succès, ils créent le MoDem (Mouvement Démocrate). Elle en sera la très active Première Vice-présidente jusqu'à sa mort. Marielle de Sarnez a aussi été élue au Conseil de Paris en 2008, mais le quitte en 2010 pour se consacrer au Parlement européen. Candidate à Paris pour les municipales 2014, elle s’allie à Nathalie Kosciusko-Morizet pour tenter de faire gagner la Droite, en vain. Elle est réélue lors des élections européennes quelques mois plus tard.

Marielle de Sarnez ministre éphémère de Macron

En 2017, tout comme François Bayrou et le MoDem, elle se rallie à Emmanuel Macron qui remporte l'élection présidentielle. Le premier ministre Edouard Philippe place Marielle de Sarnez au ministère chargé des Affaires européennes tandis que François Bayrou file vers la Place Vendôme, au ministère de la Justice. Elle remporte dans la foulée les élections législatives de la 11e circonscription parisienne. Mais une affaire d'emplois fictifs présumés vient semer le trouble et François Bayrou démissionne à peine cinq jours après sa prise de fonction. Marielle de Sarnez quitte elle-aussi son poste de ministre.

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