Aurore Bergé : la ministre au cœur d'une polémique sur le congé parental

Aurore Bergé : la ministre au cœur d'une polémique sur le congé parental Aurore Bergé, nouvelle ministre des Solidarités et de la Famille a envisagé un possible raccourcissement du congé parental en contrepartie d'une meilleure rémunération. L'hypothèse semble ouvrir un débat houleux avec la gauche.

Aurore Bergé prend encore ses marques en tant que ministère des Solidarités et de la Famille et son entrée en la matière a été remarquée. La nouvelle membre du gouvernement est déjà au travail et a esquissé les contours de sa feuille de route dans une interview accordée à Ouest-France, le 25 juillet 2023. Certaines déclarations de la ministre ne sont pas passées inaperçues, mais une a éclipsé toutes les autres concernant la revalorisation salariale des métiers de la petite enfance ou encore le versement des prestations sociales à la source : le possible rabotage du congé parental.

"Pourquoi ne pas réfléchir ensemble à un congé parental plus court mais mieux indemnisé pour laisser un vrai choix aux familles ?" a suggéré Aurore Bergé. La ministre voit là une amélioration possible d'un dispositif "doublement insatisfaisant". D'abord "trop de mères et de pères renoncent au congé parental parce qu'il est trop faiblement indemnisé" a estimé la ministre faisant référence aux indemnités mensuelles fixées à 429 euros. Autre argument de l'élue des Yvelines : "trop de femmes prennent un congé parental long parce qu'elles n'ont pas de solution pour faire garder leur enfant" plus que par volonté de s'éloigner aussi longtemps du marché du travail.

Aurore Bergé épinglée par la gauche sur le congé parental

La proposition de la ministre a fait tiquer la gauche. Une pluie de critiques s'est abattue sur l'élue via les réseaux. "On vous paie plus pour être moins longtemps avec votre enfant ! Ca vous dit ?" a demandé non sans dérision le président des députés socialistes Boris Vallaud dans un message posté sur X. "Superbe démarrage d'Aurore Bergé, qui parvient en seulement 5 jours à casser la vocation de son Ministère des solidarités et des familles", a lancé pour sa part le député insoumis du Nord, David Guiraud.

Les élus écologistes n'en pensent pas moins puisque raccourcir le congé parental même en contrepartie d'une meilleure rémunération serait un "massacre du système social" selon le députée écologiste Sandrine Rousseau. La réaction de la sénatrice Mélanie Vogel, depuis supprimée du même réseau social, s'est toutefois voulue plus sérieuse marquant une volonté de modifier le congé parental, mais dans un tout autre objectif : "L'urgence sur le congé parental, c'est de le rendre égalitaire. Congé obligatoire, rémunéré, de temps égal, pour les deux parents." Aurore Bergé a répondu aux deux élues par le biais de l'AFP s'attaquant à leur vision du féminisme : "En quoi cela serait favorable au droit des femmes d'être hors du marché de l'emploi pendant deux ans avec 400 euros par mois ?"

Autre point de vue avec celui du député insoumis Aymeric Caron qui pense "précisément l'inverse" d'Aurore Bergé. Selon lui il ne faut pas raccourcir le congé mais "permettre aux parents [...] d'élever leur enfant au quotidien les premières années, sans avoir à le confier à une crèche". Les deux politiques s'accordent toutefois sur la nécessité de mieux indemniser le congé parental.

La ministre et fidèle de la macronie a les chiffres de son côté puisque selon une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiée en 2021, moins d'1% des pères recourent au congé parental à temps plein, contre 14% des mères. Des taux inférieurs aux objectifs fixés lors du passage de la réforme de 2015.

Une proposition concrète sur le congé parental ?

Aurore Bergé a souligné sa volonté de "répondre aux besoins des parents" et si quelques annonces ont ponctué l'entretien, aucune politique ou proposition concrète n'a été précisée concernant le futur du congé parental. Simplement une idée ajoutée au débat. Face aux réactions de certains élus de gauche, ma ministre des Solidarités et de la Famille n'a eu d'autre choix que de préciser auprès de l'AFP dans la soirée : "Je n'apporte pas de réponse immédiate, mais il faut ouvrir ce débat de manière collective, avec les parents, tous ceux qui travaillent avec de jeunes enfants, et les associations familiales". Aurore Bergé a toutefois saisi l'occasion pour glisser une annonce concernant le renforcement du service public de la petite enfance en promettant "200 000 places de crèches supplémentaires d'ici à 2030".

En voulant prendre en main le dossier du congé parental, Aurore Bergé s'avance sur un terrain délicat. Son prédécesseur Jean-Christophe Combe et l'ancien ministre chargé de la Petite enfance Adrien Taquet s'étaient déjà frottés au possible raccourcissement du congé parental se souvient le Huffpost. Des débats qui avaient finalement été laissés de côté.

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