Achat de votes, abus de pouvoir... De quoi est suspecté Arnaud Lagardère, mis en examen ?
Arnaud Lagardère vient d'être mis en examen pour "diffusion d'informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir et non-dépôt de comptes" ce lundi, a dévoilé l'AFP. Il a ainsi été placé "sous contrôle judiciaire avec interdiction de gérer et l'obligation de fournir un cautionnement de 200 000 euros". Suite à cette mise en examen, Arnaud Lagardère a annoncé ce mardi dans un communiqué se démettre de son mandat de PDG. S'il quitte provisoirement ses fonctions, il conteste fermement les faits qui lui sont reprochés et compte faire appel de la décision.
Cette dernière a été actée à l'issue d'une journée d'interrogatoire par des juges d'instruction financiers. Le parquet national financier avait ouvert une information judiciaire en avril 2021 suite à une plainte déposée par le fonds Amber Capital, un signalement du Haut Conseil du commissariat aux comptes et un autre de l'Autorité des marchés financiers pour des faits d'abus de biens sociaux et de présentation de comptes inexacts, ayant été commis entre avril 2009 et décembre 2022.
L'homme d'affaires de 63 ans est notamment soupçonné d'avoir puisé dans les comptes de ses sociétés pour financer son train de vie et ses dépenses personnelles. Les juges considèrent qu'il existe des "indices graves et concordants" de son implication dans ces atteintes au droit.
Pendant plusieurs années, selon ces suspicions, ces sociétés "auraient notamment pris en charge des dépenses liées aux immeubles qu'il occupe ainsi qu'une créance successorale et de nombreuses avances en compte courant". Un autre volet concerne une assemblée générale du groupe en 2018. Le Qatar, actionnaire de référence, avait modifié son vote au dernier moment pour soutenir Lagardère au lieu d'Amber Capital. Enfin, l'affaire repose aussi sur des irrégularités comptables qui sont restées dans le périmètre des sociétés personnelles du chef d'entreprise.
Un endettement dissimulé ?
Arnaud Lagardère a hérité de l'empire bâti par son père à sa mort en 2003. Il a rencontré de nombreuses difficultés qui l'ont obligé à s'endetter mais aussi à céder la branche aérospatiale EADS ainsi que plusieurs médias. En novembre 2019, le quotidien La Lettre avait révélé qu'Arnaud Lagardère avait refusé de publier les comptes de sa holding personnelle, Lagardère Capital & Management, afin de ne pas dévoiler "sa situation financière personnelle, en particulier son niveau d'endettement". Les actions du groupe détenues par Arnaud Lagardère avaient alors atteint une valeur inférieure à celle de la dette. En novembre 2023, la famille Bolloré et Vivendi ont pris le contrôle du groupe.
L'homme d'affaires n'est pas le seul du groupe à avoir été mis en examen. Il a été précédé de Pierre Leroy, pilier de Lagardère, le 10 avril pour "achat de vote, complicité d'abus de biens sociaux et présentation de comptes annuels inexacts". Deux commissaires aux comptes du groupe ont aussi été mis en examen en mars pour complicité d'abus de biens sociaux.