Fillette battue à mort dans l'Eure : les parents avaient déjà été condamnés par la justice

Fillette battue à mort dans l'Eure : les parents avaient déjà été condamnés par la justice

Après le décès d'une fillette qui portait "de multiples hématomes" dans la nuit de samedi à dimanche, la mère et le beau-père de l'enfant ont été mis en examen et écroués mardi 26 septembre. La directrice de l'école, où était scolarisée l'enfant de 3 ans, a également été suspendue.

Lisa, 3 ans, est décédée dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 septembre 2023, après avoir été transportée en urgence au CHU Charles-Nicolle de Rouen (Seine-Maritime). La fillette avait été découverte peu avant au domicile de sa mère et de son beau-père, couverte de bleus. L'enfant présentait "de multiples hématomes d'âges différents" sur "le visage, les quatre membres, le thorax, le dos, le pubis", a énuméré le procureur de la République d'Évreux, Rémi Coutin, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue mardi 26 septembre après-midi, relaie France Bleu.

L'autopsie a été réalisée mardi matin, mais le rapport n'était pas encore tombé au moment de la prise de parole du procureur. Il semble toutefois plus que probable que la mort de la fillette soit due à des violences physiques, la mère et le beau-père de l'enfant ayant reconnu des violences régulières sur la petite Lisa depuis fin 2022. 

Les parents de la petite fille ont été mis en examen pour meurtre sur mineur et placés en détention provisoire à l'issue de leur garde à vue. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité. À noter que la directrice de l'école a également été suspendue par le rectorat "à titre conservatoire". L'objectif est en effet de comprendre comment l'école a pu passer à côté des violences répétées que subissaient Lisa, qui était par ailleurs absente depuis une semaine au moment du drame. 

Les parents de la fillette mis en examen

Les violences dont été victime la petite fille ont été confirmées par la mère et le beau-père de la petite filles qui ont été interpellés, puis placés en garde à vue le 23 septembre. Ils ont depuis été mis en examen pour meurtre sur mineur et placés en détention provisoire a fait savoir le parquet à l'AFP. Âgés de 27 et 29 ans, ils ont très vite été soupçonnés. Mardi, le procureur a précisé que les deux parents n'étaient pas sous l'emprise d'alcool ou de stupéfiant au moment du drame.

En plus d'évoluer dans un climat de violences, la petite fille de 3 ans a été retrouvée dans un domicile insalubre selon le procureur de la République : "La maison était dans un état de saleté et d'hygiène déplorable". Il s'est d'ailleurs inquiété que la situation de la fillette et de son grand frère âgé de 6 ans - confié à l'Aide sociale à l'enfance après l'interpellation des parents - n'ait pas été signalée aux autorités.

De précédentes condamnations pour les parents

Les parents, tous les deux sans emploi, avaient déjà été condamnés par la justice. La mère a été sanctionnée une seule fois en 2020 pour consommation de stupéfiants, tandis que l'homme a été condamné cinq fois entre 2015 et 2019 pour des infractions routières, pour rébellion et pour des dégradations graves. Aucun fait de violence ne leur était toutefois reproché avant la mort de l'enfant.

"Des dossiers de ce genre, j'en ai déjà vus au cours de ma carrière, mais jamais de cette intensité", a souligné le procureur auprès du journal normand à propos de la situation grave dans lequel la petite fille a été retrouvée. "On est dans un drame de l'isolement, du mal-logement, de l'addiction. Ils vivaient dans le dénuement le plus total", a pour sa part déclaré le maire de Conches-en-Ouche, Jérôme Pasco.

Des violences non signalées

La petite fille décédée présentait manifestement des marques de violences physiques sur le corps, lesquelles étaient visibles et pas uniquement dissimulées par les vêtements. Le procureur de la République s'est inquiété que la situation et les maltraitances dans l'enfant était victime n'aient pas été signalées aux gendarmes ou au service d'aide social à l'enfance. Un signalement aurait pu être fait par l'école où les traces de violences auraient pu être observées et où l'absence de la petite fille pendant près d'une semaine aurait pu alerter. C'est du moins ce que semble penser le rectorat de l'académie de Normandie qui a annoncé la suspension temporaire de la directrice de l'établissement où la fillette était scolarisée en moyenne section de maternelle. "Le rectorat de l'académie de Normandie a décidé de suspendre la directrice de l'école maternelle à titre conservatoire et de diligenter une enquête administrative afin de faire la lumière sur la chaîne de signalement des faits par les services de l'Éducation nationale", est-il indiqué dans le communiqué dont France Bleu se fait l'écho. 

Le magistrat a également été au regret d'apprendre qu'une amie du couple avait tenté de signaler la situation auprès du 119 quelques jours avant le drame, mais que son appel n'avait pas été pris faute de disponibilité. Les opérateurs, tous occupés, lui auraient demander de rappeler ultérieurement, ce qu'elle n'aurait pas eu le temps de faire.