Une immense couche brune s'étend dans l'océan Atlantique et inquiète les chercheurs, un phénomène mortel

Une immense couche brune s'étend dans l'océan Atlantique et inquiète les chercheurs, un phénomène mortel Les scientifiques s'inquiètent de ce phénomène étrange présent dans l'océan Atlantique depuis quelques années. Sa taille et son impact sont désormais mieux évalués.

Une immense couche brune et orange dans l'océan Atlantique inquiète la communauté scientifique. Depuis quelques années, les chercheurs observent cette large bande colorée d'un œil soucieux. Nommé la "grande ceinture de sargasses de l'Atlantique", ce phénomène océanique sans précédent est si vaste qu'il est désormais visible depuis l'espace.

En mai 2025, des satellites ont enregistré des images d'environ 8 800 km de long, l'équivalent du double de la superficie du territoire continental des Etats-Unis. Deux ans plus tôt, la gigantesque ceinture ocre avait déjà fait la une des journaux car elle allait s'étendre sur 8 047 km...

Cette "grande ceinture" est en réalité constituée d'algues marines flottant à la surface de l'océan et nommées "sargasses". Autrefois présentes uniquement dans la mer des Sargasses, au centre de l'Atlantique, elles se sont accumulées sur quinze années pour former une immense ligne qui traverse aujourd'hui l'Atlantique, de la côte ouest de l'Afrique au golfe du Mexique. Les satellites ont estimé leur poids à 37,5 millions de tonnes. 

Accumulation d'algues sargasses dans les Caraïbes au Mexique © 123rf

Une récente étude publiée dans la revue Harmful Algae et réalisée par l'Université Florida Atlantic a analysé 40 années de données, dont des échantillons d'eau et des données chimiques. Résultat : depuis 2001, la prolifération de sargasses augmente à tel point que la ceinture est devenue unique par sa taille et sa composition.

Ces algues ne sont pas directement engendrées par l'Homme, mais leur prolifération s'accélère avec l'activité humaine. Le principal facteur est l'augmentation des nutriments dans l'eau : entre 1980 et 2020, les niveaux d'azote dans les algues ont augmenté de 55% à cause des engrais et produits chimiques issues de l'agriculture, aux eaux usées, ainsi qu'aux dépôts atmosphériques. Autre explication : le fleuve Amazone, qui déverse pendant les saisons des pluies des eaux riches en nutriments dans l'Atlantique.

Et ce phénomène n'est pas sans conséquences : les algues libèrent un gaz toxique, le sulfure d'hydrogène, lorsqu'elles pourrissent. La grande ceinture bloque aussi la lumière du soleil, nuisant aux récifs coralliens et aux autres plantes marines. Les algues consomment de l'oxygène, créant des "zones mortes" où les poissons ne peuvent pas vivre. Enfin, elles émettent des gaz à effet de serre, aggravant ainsi la crise climatique.

La "grande ceinture de sargasses" affecte également les communautés proches de la côte atlantique, notamment dans les Caraïbes et le golfe du Mexique. Chaque été, des tonnes d'algues recouvrent les plages, nuisant au tourisme et donc à l'économie locale. Le gaz de sulfure d'hydrogène émis lorsqu'elles se décomposent peut irriter la eau et provoquer des troubles respiratoires et neurocognitifs.

Le nettoyage des algues coûte des millions de dollars chaque année aux communautés affectées et elles ont déjà provoqué une catastrophe : en 1991, une centrale nucléaire a dû fermer temporaire à cause d'une accumulation massive de sargasses en Floride, les algues ayant obstrué son système d'admission d'eau.