Incendie au Grand Canyon : un hôtel détruit, fermeture de la moitié du parc
Le Grand Canyon, l'un des parcs naturels de l'Ouest américain les plus connus au monde, est en proie aux flammes. Baptisé "Dragon Bravo", l'incendie brûle depuis plus d'un mois. Presque 50 000 hectares ont déjà brulé sur la rive nord du parc, désormais fermée au public. "En dépit d'une humidité à un taux très faible de 4 %, (les pompiers) sont parvenus à maîtriser la croissance de l'incendie", a indiqué ce lundi 4 août dans un communiqué le commandement des soldats du feu de l'État de l'Arizona.
D'après le New York Times, le feu aurait été déclenché le 4 juillet, lorsque la foudre a frappé une zone rocailleuse surnommée "le Dragon". Au départ, les pompiers ont opté pour une stratégie de brûlage dirigé, espérant contenir naturellement les flammes dans cette zone isolée. Mais le 11 juillet, un épisode de vents violents a fait voler en éclats les efforts des pompiers. Qualifié de "méga-feu" depuis qu'il a passé la barre des 40 000 hectares brulés, cette incendie est le plus vaste jamais enregistré cette année aux États-Unis. "Il s'agit d'un incendie historique", a alerté sur LCI Lisa Jennings, responsable information au sein du parc du Grand Canyon. "Il brûle une immense superficie, faisant environ la moitié de la taille de la France".
Un hôtel brulé
Pour le moment, seulement 12% de l'incendie a été maîtrisé d'après les dernières informations communiquées par le parc national du Grand Canyon. Près de 1.200 pompiers luttent contre les flammes dans des conditions météorologiques qui risque d'empirer ces prochains jours, à cause d'un temps chaud et sec. Le relief escarpé du canyon complique leur tâche : les vents s'engouffrent dans les gorges et propagent les braises à plus d'un kilomètre. "Nous ne connaîtrons pas pleinement les dégâts sur cette forêt avant que l'incendie ne soit maîtrisé, mais nous nous attendons à ce que dans certaines zones, la canopée soit totalement détruite", regrette Lisa Jennings.
Si aucune victime n'est à déplorer, "entre 50 et 80 infrastructures" ont été détruites selon les autorités, dont l'hôtel emblématique des années 30, le Grand Canyon Lodge, ainsi que le centre d'accueil de la rive nord et plusieurs cabanes pour les visiteurs. "Par conséquent, la zone aménagée de la rive nord reste fermée au public pour le reste de la saison 2025" a indiqué le service des parcs nationaux sur leur site. Tous les services aux visiteurs, hébergements et installations aménagées sont désormais inaccessibles. Visité chaque année par quelques 4,5 millions de touristes américains et étrangers, le parc du Grand Canyon avaient fait évacuer en juillet un demi-millier de touristes et employés.

Les équipes se concentrent désormais sur une "stabilisation d'urgence" pour préserver ce qui peut encore l'être. La rive sud, située à environ 2,5 kilomètres, reste ouverte aux visiteurs, bien que certains sentiers reliant les deux rives (notamment Bright Angel et Kaibab) soient fermés en raison de la fumée. Les autorités appellent résidents et touristes à surveiller la qualité de l'air. La State Route 67, aussi appelée Grand Canyon Highway, est également fermée, tout comme l'espace aérien au-dessus du sinistre, où une restriction temporaire de vol a été prolongée, indique le site de l'Arizona.
Face à l'ampleur des dégâts, la gouverneure de l'Arizona, Katie Hobbs, ainsi que les sénateurs américains Mark Kelly et Ruben Gallego ont ouvert une enquête indépendante. Ils souhaitent comprendre pourquoi les autorités fédérales n'ont pas cherché à éteindre l'incendie dès ses débuts.
Des conditions climatiques défavorables
Le feu est nourri par une végétation exceptionnellement sèche, dans une région touchée par l'une des pires moussons de son histoire. Selon le météorologue Benjamin Peterson, interrogé par le New York Times, il s'agit de la troisième saison la plus sèche jamais enregistrée. Les rares pluies tombées en juillet n'ont apporté que quelques centimètres d'eau, bien en dessous des moyennes habituelles, note 20 minutes. L'air ambiant, avec un taux d'humidité inférieur à 10 %, rend les forêts mixtes de conifères particulièrement inflammables.

D'après CNN, les méga incendies comme celui de Dragon Bravo restent rares (seulement 3 %) mais ce sont eux qui, chaque année, représentent la majorité des surfaces brûlées aux États-Unis. Leur intensité est telle qu'ils peuvent leur propre climat, selon le média américain. Pendant au moins une semaine, les équipes sur place ont observé la formation de pyrocumulus, ou "nuages de feu", au-dessus de l'incendie, a affirmé Lisa Jennings à l'Associated Press. Ces nuages se forment lorsqu'un feu génère suffisamment de chaleur pour forcer de l'air humide à s'élever brutalement, provoquant sa condensation. Dans certains cas extrêmes, ils peuvent évoluer en pyrocumulonimbus, de véritables orages de feu capables de produire des éclairs, des rafales, voire des tornades – et potentiellement d'allumer de nouveaux foyers.
La situation reste tendue pour les jours à venir. Une alerte pour chaleur extrême est en vigueur jusqu'à vendredi, et les vents devraient continuer à souffler fort, avec des rafales atteignant jusqu'à 48 km/h en début de semaine. D'après BFMTV, un autre feu progresse au nord de l'Arizona, faisant craindre une possible jonction des deux incendies. Deux réunions publiques sont prévues le 5 et le 6 août pour informer les résidents sur la progression du feu.