Quand Macron recadre un collégien : un coup de com' sur le dos d'un ado ?
[Mis à jour le 19 juin 2018 à 15h16] La séquence a été partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux et a été vue par des certaines de milliers de personnes si on ajoute la télévision. Ce lundi 18 juin, en pleine commémoration de l'Appel du 18-juin du général De Gaulle, au Mont Valérien, Emmanuel Macron a sèchement recadré un collégien lors de son bain de foule. En se présentant face au chef de l'Etat, le jeune homme, la mèche devant les yeux, a cru bon d'entonner l'Internationale et de lancer un "ça va Manu ?", qui n'a pas plu du tout au président de la République. Interloqué, Emmanuel Macron a donné une leçon de politesse à ce garçon, qui a immédiatement compris que sa blague n'était pas vraiment la bienvenue et qui s'est très vite excusé. Trop tard pourtant...
"Je ne suis pas ton copain", a vertement répliqué Macron, rappelant à l'impétueux qu'il se trouvait là "dans une cérémonie officielle". "Tu te comportes comme il faut. Tu peux faire l'imbécile, mais aujourd'hui c'est la Marseillaise, le Chant des partisans, donc tu m'appelles 'Monsieur le président de la République' ou 'Monsieur'. D'accord ? Voilà", a ensuite ajouté le chef de l'Etat, cinglant. Une séquence qui rappelle la gifle que François Bayrou avait donnée à un enfant chapardeur, lors de la campagne présidentielle de 2002.
Le collégien "dépassé", "déprimé", "enfermé"
La séquence, filmée et massivement diffusée sur Twitter, a provoqué un début de polémique dans les médias et chez les politiques entre pro et anti-Macron. Les premiers ont salué l'autorité du chef de l'Etat quand les seconds ont critiqué sa véhémence face à cette blague, certes un peu bête, mais pas vraiment méchante. Et il y a peut être pire : selon Camille Crosnier, ancienne chroniqueuse à Quotidien, aujourd'hui journaliste à Explicite, le jeune homme est devenu la risée de son collège ce mardi.
"Coucou @EmmanuelMacron et @Elysee, vous savez que je viens de voir le jeune garçon à son collège et qu'il est bien mal car tout le monde se moque de lui ?", indique-t-elle sur Twitter ce mardi matin. "II vient de rentrer chez lui, ne veut parler à personne, il a mm peur que ça lui porte préjudice pour le lycée (sic). Bonne journée", poursuit-elle. Et Camille Crosnier d'ajouter que des élèves sont passés devant son domicile en regardant ostensiblement la vidéo sur Internet et en se moquant de la jeune victime. Elle conclut : "Lui a l'air totalement dépassé et déprimé, il s'est enfermé. WELL DONE".
Emmanuel Macron a lui même relayé la vidéo
Il faut dire que l'Elysée et Emmanuel Macron sont accusés d'avoir jeté de l'huile sur le feu en fin de journée hier. Alors que la polémique montait, une vidéo de l'échange un peu plus longue a été postée sur le compte Twitter officiel d'Emmanuel Macron. On y voit la suite de la conversation entre le chef de l'Etat et le collégien. Et si Emmanuel Macron estime que celle-ci était "détendue" et qu'il fallait la regarder "jusqu'au bout", on prend tout de même la mesure de la leçon qu'il donne à ce pauvre blagueur en herbe. "Tu fais les choses dans le bon ordre. Si un jour tu veux faire la révolution, tu apprends d'abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même. Et après tu donneras des leçons aux autres", lâche notamment Macron devant l'intéressé, penaud.
Le respect, cest le minimum dans la République surtout un 18 juin, surtout en présence des compagnons de la Libération. Mais cela nempêche pas davoir une conversation détendue regardez jusquau bout. pic.twitter.com/CWtPDAALhK
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 18, 2018
"Un élément de communication" pour le président
D'aucuns salueront l'autorité du chef de l'Etat et le sermon justifié à leurs yeux, tandis que d'autres pointeront le manque de tact ou de recul face à la maladresse d'un adolescent qui a "fait l'imbécile", pour reprendre les mots d'Emmanuel Macron. Ce qui est certain, c'est que le président savait très bien qu'il s'offrait un moment de communication. "C'est vrai qu'il y a quelque chose d'à la fois spontané et non spontané parce que la situation était inattendue, mais la façon dont il récupère ces images pour en faire un élément de communication montre que tout cela est fortement pensé", analysait ce mardi matin Arnaud Benedetti, professeur en histoire de la communication à Paris IV, sur BFMTV. L'universitaire y voit même un acte politique : "Cette séquence, tout au moins le début va satisfaire une partie de son électorat qui est en demande d'autorité. C'est réussi face aux valeurs qu'il souhaite défendre. Il est cohérent par rapport à son fond de marque, comme on dit en publicité".