La France est déjà sur la Lune, elle va même explorer sa face cachée
L'atterrisseur chinois Chang'e 6 s'est posé sur la face cachée de la Lune avec à son bord, un instrument scientifique français.
Si Thomas Pesquet attend encore de savoir s'il fera partie du programme américain qui vise un retour d'astronautes sur la Lune, la France n'en est pas pour autant absente du sol lunaire. Elle y est même représentée officiellement depuis quelques jours. Un mois après son décollage depuis la base de Wenchang, située sur l'île de Hainan au sud de la Chine, la sonde Chang'e 6 s'est posée sur la face cachée de la Lune dans la nuit de samedi 1er à dimanche 2 juin à 00h23 (heure française). Cette mission chinoise ambitieuse qui vise à rapporter les premiers échantillons de la face cachée de la Lune emporte avec elle un instrument scientifique français conçu par l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (l'IRAP) de Toulouse.
En plus des équipements chinois, la sonde Chang'e 6 a également emporté avec elle plusieurs instruments appartenant à différents pays. Ainsi, le Pakistan, la Suède et l'Italie ont pu profiter du vaisseau pour déposer sur la Lune des outils scientifiques qui leur serviront à prendre des mesures ou à préparer de futures missions. De son côté, la France a pu embarquer un spectromètre nommé Dorn chargé de mesurer le radon, un gaz présent à la surface de la Lune.
Pour cela, l'appareil est équipé de huit capteurs qui lui permettent de déceler la présence de radon dans la fine couche de gaz qui entoure notre satellite naturel. Cette mission signe donc le retour sur la Lune de la France qui avait déjà installé des réflecteurs laser à la surface lunaire en 1970 et 1973 grâce aux atterrisseurs soviétiques Lunokhod 1 et Lunokhod 2. Il s'agit également d'une grande première pour notre pays puisque Dorn constitue le premier instrument scientifique français "actif" placé sur la Lune.
Installée dans son cratère lunaire, la sonde Chang'e 6 doit désormais réaliser des prélèvements durant deux jours. À l'aide de sa foreuse et de son bras robotique, Chang'e 6 creusera des trous jusqu'à deux mètres de profondeur dans le sol pour en extraire des roches qui seront analysées par la suite. La mission de la sonde Chang'e 6 doit durer au total 53 jours entre son décollage et l'arrivée de la précieuse cargaison qui devrait avoir lieu le 25 juin prochain en Mongolie. Il est prévu que la capsule atterrisse dans la bannière de Siziwang, une région couramment utilisée pour le retour des vols spatiaux chinois.
Logée au cœur du cratère Apollo, l'un des plus grands cratères connus du système solaire, la sonde Chang'e 6 ne s'est pas posée par hasard sur la face cachée de la Lune. Encore peu explorée, cette région est particulièrement intéressante d'un point de vue scientifique. En effet, elle abrite de grands cratères dans lesquels la croûte lunaire est très fine, ce qui offre un accès facile aux roches du "manteau", la couche située juste en dessous. Si la mission chinoise est un succès, ce sera la première fois que des échantillons provenant de la face cachée de la Lune sont rapportés sur Terre. L'occasion pour la Chine de rattraper une partie de son retard sur les États-Unis et la Russie en matière d'exploration spatiale.