Peregrine sur la Lune : pourquoi la mission a-t-elle échoué ?
Après un lancement sans accroc ce lundi 8 janvier, la sonde américaine Peregrine a vu la Lune lui échapper. Suite à une défaillance du système de propulsion, l'engin n'atteindra jamais son objectif, a confirmé l'entreprise privée américaine à la tête du projet.
Lancée lundi 8 janvier au matin à bord du tout nouveau lanceur Vulcan qui effectuait son vol inaugural, Peregrine semblait en bonne voie pour devenir la première mission privée à se poser sur la Lune. Emportant avec elle cinq instruments scientifiques pour le compte de la NASA, la mission embarquait également d'autres objets de natures variées comme la capsule temporelle de l'entreprise Astroscale ainsi qu'un bitcoin et des cendres humaines de la société Elysium Space. Si tous les voyants étaient au vert jusqu'en début d'après-midi lundi, la société Astrobotics qui a construit l'atterrisseur, a finalement annoncé dans un tweet que le lancement ne s'était pas déroulé comme prévu, compromettant sérieusement les chances de réussite de la mission et obligeant les équipes à improviser un plan B.
Celui-ci n'a finalement rien donné, comme confirmé dans la journée par la société Astrobotics dans un message publié sur le réseau social X, ex-Twitter. A cause d'une "fuite" de carburant, "il n'y a, malheureusement, aucune chance d'atterrissage en douceur sur la Lune", a écrit Astrobotic dans ce communiqué de presse. L'engin devait toutefois encore fonctionner plusieurs heures dans l'espace pour collecter des données pour de futures missions.
Après un décollage sans encombre à 8h18 heure française lundi 8 janvier depuis la base de Cap Canaveral en Floride, l'alunisseur Peregrine s'était séparé de la fusée pour entamer son trajet en direction de la Lune. L'appareil devait alors orienter ses panneaux solaires face au Soleil afin de charger ses batteries et de produire un maximum d'énergie. Cependant, une anomalie est survenue, empêchant l'appareil de se positionner correctement. Le communiqué d'Astrobotics évoquait "une défaillance du système de propulsion". Quelques heures plus tard, c'est une "perte critique de carburant" qui était décelée à son tour, mettant sérieusement en péril la mission spatiale.
L'entreprise américaine a ensuite précisé durant la nuit de lundi à mardi que l'engin disposait d'une quarantaine d'heures de carburant. Une fois cette réserve écoulée, l'engin ne pourra plus maintenir ses panneaux solaires pointés vers le Soleil et ses batteries se déchargeront. Le délai dont l'entreprise dispose avant que l'appareil ne soit totalement perdu est donc mis à profit pour "rapprocher autant que possible Peregrine de la Lune", rapporte un communiqué d'Astrobotics qui a également transmis une première photo de l'espace capturé par l'engin. Si la Lune semble désormais hors de portée de l'appareil, les équipes d'Astrobotics travaillent désormais à recueillir un maximum de données scientifiques et élaborer une mission alternative afin que le travail réalisé jusqu'alors ne soit pas vain.
La réussite de cette mission aurait constitué un véritable tournant pour les États-Unis puisqu'il s'agissait d'une part du premier atterrissage d'un appareil américain sur le sol lunaire depuis 50 ans mais également du premier alunissage réalisé par une entreprise privée. En effet, pour optimiser ses coûts, la NASA passe désormais des contrats avec des sociétés privées pour acheminer du matériel sur la Lune dans le cadre de leur programme CLPS (Commercial Lunar Payload Services). Après Astrobotics et son engin Peregrine, ce sera au tour de l'alunisseur Nova-C de la mission Intuitive Machines 1 de s'élancer en direction de la Lune à la mi-février. Nova-C pourrait donc finalement devenir le premier alunisseur privé à se poser sur notre satellite naturel.