Grégoire de Fournas : le député RN exclu de l'Assemblée pour racisme

Grégoire de Fournas : le député RN exclu de l'Assemblée pour racisme GRÉGOIRE DE FOURNAS. Le député RN a été condamné à la sanction la plus lourde prévu par l'Assemblée nationale, ce vendredi 4 novembre 2022. Grégoire de Fournas est exclu de l'hémicycle pendant les 15 prochaines séances après ses propos racistes à l'égard d'un élu LFI.

[Mis à jour le 4 novembre 2022 à 22h40] Décision historique ! Ce vendredi 4 novembre, le député du Rassemblement national Grégoire de Fournas est exclu pendant 15 jours des bancs de l'hémicycle. Cette mise à l'écart par le bureau de l'Assemblée nationale intervient après que l'élu du RN a prononcé une phrase raciste à l'encontre d'un autre parlementaire de la Nupes : "Qu'il(s) retourne(nt) en Afrique". La sanction prévoit dans le détail "la privation, pendant deux mois, de la moitié de l'indemnité parlementaire allouée au député" ainsi que "l'interdiction de prendre part aux travaux de l'Assemblée et de reparaître dans le palais de l'Assemblée jusqu'à l'expiration du quinzième jour de séance qui suit celui où la peine a été prononcée", comme rappelé par Le Monde.

Les réactions à cette exclusion ne se sont pas fait attendre. Le député de La France insoumise Carlos Martens Bilongo, visé par les propos de Grégoire de Fournas, s'est dit "soulagé". Et d'ajouter devant la caméra de BFM TV : "J'ai une pensée pour tous ces Français qui se sentent autant blessés que moi." Sa collègue Mathilde Panot, députée LFI elle aussi, a salué un vote historique sur Twitter et appelé à ce qu'il n'y ait "pas de racisme sur nos bancs". Le mis en cause a regretté, sur Twitter, la sanction et clamé son innocence : "Je suis totalement innocent des faits que l'on me reproche. Je ressens cette sanction d'une dureté inouïe avec une grande injustice." Toutefois, Grégoire de Fournas affirme qu'il se soumettra à cette décision de l'Assemblée nationale. De son côté, Marine Le Pen a reconnu une maladresse du député RN. Pour autant, elle ne comprend pas la dureté de la sanction : "Si un propos qui manque de finesse devait faire l'objet d'une exclusion de l'Assemblée nationale, [...] on aurait de la place" au sein de l'hémicycle.

Grégoire de Fournas, habitué des positions radicales et des dérapages sur la question des migrants, avait martelé sa position et sa défense sur Twitter en déclarant "assumer totalement mes propos sur la politique migratoire anarchique" ce vendredi 4 novembre. Invité sur BFMTV, l'élu a aussi attaqué le député Carlos Martens Bilongo, "qui sent qu'il y a un coup à jouer dans la victimisation communautaire en se définissant d'abord comme un député noir alors que moi je l'ai toujours vu comme un député français de la nation". L'élu du RN ne compte d'ailleurs pas s'excuser et dit être victime d'une "honteuse manipulation de LFI qui détourne mes propos", discours qu'il répète dans un courrier envoyé à Carlos Martens Bilongo et consulté par BFMTV. 

Quelle est la nature de la sanction de Grégoire de Fournas ?

Grégoire de Fournas a donc reçu la sanction la plus dure que puisse encourir un député pour des propos tenus au sein de l'hémicycle. Elle a été proposée à l'unanimité par le bureau de l'Assemblée nationale, puis votée dans la foulée dans l'hémicycle. Si Grégoire de Fournas n'était pas présent, l'ensemble du groupe RN s'est prononcé en défaveur de la sanction. Elle prévoit "la privation, pendant deux mois, de la moitié de l'indemnité parlementaire allouée au député" ainsi que "l'interdiction de prendre part aux travaux de l'Assemblée et de reparaître dans le palais de l'Assemblée jusqu'à l'expiration du quinzième jour de séance qui suit celui où la peine a été prononcée", comme rappelé par Le Monde. Ce n'est que la deuxième fois qu'une telle sanction est prononcée à l'égard d'un député de la Nation dans la Ve République. Il faut remonter à 2011 pour voir trace d'une telle décision. Le député du Parti communiste français Maxime Gremetez avait reçu la même sanction après une altercation au sujet de voitures ministérielles mal garées selon ses dires.

Qui est Grégoire de Fournas ?

Grégoire de Fournas est le député de la 5ème circonscription de Gironde. Il est également membre de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, et rapporteur de la mission de suivi de l'application de la loi Egalim 2, qui vise à mieux protéger la rémunération des agriculteurs. Encarté au Rassemblement national, il siège à l'Assemblée depuis sa victoire aux élections législatives de 2022, après une défaite aux scrutins de 2017, et est élu municipal depuis 2020. Avant cela, l'homme de 37 ans a siégé au conseil départemental de la Gironde entre 2015 et 2021. Membre du RN depuis 2011, il a milité dans sa circonscription pour la défense de la chasse, et s'est également positionné contre un projet de parc éolien dans la commune de Lesparre-Médoc, selon les informations de Sud-Ouest.

D'anciens tweets gênants supprimés 

La défense du député du RN qui a nié toute forme de racisme, a vu sa défense mise à mal lorsque certains tweets qu'il a supprimé après la polémique ont resurgi, capturés par des internautes. Parmi les propos tenus par Grégoire de Fournas l'on trouve une publication de 2017 : "En Afrique, ils aiment tous la France et ses allocs. On accueille toute l'Afrique ?!" avait-il réagi à un tweet de Julien Aubert des Républicains. 

Selon La Dépêche, Grégoire de Fournas avait pourtant envoyé un mail à Carlos Martens Bilongo pour lui assurer qu'il n'aurait "jamais prononcé ni toléré une quelconque déclaration raciste ou insulte à votre égard". Ces tweets visant particulièrement le continent africain ne sont pas les seuls propos embarrassants tenus par le député RN.

Grégoire de Fournas habitué des dérapages au sujet des migrants 

Le député d'extrême droite n'en est pas à son premier dérapage sur le sujet des migrants. Comme le rapporte le média Rue89, Grégoire de Fournas a déjà créé la polémique dans le Médoc en raison de positions radicales "notamment contre l'accueil des jeunes mineurs non accompagnés", mais aussi pour "des accointances avec les franges les plus racistes et antisémites de son audience sur sa page Facebook". Lors des élections municipales de 2020, Grégoire de Fournas a été élu conseiller d'opposition à la mairie de Pauillac, n'étant pas parvenu à être élu maire. Le 25 mai 2020, en pleine campagne, il avait posté sur sa page Facebook une vidéo dans laquelle il alertait sur l'arrivée de 70 migrants dans la commune, comme le rapporte Rue 89. " Soi-disant des mineurs mais qui sont en fait de faux mineurs isolés ", affirmait-il.

Il avait ensuite lancé une pétition contre l'installation de ces migrants dans la commune, qui avait recueilli 600 signatures, avant de se vanter d'avoir fait faire machine arrière au Conseil départemental de la Gironde par rapport à ces migrants. Une affirmation qui a été démentie par le Conseil départemental, qui a ajouté que les 70 migrants seraient accueillis sur l'ensemble du territoire du Médoc. Rue89 raconte par ailleurs que l'élu d'extrême droite s'en était déjà pris au Conseil départemental en 2016 quant à l'arrivée de 36 mineurs non accompagnés depuis la jungle de Calais, qui ont été installés depuis sur le domaine de la commune d'Hostens en Gironde. En 2018, lors d'une réunion publique sur l'installation d'un centre d'accueil pour mineurs étrangers isolés dans la commune de Saint-Macaire en Gironde, le site actu.fr raconte que Grégoire de Fournas, qui était alors conseiller départemental, avait tenté plusieurs fois de prendre la parole pour s'opposer au projet, mais avait dû se raviser face au public qui lui disait : "Dehors, dehors !". 

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