Européennes 2024 : "une droitisation qui va très vite" et "très impressionnante"
A six mois des élections européennes, l'extrême droite a toujours le vent en poupe. Le Rassemblement national (RN) est toujours en tête des intentions de vote dans tous les sondages depuis plusieurs semaines et le parti entretient son avance de près d'une dizaine de points sur la majorité présidentielle selon le dernier sondage Odoxa réalisé pour Public Sénat et publié le 19 décembre. Cette popularité de l'extrême droite dans les intentions de vote inquiète Renaissance, mais elle est aussi préoccupante pour toutes les formations qui ne donnent pas dans l'extrême : "Les partis modérés sont en grande difficulté" a d'ailleurs confirmé le politologue et directeur général de la Fondapol (Fondation pour l'innovation politique), Dominique Reynié, au micro de Radio Classique le 4 janvier.
L'extrême droite à la tête des institutions européennes ?
Mais cette montée de l'extrême droite en France n'est pas un cas isolé. "Partout en Europe, l'on observe une droitisation des Européens très impressionnante, qui va très vite vers des mouvements de droite populistes" fait remarquer le politologue. Si le RN français s'est qualifié pour le second tour de la présidentielle en 2017 et 2022, dans d'autres pays européens l'extrême droite s'est installée au pouvoir : en Hongrie avec Viktor Orban, en place depuis 2010, et en Pologne, pays mené par un parti ultra-conservateur depuis 2015 mais dépourvu de majorité au Parlement. L'Italie complète le trio depuis l'élection de Giorgia Meloni en septembre 2022. Ailleurs comme en Slovaquie et en Finlande quelques membres de l'extrême droite se sont hissés au sein du gouvernement sans en prendre la tête.
Si l'extrême droit parvenait à s'imposer davantage lors du scrutin des européennes en juin 2024, les partis modérés actuellement à la tête des institutions de l'Europe "pourraient probablement ne plus cogérer les affaires européennes, le Parlement en particulier, comme ils le font depuis 1979" envisage le spécialiste de Fondapol.
Dominique Reynié analyse que la France "est un pays à droite gouverné par des élites plutôt à gauche" et estime que la même description pourrait être faite à propos de l'Europe, compte tenu des situations politiques très similaires. Il ajoute toutefois que si l'Hexagone "n'a pas trouvé une classe politique pour le gouverner conformément à ce qu'elle est" la majorité présidentielle, qui voulait en finir avec le clivage gauche-droite, est désormais "aimantée par une France de droite". Une force d'attraction qui pourrait aussi être visible à l'échelle de l'Europe ?