Grève SNCF début mai : des perturbations à l'horizon, vers une "semaine noire" ?

Grève SNCF début mai : des perturbations à l'horizon, vers une "semaine noire" ? Deux syndicats de la SNCF appellent à des mouvements de grève dès le 5 mai. Certains évoquent déjà une "semaine noire" avec de possibles perturbations du trafic ferroviaire jusqu'au dimanche.

La CGT-Cheminots, syndicat majoritaire du secteur, a lancé un appel à la grève à partir du 5 mai pour les contrôleurs et conducteurs de la SNCF. Des sections franciliennes de la CGT ont déjà évoqué une "semaine noire"  pour le trafic ferroviaire, jugeant possible une prolongation du mouvement de grève jusqu'au point du 8 mai et les jours suivants. Le syndicat Sud-Rail avait appelé, avant la CGT, à une grève des contrôleurs durant trois jours, le 9, le 10 et le 11 mai, et à une grève des conducteurs le 7 mai, veille du jour férié et donc possible date de nombreux départs en week-end. Cet appel à la grève a été soutenu par le Collectif national l'ASCT, un groupe informel de contrôleurs qui a été à l'initiative des grèves très suivies de décembre 2022 et de février 2024, qui a avancé "appuyer les dates de mobilisations" proposées par Sud-Rail. Les mobilisations pourraient donc durer toute la semaine du pont du 8 mai.

Par conséquent, la circulation des trains pourrait être perturbée pendant plusieurs jours, si des négociations avec la direction ne permettent pas de lever les préavis de grève. Cependant, aucun accord n'a émergé de la réunion qui s'est tenue le 23 avril entre la SNCF et Sud-Rail. "On s'achemine vers une semaine noire sur le pont du 8 mai", a confirmé le syndicaliste Fabien Villedieu, sur franceinfo. Sur le site SNCF Connect, une possible perturbation est déjà annoncée sur toute la semaine : "En raison d'un mouvement social, le trafic des trains TGV INOUI et OUIGO pourra être perturbé entre le lundi 5 mai et le dimanche 11 mai. Le plan de transport peut être adapté et confirmé la veille du départ à partir de 17h". Les perturbations réelles dépendront aussi de l'ampleur de la mobilisation. 

Le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, a assuré auprès du Parisien prendre "tous les préavis très au sérieux" et "tout faire pour que les Français voyagent normalement". Le ministre des Transports Philippe Tabarot a toutefois admis sur RTL, le 24 avril, que "ce mois de mai s’annonce difficile, les usagers doivent avoir rapidement des informations pour s’organiser". Il regrette que "certains syndicats ne semblent pas vouloir avancer vers l’apaisement", mais garde encore espoir. Il s'est aussi inquiété des conséquences financières pour la SNCF : "Une journée de grève, c’est 10 millions d'euros qui ne sont pas investis dans le réseau".

Des revendications jugées "pas légitimes" par le ministre des Transports

La CGT-Cheminots appelle à une augmentation et à une refonte de la prime de "traction" pour les conducteurs et de la prime de travail pour les contrôleurs, des "éléments de rémunération importants". Le syndicat critique également l’utilisation de nouveaux outils pour les contrôleurs qui "participe à la dégradation des relations entre opérateurs et chefs de bord". Sud-Rail dénonce, de son côté, de trop nombreux changements de planning en dernière minute. Le syndicat réclame une réévaluation des salaires, avec au moins un passage d'échelon tous les trois ans contre quatre aujourd'hui, ainsi qu'une augmentation de 100 euros par mois de la prime de travail. Il souhaite aussi que la prime de "traction" soit maintenue en cas d'arrêt maladie.

Philippe Tabarot considère que les revendications des contrôleurs ne sont "pas légitimes". Ces employés de la SNCF ne sont "pas les plus mal traités au sein de la SNCF", a-t-il déclaré sur Europe 1 le18 avril. "Il y a des personnels pour qui la tâche et la pénibilité sont beaucoup plus importantes que pour les contrôleurs qui ne sont pas les moins privilégiés". Selon Le Parisien, la SNCF s'est engagée sur la question des plannings à donner une visibilité de six mois sur les jours de repos ou encore à prévenir ses contrôleurs quand les modifications de leurs horaires de début de journée dépassent trois quarts d'heure. Elle ne compte cependant pas accéder à la demande sur les échelons et ne semble pas vouloir céder sur les revendications salariales. Le PDG a d'ailleurs rappelé les efforts faits par l'entreprise lors de précédentes négociations : "On a fait le job, on a tenu tous nos engagements pris en 2022 sur les demandes légitimes" des contrôleurs et "pour 2025, je rappelle que nous avons négocié en fin d'année dernière une augmentation générale de 2,2 %, plus que l'inflation".

Dernières mises à jour

15:02 - Les usagers préparent des plans B

A l'approche du pont du 8 mai, les usagers deviennent méfiants. Craignant de ne pas avoir de trains, ils cherchent des solutions. Chez Flixbus, les réservations sont en hausse, comme le rapporte BFMTV : +29% par rapport à 2024 sur le trajet Caen-Paris, +25% pour Lyon-Marseille et +27% pour Marseille-Nice. L'option avion est encore possible, mais il ne faut pas tarder à réserver pour ne pas tomber sur des vols déjà complets. Sinon, quand c'est possible, il reste toujours la voiture, mais le trafic pourrait être dense sur les routes pendant ce week-end prolongé.

13:22 - Les préavis peuvent encore être levés

Si un appel à la grève a été lancé par la CGT à partir du 5 mai, les préavis peuvent encore être suspendus. C'est en tout cas ce qu'a affirmé Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, au micro de LCI. Elle met toutefois la condition que les revendications des cheminots soient "satisfaites" d'ici là. "On peut s'épargner ça en négociant, j'appelle la direction de la SNCF à négocier immédiatement avec les organisations syndicales pour faire en sorte que cette grève n'ait pas lieu, en satisfaisant les revendications. C'est encore possible et c'est nécessaire", a-t-elle insisté. Elle déplore notamment des primes "qui ne sont pas cotisées" ainsi que les rythmes de travail des conducteurs de train jugés "très contraignants". 

28/04/25 - 16:04 - Une semaine noire redoutée par les Français

Alors que le pont du 8 mai peut permettre à certains Français de prendre quelques jours de congés, ils redoutent "une semaine noire" dans les transports suite au préavis de grève déposés. Dans un sondage CSA pour le JDD, Europe 1 et Cnews, 65% des Français sont favorables à l’interdiction des grèves durant les ponts de mai. Ce chiffre est en hausse de trois points par rapport à fin 2024. 

28/04/25 - 15:03 - "Le trafic des trains TGV INOUI et OUIGO pourra être perturbé entre le lundi 5 mai et le dimanche 11 mai"

Sur le site SNCF Connect, sur les prévisions du trafic, la SNCF alerte déjà que "en raison d'un mouvement social, le trafic des trains TGV INOUI et OUIGO pourra être perturbé entre le lundi 5 mai et le dimanche 11 mai". Pour en savoir plus, il faudra bien regarder la veille du départ à partir de 17 heures. "2 jours avant le voyage, si votre train ne circule pas, les compagnies de train vous contacteront par e-mail ou SMS  et vous informeront des différentes possibilités", assure la SNCF. Si aucune information dans ce sens n'est reçue, il est conseillé de tout de même vérifier qu'aucune modification n'a été faite sur votre train.

24/04/25 - 11:56 - Des négociations au point mort ?

De nouvelles négociations ont eu lieu mercredi 23 avril entre les organisations syndicales, notamment Sud-Rail, et la direction de la SNCF. Selon le syndicaliste Fabien Villedieu sur franceinfo, cette réunion "n'a pas abouti". "Dès le début, la DRH de la branche Voyages a été honnête. Elle nous a dit qu’il n’y aurait pas d’évolution sur la rémunération. Quant aux modifications de plannings, qui rendent la vie quotidienne insupportable pour les contrôleurs et les conducteurs, elle est restée sur la mise en place d’ateliers de travail. C’est du foutage de gueule", a-t-il rapporté au Parisien. Pour ce dernier, c'est "un constat d'échec" à seulement quinze jours du début du préavis de grève. Du côté de la SNCF, la direction assure avoir tenu ses engagements pris en 2022 avec notamment une hausse moyenne de 2,2 % des salaires pour 2025 et des embauches chez les contrôleurs. Cela reste insuffisant pour les syndicats. Deux réunions sont encore prévues la semaine prochaine, notamment pour évoquer "un audit sur l’organisation des plannings qui aura lieu en juin avec des conclusions rendues en septembre". 

24/04/25 - 11:45 - Un mois de mai "qui s'annonce difficile" dans les transports

Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a réagi sur RTL à la menace de grève qui pèse sur la semaine du pont du 8 mai. Il met en avant les "usagers qui s'inquiètent par rapport à ce mois de mai qui s'annonce difficile" et qui doivent "avoir des informations pour pouvoir s'organiser". Il espère alors que des négociations avec les syndicats permettront d'atténuer la mobilisation et qu'ils reviendront "à la raison", mais déplore que "certains syndicats ne semblent pas vouloir avancer vers un apaisement". "Je pense que la direction de la SNCF veut continuer le dialogue social. Il y a un certain nombre de revendications sur lesquelles ils souhaitent avancer. Je fais confiance à la SNCF pour voir ce qui est juste et ce qui n'est pas juste en termes de revendications", a-t-il déclaré. Le ministre ne souhaite donc pas intervenir directement.