Sauver 3,6 milliards d'animaux chaque année, c'est possible avec ces mesures qui dérangent, selon une ONG

Sauver 3,6 milliards d'animaux chaque année, c'est possible avec ces mesures qui dérangent, selon une ONG L'ONG L214 a publié ce mardi 10 juin un rapport présentant des solutions concrètes pour épargner des milliards d'animaux chaque année.

En France, la consommation de viande est l'une des plus élevées au monde : 83,5 kg "équivalent carcasse" par an et par habitant, soit le double de la moyenne mondiale. Chaque année, près d'un milliard d'animaux terrestres et plus de sept milliards d'animaux aquatiques sont tués pour alimenter le pays.

Pour autant, les habitudes évoluent. Le niveau de consommation est le plus bas depuis 2013. D'après plusieurs sondages, les Français tendent à moins manger de viande et de poisson. Selon une enquête Opinion Way pour Charal révélé en avril par franceinfo, 53% des Français disent consommer moins de bœuf, et quatre Français sur dix en mangent en plus petites quantités.

Face à ces évolutions, l'ONG L214 a publié le 10 juin un rapport proposant de réduire de moitié, d'ici 2030, le nombre d'animaux tués pour l'alimentation. Un objectif "intermédiaire, consensuel et atteignable", qui permettrait "d'épargner plus de 600 millions d'animaux terrestres et plus de 3 milliards d'animaux aquatiques chaque année", d'après le document. 

Ce "sauvetage du siècle" permettrait aussi de limiter les pratiques les plus délétères, comme l'élevage intensif et l'aquaculture, selon l'association. "C'est un constat d'échec qui nous emmène à cette stratégie", explique Brigitte Gothière, directrice de L214 à Reporterre, qui dénonce une situation "systémique". "Depuis quinze ans, on montre des animaux en grande souffrance dans des élevages et des abattoirs."

Ces mesures seraient aussi bénéfiques pour la santé et l'environnement, tout en préservant la souveraineté alimentaire, avance l'association. Exemple : le poulet, première viande consommée en France, est aujourd'hui importé à près de 50%. En divisant par deux le nombre de poulets abattus, la France pourrait se passer de ces importations qui ne respectent pas les même normes, affirme L214. La filière, elle, préfère construire 400 nouveaux poulaillers d'ici 2030 pour réduire cette dépendance.

Concernant le porc, dont l'élevage est jugé "le plus intensif" par L214, la France est globalement autosuffisante. Elle exporte ses abats et importe du jambon. Réduire de moitié le nombre d'animaux abattus permettrait, selon l'ONG, de limiter la pollution des eaux, de libérer des terres pour les cultures végétales et de réduire la pêche destinée à l'alimentation animale. Dès 2018, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) recommandait déjà un régime "nettement moins gourmand en produits d'origine animale" pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre.

Pour atteindre ces objectifs, l'ONG connue pour ces enquêtes choc sur les élevages intensifs avance vingt mesures concrètes à destination des pouvoirs publics et des entreprises. Elle propose un moratoire sur les élevages intensifs. L'ONG réclame l'inscription de ces pratiques dans la loi d'ici à 2030, ainsi que l'accompagnement et la reconversion des personnes qui en dépendent aujourd'hui, "avec des échéanciers planifiés par filière".

L'association veut aussi interdire la publicité pour les produits issus de ces élevages, imposer 50 % de menus végétariens dans les cantines, et réduire la place de la viande dans les supermarchés, tout en valorisant les alternatives végétales. "Un volume de production plus faible n'implique pas moins d'éleveurs ou une baisse du chiffre d'affaires", peut-on lire dans le rapport. Le scénario "Afterres 2050" de Solagro, sur lequel il s'appuie, prévoit la création de 125 000 emplois et une hausse du revenu agricole net si on divise par deux les productions animales.