Ursula Von der Leyen : si impopulaire en Allemagne, aujourd'hui numéro 1 de l'UE
Ursula Von der Leyen a été choisie pour présider la Commission européenne. Cette Allemande, francophone, incarne une vision modérée de l'Europe malgré un passé mouvementé dans la politique locale de son pays.
Ursula Von der Leyen devrait donc rejoindre Bruxelles, là où elle est née il y a 60 ans. Francophone, ministre allemande de la Défense depuis six ans, cette proche d'Angela Merkel a été choisie pour présider la Commission européenne, dans un consensus trouvé par la chancelière et Emmanuel Macron. Un choix qui ressemble à une évidence, tant Ursula Von der Leyen faisait figure de candidate idéale pour le poste.
Européenne convaincue et forte d'une expérience au long court dans les différents mandats d'Angela Merkel (2005-2019), cette mère de sept enfants entend faire bouger les lignes en Europe. "L'Europe doit être à la fois capable d'agir et déterminée. Compte tenu des défis globaux, terrorisme, pauvreté, changement climatique, l'Europe doit accélérer. Ceux qui le veulent doivent pouvoir avancer sans être bloqués par certains", avait-elle déclaré lors du discours d'ouverture de la Conférence sur la sécurité en février 2018. Le choix d'Ursula Von der Leyen, médecin de formation, semble particulièrement porter la patte d'Emmanuel Macron. Comme le président français, elles s'est dite favorables à la création d'un armée commune à l'UE. "Je suis convaincue que l'armée des Européens verra bientôt le jour", a-t-elle déclaré en 2019, dans des propos relayés par Le Figaro.
Ursula Von der Leyen : l'ex-futur successeur de Merkel
Mais que l'on ne s'y trompe pas, c'est bien Angela Merkel qui a soufflé en première le nom de Ursula Von der Leyen pour prendre la place de Jean-Claude Juncker, actuel président de la Commission. Nommée ministre de la Famille dès 2005, après une entrée en politique sur le tard, sa popularité décolle en Allemagne, où elle affiche une personnalité forte et une aisance certaine à la télévision.
Mais alors que beaucoup voient en elle la potentielle successeur d'Angela Merkel, son heure de gloire amorce sa chute lors de sa prise de fonctions au ministère de la Défense, en 2013. Il faut dire que la tâche n'était pas aisée, de nombreuses tensions se manifestant très régulièrement outre-Rhin au sein du ministère des armées, empêtré dans des polémiques sur la vétusté des équipements et sur l'essor de l'extrême-droite au sein des militaires. Les méthodes de travail insufflées par le ministère dans la Bundeswehr n'inspirent que de la défiance dans les rangs de l'armée, qui plus est après une entrée en matière peu en douceur. Ursula Von der Leyen a par ailleurs pointé du doigt un "défaut d'autorité" au ministère et sera accusée d'en avoir dilapidé le budget. Depuis, cette femme issue de l'aristocratie fait chou blanc dans l'opinion allemande.
Les Allemands remontés contre Ursula Von der Leyen
Un récent sondage du quotidien Bild montre qu'elle est considérée comme l'un des deux ministres les moins compétents du gouvernement. Elle est "la plus faible des ministres", selon la formule de Martin Schulz, ancien président du Parlement européen, mais cela reste néanmoins "suffisant pour devenir chef de la Commission", a poursuivi le piquant opposant d'Angela Merkel. Pour Ursula Von der Leyen, la présidence de la Commission européenne ressemble donc à porte de sortie toute trouvée de la politique allemande.