Ces vers venus de loin sont arrivés en France, c'est une catastrophe
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Ces vers venus de loin sont arrivés en France, c'est une catastrophe

Les scientifiques alertent sur une nouvelle menace pour l'équilibre des écosystèmes en Europe.

Repoussants, nuisibles, affreux... Les vers de terre souffrent d'une mauvaise réputation. Pourtant, ils jouent un rôle indispensable dans les écosystèmes. Leur présence contribue - entre autres choses - à l'aération des sols, à recycler la nécromasse et à fertilisé les sols. De quoi en faire le meilleur allier des jardiniers !

Mais il existe une espèce plus redoutable que les autres, qui n'a rien à voir avec le ver de terre : le "postenterogonia orbicularis", aussi appelé "planaire". Ce ver plat aquatique se cache dans les eaux douces et marines de l'Europe. Originaire du Pacifique, il a réussi à se frayer un chemin jusqu'en Europe en tirant profit du transport maritime mondial. L'espèce a été identifiée par une équipe multidisciplinaire composée de chercheurs de l'Université d'Oviedo (Espagne) et du Service régional de recherche et de développement agroalimentaire (SERIDA) au nord de l'Espagne et dans le golfe de Gascogne. La France peut s'inquiéter.

"Cette espèce constitue une menace grave pour nos écosystèmes locaux et pour l'industrie aquacole. Les cultures de moules, que les planaires dévorent littéralement jusqu'à les assécher, sont particulièrement touchées", alerte le scientifique Ricardo López Alonso. Dans leur habitat naturel, déjà, les planaires sont réputés pour leur caractère ravageur, aux dommages considérables sur les installations aquacoles.

© 123RF

Et pour cause : cette espèce est dotée de capacités étonnantes, la rendant difficile à exterminer. Grâce a son cerveau centralisé, le planaire est capable de se régénérer physiquement - quand on lui coupe la tête, la queue ou tout autre partie de son corps - et mentalement. C'est pourquoi, si l'un de ses membres repoussent, il retrouve également l'intégralité de ses souvenirs, rapporte le magazine Science & Vie. Cet envahisseur s'est tellement implanté dans les eaux européennes qu'il est devenu une espèce indigène, dont il est extrêmement compliqué de se débarrasser. 

Ce prédateur risque d'avoir des conséquences importantes sur l'économie mondiale, considérant les bénéfices financiers de la conchyliculture (l'élevage des coquillages comestibles). À l'échelle de la France seulement, la population a consommé 30 000 tonnes de moules et 16 400 tonnes d'huîtres en 2024, selon Kantar, le leader mondial de la data. Face à cette menace, à la fois économique et environnementale, scientifiques et autorités travaillent ensemble pour éviter la propagation du planaire. L'aquaculture a en effet beaucoup à perdre face à la voracité de cette espèce.