L'espion franco-chinois SVOM a été lancé, cette sonde va traquer les explosions d'étoiles

L'espion franco-chinois SVOM a été lancé, cette sonde va traquer les explosions d'étoiles Les agences spatiales françaises et chinoises ont placé en orbite un satellite portant le nom de "SVOM". Cette sonde guette les explosions les plus puissantes de l'espace.

Si les relations diplomatiques peuvent être parfois délicates entre la France et la Chine, surtout depuis le début du conflit en Ukraine et le soutien à la Russie, la conquête spatiale fait souvent fi de ces préoccupations. Des astronautes américains et russes continuent de collaborer dans ISS et la France et la Chine ont également lancé ensemble un satellite très particulier au mois de juin. Son nom ? SVOM pour Space-based Multi-band Variable astronomical Objects Monitor.

Littéralement, il s'agit d'un moniteur d'objets variables astronomiques multibandes", et sa mission est prévue pour durer trois ans. C'est le fruit d'une collaboration des deux agences spatiales nationales, la China National Space Administration (CNSA) et le Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) avec les contributions principales du CEA et du CNRS pour la France. ​Ce petit espion spatial va maintenant pouvoir commencer son travail d'observation.

Quelle est justement sa mission ? En orbite depuis près de deux semaines à quelque 625 kilomètres de hauteur, il se comporte comme une sentinelle de l'espace, à surveiller d'éventuels "sursauts gamma". Derrière cette expression, se cachent les explosions les plus puissantes de l'univers, générées par des événements extrêmement énergétiques dans les régions lointaines de l'univers. Il peut s'agir de la fusion de deux trous noirs ou de l'effondrement d'une étoile massive en fin de vie. Pour donner une idée de l'énergie produite, le CEA rappelle que la "libération colossale d'énergie est équivalente à celle générée par le Soleil durant toute sa vie".

© CNES/CNSA

Bien que ces éclats de lumière offrent un aperçu unique des phénomènes cosmiques majeurs, ils sont difficiles à détecter, car ils peuvent survenir n'importe où dans le ciel et ne durer que quelques secondes, ou plutôt même quelques millièmes de seconde. Par ailleurs, cette lumière a parfois été émise alors que l'univers avait moins d'un milliard d'années. Ce qui signifie qu'avant d'arriver jusqu'à la Terre, la lumière traverse plusieurs milliards d'années-lumière et se charge ainsi de l'empreinte des multiples époques de notre Univers. Enfin, quand ils parviennent à nous atteindre, les rayons gamma sont facilement absorbés par l'atmosphère terrestre. Voilà pourquoi il est nécessaire d'utiliser des sondes spatiales pour les enregistrer.

Celle-ci pèse près d'une tonne, et son développement a débuté en… 2006 ! Il a fallu 18 ans aux équipes chinoises et françaises pour aller au bout de sa conception ! SVOM serait capable d'observer dans différentes longueurs d'onde et d'obtenir "l'ensemble de données le plus complet" montrant comment les explosions se produisent et évoluent dans le temps.

Pour cela, la sonde est équipée de quatre instruments de pointe, deux fabriqués en France et deux en Chine. Le télescope ECLAIRs, de fabrication française, jouera un rôle essentiel en détectant de manière autonome et en temps quasi réel des sursauts dans la gamme d'énergie des rayons gamma et X. Pendant ce temps, le télescope visible de fabrication chinoise suivra la lumière émise dans le domaine visible après le sursaut gamma, dans le cadre du processus d'explosion. En moyenne, on estime que la sonde devrait détecter 70 à 80 sursauts gamma chaque année.

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