La mission de Boeing dans l'espace prolongée, que se passe-t-il encore avec la capsule Starliner ?

La mission de Boeing dans l'espace prolongée, que se passe-t-il encore avec la capsule Starliner ? La première mission habitée de la capsule Starliner à destination de l'ISS devait durer environ une semaine. Mais le retour des deux astronautes de la Nasa a déjà été repoussé à plusieurs reprises.

La capsule Starliner de Boeing est-elle maudite ? Si la superstition n'est pas de bon alois dans le spatial, on ne peut s'empêcher de poser la question au vu des multiples aléas que connaît ce vaisseau spatial qui doit permettre d'assurer les rotations d'équipages à bord de l'ISS.

Après plusieurs reports de dernière minute, le lancement de la première mission habitée du Starliner a enfin décollé le 5 juin avec à son bord Sunita Williams et Barry Wilmore. Les deux astronautes de la Nasa devaient séjourner à bord de la Station spatiale internationale pendant environ une semaine. Mais leur mission a été une première fois prolongée jusqu'au 18 juin, puis au 22 et enfin au 25 juin.

Boeing et la Nasa disent vouloir prendre le temps d'analyser les données liées à des fuites d'hélium et des problèmes de propulseurs qui ont perturbé la première tentative d'amarrage à l'ISS le 6 juin. En outre, une sortie extravéhiculaire programmée le 13 juin a été repoussée au 24, ce qui a aussi incité au report du départ de Starliner.

© NASA

Remontons au 16 septembre 2014 pour tout comprendre. A cette date, la Nasa annonce la sélection finale des projets de véhicules spatiaux pour le transport d'astronautes. Il s'agissait alors de faire appel au secteur privé pour remplacer la navette spatiale américaine mise hors service depuis 2011. Le CST-100 Starliner de Boeing et le Crew Dragon de SpaceX sont retenus. Les premiers vols opérationnels étaient initialement prévus en 2017. Face aux retards inhérents à tout programme spatial de cette envergure, la date a été successivement repoussée.

Finalement, c'est SpaceX qui réussit le premier un vol habité et obtient la certification de sa capsule en 2020. Depuis, le Crew Dragon s'acquitte de sa mission sans la moindre défaillance avec 13 vols habités au compteur. Starliner, qui est censé venir partager cette tâche, devait effectuer son premier vol habité fin 2022. Or, suite à la découverte de problèmes techniques sur le système de parachutes d'un ruban adhésif potentiellement inflammable utilisé pour protéger les câbles électriques, le lancement a été repoussé à de nombreuses reprises, jusqu'au printemps 2024. "Valve bourdonnante" à remplacer, problème de séquenceur de lancement, fuite d'hélium... Les problèmes se sont encore multipliés avant le lancement, tout de même réalisé le 5 juin dernier.

Mais Suni Williams et Butch Wilmore n'étaient pas au bout de leurs peines ! Durant la phase d'approche pour l'amarrage à l'ISS, cinq des 28 propulseurs du Starliner sont tombés en panne. Quatre ont pu être remis en service et le vaisseau est arrivé à bon port à la deuxième tentative. Par la suite, d'autres fuites d'hélium ont été détectées, toujours au niveau des propulseurs. Des analyses sont en cours pour déterminer la ou les causes de ces défaillances. Boeing et la Nasa ont déjà décidé de modifier la procédure de rentrée atmosphérique de la capsule tout en assurant que les performances de la plupart des propulseurs RCS sont bonnes tandis que les fuites d'hélium "montrent qu'elles sont stables et inférieures à celles mesurées [auparavant]".

© NASA

Si le départ du Starliner est maintenu au 25 juin, l'équipage devrait se poser sur Terre le 26 sur le site du port spatial de White Sands Space Harbor au Nouveau-Mexique. A l'issue de cette mission, un travail d'analyse approfondi devra établir toutes les causes des problèmes techniques rencontrés avant de confirmer la faisabilité du premier vol régulier Starliner-1 qui est censé emporter un équipage de quatre astronautes (Scott Tingle, Michael Fincke, Joshua Kutryk et Kimiya Yui) début 2025.

Boeing et la Nasa rappellent que ce premier vol habité est une mission de développement qui suppose des imprévus et des retards. "Nous avons toujours dit qu'il s'agissait d'un vol d'essai et que nous allions apprendre certaines choses. Alors nous y sommes", a déclaré Mark Nappi, vice-président et directeur du programme d'équipage commercial de Boeing.

Astronomie