Guerre en Ukraine : Zelensky parle pour la première fois de concessions, qu'est-il prêt à céder à la Russie ?
Le président ukrainien s'est exprimé sur les modalités d'un éventuel cessez-le-feu. Il demande la protection immédiate de l'Otan contre l'abandon temporaire de certains territoires.
C'est la première fois que Volodymyr Zelensky se dit prêt à faire autant de concessions. Vendredi 29 novembre, dans un entretien accordé à Sky News, le président ukrainien a donné les modalités d'un éventuel cessez-le-feu avec la Russie. Tout d'abord, il demande, comme depuis le début de l'invasion russe, à ce que l'Ukraine soit placée "sous l'égide de l'Otan". Cette protection serait "une solution pour mettre fin à la phase chaude de la guerre", mais ne concernerait que les territoires encore contrôlés par Kiev. Selon le président ukrainien, il s'agit là d'une solution "possible, mais personne ne l'a offerte", alors que le pays en a "grandement besoin", afin de "garantir que Poutine ne reviendra pas".
L'abandon temporaire des territoires occupés par la Russie
En échange de cette protection de l'Otan, Volodymyr Zelensky a laissé entendre qu'il pourrait abandonner temporairement les territoires ukrainiens déjà contrôlés par la Russie. "Nous devons agir vite. Et ensuite, sur le territoire [occupé] de l'Ukraine, l'Ukraine pourra les récupérer par voie diplomatique". Une première pour le président ukrainien, qui n'avait jamais accepté de céder le moindre territoire à son ennemi, y compris la Crimée, annexée par la Russie en mars 2014. En tout, ce sont environ 20 % des territoires ukrainiens qui sont sous l'égide de Moscou
Pourquoi maintenant ?
Cette proposition de Volodymyr Zelensky intervient après plus de 1 000 jours de guerre ouverte contre la Russie. Plusieurs éléments ont participé à la réflexion du président ukrainien. Tout d'abord, l'élection de Donald Trump aux États-Unis. Le président américain élu a une position bien différente de celle de Joe Biden sur la guerre en Ukraine. En effet, Donald Trump et Vladimir Poutine entretiennent un lien particulier et se portent une grande estime mutuelle. Une relation inquiétante pour l'Ukraine, qui dépend des aides militaires américaines, alors que Donald Trump affirmait lors de sa campagne qu'il pourrait mettre un terme à cette guerre en 24 heures. Volodymyr Zelensky a tout de même affirmé sa volonté de "travailler directement avec lui parce qu'il y a des voix différentes autour de lui".
Cet éventuel cessez-le-feu interviendrait aussi quelques jours après l'intensification des bombardements russes et ukrainiens. Le 17 novembre, Joe Biden a donné l'autorisation à l'Ukraine d'utiliser ses missiles ATACMS pour frapper des cibles sur le sol russe. Une annonce qui est intervenue à peine deux mois avant la passation de pouvoir entre l'actuel président et Donald Trump et alors que l'Ukraine entre dans son troisième hiver en guerre. L'Ukraine peut également utiliser les missiles britanniques Storm Shadow. Concernant les missiles français, Emmanuel Macron a assuré que leur utilisation sur le sol russe était une "option", mais sans se prononcer fermement pour un "oui".
En réponse à cette autorisation américaine, la Russie bombarde le territoire ukrainien depuis deux semaines, avec près de 90 missiles déjà lancés sur les installations électriques du pays. Plusieurs millions d'Ukrainiens se sont retrouvés dans le noir et sans chauffage, alors que le mercure descend déjà en dessous de 0 °C la nuit. Vendredi, Kiev a annoncé avoir été visée par 132 drones russes pendant la nuit, faisant un mort et huit blessés. La Russie a également utilisé, le 22 novembre, le missile balistique hypersonique "Orechnik" sur l'Ukraine, tout en menaçant de répéter ce tir sur Kiev, mais aussi sur les pays occidentaux qui arment l'Ukraine.
Une "logique d'escalade inacceptable" pour Emmanuel Macron, qui s'est entretenu, vendredi 29 novembre, avec son homologue ukrainien, rapporte l'Élysée. "Ces frappes, la coopération accrue avec la Corée du Nord et la rhétorique irresponsable qui les accompagne, participent d'une logique d'escalade inacceptable de la part de la Russie", a estimé le président français, qui a réaffirmé la "détermination" de la France à continuer d'aider l'Ukraine "aussi intensément et longtemps que nécessaire".