Guerre en Ukraine : les Européens réaffirment que Kiev "mérite la paix par la force"
L'heure est à l'urgence en Europe. Alors que Donald Trump a lancé, seul, des négociations avec la Russie pour mettre un terme à la guerre en Ukraine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et les pays européens craignent d'être tenus à l'écart des échanges. Les principales forces européennes ont donc décidé de se réunir à l'Élysée lundi 17 février, sur une initiative d'Emmanuel Macron. Une réunion qui se voulait une réponse à la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine prévue en Arabie saoudite mardi. La réunion des Européens s'est tenue entre 16h et 19h30 lundi.
"On n'est pas au moment de la paix, mais au milieu d'une guerre brutale", a estimé le chancelier allemand Olaf Scholz, à la sortie de la réunion. "Nous allons continuer de soutenir l’Ukraine, l’Ukraine peut avoir confiance en nous", a-t-il par ailleurs affirmé. Opposé à l’idée d’une "paix de diktat imposée à l’Ukraine", Olaf Scholz a estimé que Kiev ne pouvait "pas accepter tout ce qui lui [était] présenté sous n’importe quelle condition". Le chancelier allemand a également évoqué la question du financement. Les États européens sont "tous prêts à dépenser au moins 2% de [leur] PIB […] pour l’avenir de la défense de l’Europe", a-t-il déclaré, ajoutant que Berlin est "favorable à ce que ces dépenses ne soient pas prises en compte dans les calculs des déficits budgétaires européens". Quant à l’envoi de soldats de maintien de la paix en Ukraine, Olaf Scholz n'a pas caché son irritation, jugeant qu'il était "beaucoup trop tôt" pour aborder la question.
Die Situation für Europa ist schwierig. Wir begrüßen, dass über Frieden für die Ukraine gesprochen wird. Das heißt aber nicht, dass es einen Diktatfrieden geben darf und die Ukraine akzeptieren muss, was ihr vorgelegt wird. Darüber haben wir uns eng mit @ZelenskyyUa abgestimmt. pic.twitter.com/tX0A2hATlH
— Bundeskanzler Olaf Scholz (@Bundeskanzler) February 17, 2025
Parallèlement aux déclarations du chancelier allemand, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, Antonio Costa, ont estimé que la réunion d'urgence à Paris avait "réaffirmé que l'Ukraine mérite la paix par la force". "L’Europe doit définir, une fois pour toutes, sa sécurité et sa défense comme un bien public", a pour sa part plaidé à l'issue de la réunion le Premier ministre espagnol, tandis que le Polonais Donald Tusk a jugé que l'amitié entre l'Europe et les États-Unis entre "dans une nouvelle phase".
Un sommet organisé en urgence
Au menu des discussions ce lundi : l'aide à apporter à l'Ukraine et les mesures à prendre pour la sécurité de l'Europe. "L'objectif est de déterminer ce que les Européens peuvent faire pour eux-mêmes compte tenu de l'accélération que nous vivons en Ukraine en conséquence des initiatives du président Trump", avait fait savoir un conseiller d'Emmanuel Macron, jugeant nécessaire de faire "plus et mieux".
Le sommet européen organisé en urgence ce lundi n'a pas réuni les 27 pays membres, mais les principales forces militaires. "Les chefs de gouvernement de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie, de la Pologne, de l'Espagne, des Pays-Bas et du Danemark" avaient été conviés. La dirigeante danoise représentait aussi l'ensemble des pays baltes en première ligne du fait de leur frontière avec la Russie. Le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l'Otan" étaient également parmi les invités.
La France et le Royaume-Uni prêts à envoyer des troupes en Ukraine
L'Europe cherche à retrouver son rôle de médiateur dans les négociations devant mettre fin au conflit ukrainien, mais elle a aussi tout intérêt à être un acteur décisif de la guerre et de l'après-guerre pour protéger ses propres frontières. Si les forces européennes ont déjà fourni de nombreuses aides militaires, certaines envisagent de faire plus pour tenir face à la Russie, à commencer par le Royaume-Uni qui n'écarte pas l'envoi de troupes sur le sol ukrainien. "Nous sommes prêts et disposés à contribuer aux garanties de sécurité pour l'Ukraine en envoyant nos propres troupes sur le terrain si nécessaire", a écrit le Premier ministre britannique Keir Starmer dans le quotidien Daily Telegraph.
De son côté, Emmanuel Macron avait déjà évoqué cette possibilité en début d'année 2024, créant un tollé auprès d'autres pays européens dont l'Allemagne et la Pologne. Mais depuis, l'envoi de troupes envisagé par la France et le Royaume-Uni est sérieusement considéré en coulisses, comme le rapporte Euronews. Mais rien n'est encore fait : le sujet continue de diviser et certains pays européens doivent obtenir des feux verts de leurs instances nationales avant de s'engager. Du fait, les détails du projet concernant le type de forces à envoyer et leur nombre sont encore flous à ce stade et dépendraient grandement des termes de l'accord de paix qui pourrait être conclu.
Mais le président ukrainien, qui demande régulièrement de l'aide et des renforts humains ou matériels pour son armée, encourage l'Europe à ne pas attendre pour envoyer des troupes. Il va jusqu'à mettre en garde sur une attaque de la Russie contre l'Otan face à laquelle l'Europe serait désavantagée. Dans un tel scénario, les forces européennes auraient intérêt à bénéficier de l'expérience de l'armée ukrainienne qui est la "seule en Europe [avec] une véritable expérience de la guerre moderne". Lors de ses précédentes demandes, le président ukrainien évoquait des contingents de 100 000 à 150 000 soldats, tandis que les médias misaient plutôt sur 30 000 à 40 000 soldats. L'Europe n'a toutefois confirmé aucun des ces chiffres.
22:36 - Emmanuel Macron prêt à reparler à Vladimir Poutine
"La Russie constitue une menace existentielle pour les Européens, compte tenu des actions qu’elle mène dans divers domaines", a estimé Emmanuel Macron mardi soir auprès de la presse régionale quotidienne. Néanmoins, le président de la République s'est dit prêt à reparler à Vladimir Poutine. "Si le président Poutine m’appelle, évidemment je le prendrai au téléphone. Au moment où cela sera opportun dans le cycle des négociations à venir, évidemment je lui reparlerai, si c’est utile à la situation."