Fortune de la famille royale : Charles III milliardaire ? Le détail de ses avoirs

Fortune de la famille royale : Charles III milliardaire ? Le détail de ses avoirs Devenu roi du Royaume-Uni, Charles III a vu sa fortune personnelle considérablement augmenter du fait de l'héritage touché à la suite de la mort d'Elizabeth II. Que détient-il ? Tentative d'éclairage.

C'est un secret aussi bien gardé que celui de sa santé. Au Royaume-Uni, la fortune de Charles III fait l'objet de nombreuses spéculations, d'autant plus depuis la mort d'Elizabeth II. Si la souveraine était déjà très riche, le nouveau monarque le serait encore plus, dans des proportions démentielles. Le sujet est d'autant plus sensible que les Britanniques font face à une inflation des prix de plus de 10% sur l'année. Sur son trône, le roi, lui, ne sent rien passer compte-tenu de sa (supposée) fortune colossale.

Supposée car aucun chiffre n'est public. Rien n'est diffusé concernant les revenus du locataire de Buckingham. Et jamais la communication du palais royal ne confirme ou n'infirme les données avancées. Supposée également car il n'est pas toujours facile de faire le distinguo entre ce qui appartient à Charles à titre personnel et ce qu'il détient du fait de ses prérogatives au sein de la monarchie. Cependant, à 75 ans, Charles III dispose d'une confortable aisance financière, renforcée par l'héritage obtenu à la mort de sa mère. Comment se constitue son patrimoine ? The Guardian a tenté de percer ce mystère, aidé par "12 experts expérimentés dans l'évaluation des terres, des propriétés, des véhicules, de l'art et des bijoux. Pour les actifs plus opaques, tels que les investissements du roi dans les actions et les actions, nous nous sommes appuyés sur les meilleurs indices disponibles pour faire des estimations éclairées."

Que possède Charles III à titre privé ?

Immobilier et investissements :

  • Duché de Lancaster : 740 millions d'euros d'actifs. Il s'agit là d'un domaine privé de 18 500 hectares composé de nombreuses terres situées en Angleterre et au pays de Galles, ainsi que de divers bâtiments dont un centre d'affaires dans Londres. Chaque année, les bénéfices engendrés permettent au monarque de toucher environ 23 millions d'euros.
  • Château et domaine de Balmoral : 91 millions d'euros. Cette résidence de la famille royale britannique, située en Ecosse, est le lieu où est décédée la reine Elizabeth II. Il s'agit d'une propriété privée de 21 725 hectares détenue par Charles III.
  • Domaine de Sandringham : 285 millions d'euros. Situé dans l'est de l'Angleterre, ce site est également une résidence de la famille royale détenue à titre privé par le roi. D'une superficie de 8400 hectares, il comprend des résidences mises en location et des baux commerciaux. Sur cette superficie sont compris par ailleurs 6400 hectares de terres agricoles.
  • Investissements : 162 millions d'euros, au moins. Il s'agit là d'une "sous-estimation significative" du Guardian puisqu'elle n'est issue que d'hypothèses liées à des données de 1993 concernant des avoirs détenus dans certaines des 100 entreprises les plus importantes de la bourse de Londres et qui ont été réévaluées au regard de l'évolution des bénéfices des sociétés. 

Des chevaux et timbres qui valent cher :

  • 70 pur-sang : 30 millions d'euros. Elizabeth II adorait les chevaux et possédait une écurie personnelle qui lui aurait rapporté environ 8 millions de livres durant son règne, selon le site hippique myracing.com, cité par l'AFP. Charles III en a hérité mais a déjà vendu des chevaux contre 2,6 millions d'euros.
  • Collection de timbres : 114 millions d'euros. Charles est également devenu le détenteur d'une importante collection de timbres, héritée de son arrière-grand-père, la souveraine possédait une collection de "centaines de milliers de timbres" selon le Guardian et "est considérée comme la meilleure collection de timbres au monde".

L'art et les bijoux, une part centrale de sa fortune :

  • Œuvres d'art : 27 millions d'euros pour 60 pièces. Le patrimoine de Charles III se constitue également de nombreux tableaux, dont la valeur ne peut être définie précisément. Ils ont été accumulés grâce à des cadeaux obtenus lors de voyages à l'étranger. Certains ont également été achetés. Cependant, impossible d'estimer avec exactitude la valeur de la collection privée puisque l'ensemble des œuvres détenues n'est pas connu (au moins 400 pièces selon le Guardian). Pas plus que les prix auxquels ils pourraient être vendus, exception faite des 60 œuvres "les plus significatives" estimées par des experts mandatés par le Guardian.
  • Bijoux : 606 millions d'euros pour 54 pièces. Comme pour les tableaux, il est très difficile d'évaluer avec précision le patrimoine de Charles III dans ce domaine. D'abord car l'intégralité de la collection n'est pas connu et leur valeur peut allègrement varier lors d'une mise en vente, avec des coefficients multiplicateurs pouvant frôler les 20 par rapport à la mise à prix. Le Guardian a opté pour une estimation "plus conservatrice", se basant sur "dix fois la valeur intrinsèque."

Quelle est la fortune estimée de Charles III ?

L'addition de tous ces avoirs amène ainsi à un résultat de plus de deux milliards d'euros d'actifs en faveur de Charles III. Cependant, cela ne reste que des évaluations et ne prend pas en compte d'autres revenus. De son côté, Buckingham Palace a rétorqué que "bien que nous ne commentions pas les finances privées, vos chiffres (ceux du Guardian, ndlr) sont un mélange très créatif de spéculations, d'hypothèses et d'inexactitudes."

Un patrimoine et des revenus liés à la couronne

Un autre patrimoine peut, en partie seulement, s'ajouter à ce patrimoine privé du souverain, qu'il s'agisse d'Elizabeth II ou de son fils Charles III : "The crown estate", est la gigantesque fortune de la Couronne britannique cette fois, comprenant un "colossal parc de foncier, immobilier, licences de parcs d'éoliennes" indique l'AFP. Les recettes de ce patrimoine sont versées au Trésor public, mais 15% bénéficient directement à la famille royale par le biais du "sovereign grant", une allocation annuelle censée couvrir "les dépenses liées aux activités officielles de représentation de la reine ou des membres de sa famille", notamment les 500 employés mis à leur service. Celle-ci a atteint 86 millions de livres, soit 99 millions d'euros, pour 2021-2022. Mais cette somme comprend une rallonge exceptionnelle accordée pendant dix ans pour la rénovation de Buckingham Palace (34 millions de livres au titre de 2021-2022).

D'autres subsides sont prévus pour la couronne et pour la famille royale en général, qui devraient désormais bénéficier directement à Charles III. La "privy purse" (bourse privée) désigne ainsi une part des recettes tirées des actifs du Duché de Lancaster. Un domaine comprenant "des centaines de biens immobiliers, des propriétés commerciales haut de gamme, et des milliers d'hectares de terrains agricoles", écrit encore l'AFP. Des avoirs qui sont la propriété de la royauté depuis le Moyen-Age. Estimé à 650 millions de livres, le Duché de Lancaster aurait offert un revenu d'environ 24 millions de livres à la reine Elizabeth lors de la dernière année fiscale. Une somme qu'elle pouvait, après les taxes, redistribuer à sa guise aux autres membres de sa famille ou utiliser pour entretenir et restaurer ses châteaux de Balmoral et Sandringham.

Evalués à quelque 3 milliards de livres, les célèbres joyaux de la Couronne, pour leur part, appartiennent symboliquement à la reine mais sont automatiquement transmis au monarque suivant.

Charles exonéré de droits de succession

La famille royale britannique dispose d'un privilège qui l'exempte de payer des droits de succession. De même, le contenu des successions n'est pas rendu public.  Cette exemption fiscale vient de la reine Elizabeth II, en 1993. En effet, au début des années 90, un incendie s'est déclaré dans le château de Windsor. À la suite d'une polémique pour savoir qui allait payer les rénovations, la reine a accepté d'être imposée sur le revenu, ce qui n'est pas le cas normalement pour la famille royale. Cela lui avait permis de négocier une niche fiscale en 1993, dont profite Charles aujourd'hui. 

Les actifs du domaine de la couronne sont estimés à 17,9 milliards d'euros, dont 25% des bénéfices sont versés à la famille royale au titre de la subvention souveraine. Aussi, ces biens ne peuvent être vendus par le roi et sont cédés au gouvernement en échange d'une subvention. À ce titre, le gouvernement de John Major, Premier ministre entre 1990 et 1997, avait conclu qu'il serait " inapproprié que les droits de succession soient payés pour ces biens. " Concernant le patrimoine privé de la reine, il bénéficie de l'exemption afin de préserver "un certain degré d'indépendance financière vis-à-vis du gouvernement en place", avait-il indiqué.

Néanmoins, cette exemption ne bénéficie qu'à Charles III, les autres enfants de la reine devront s'affranchir de ce droit de succession. Le nouveau roi a, par ailleurs, indiqué qu'il paierait ses impôts sur le revenu, même si rien ne l'y oblige.

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