On sait combien coûte la canicule aux Français, ça va faire mal aux portefeuilles
La France traverse l'un de ses épisodes caniculaires les plus intenses. Si les risques sanitaires sont bien connus, les impacts économiques des canicules restent largement sous-estimés. Santé publique France alerte dans une étude publiée en 2021, l'enquête évalue les coûts sanitaires des canicules en France entre 2015 et 2020, en s'appuyant sur les indicateurs du Plan national canicule : coûts des passages aux urgences, consultations SOS Médecins pour des causes liées à la chaleur, mortalité en excès, perte d'espérance de vie, ou pertes de bien-être.
Et le bilan est lourd : entre 22 et 37 milliards d'euros de pertes économiques pendant cette période, soit environ 814 euros par habitant exposé. La mortalité en excès pèse lourd dans ce coût : environ 16 milliards d'euros lorsqu'elle est exprimée en années de vie perdues, et jusqu'à 30 milliards si l'on prend en compte les décès en excès.
La baisse d'activité due à la chaleur coûte 6 milliards d'euros, et les soins en excès, liés surtout aux hospitalisations, 31 millions entre 2015 et 2019. L'organisme met en garde face à ces chiffres : "Dans un contexte où les évolutions climatiques annoncent un accroissement des températures et des phénomènes de vagues de chaleur, ces résultats soulignent l'urgence de mesures d'action permettant de renforcer l'adaptation aux canicules."
Au-delà de la santé, les infrastructures souffrent. Les rails peuvent se déformer, forçant la fermeture de lignes ferroviaires, ce qui peut occasionner des perturbations. "À titre d'exemple, en 2003, la facture pour EDF s'était élevée aux alentours de 300 millions d'euros au titre des dégâts sur le réseau de distribution électrique", rappelait Jean-Louis Bertrand, directeur scientifique de Météo Protect, sur BFMTV. Les centrales électriques tournent également au ralenti à cause des fortes chaleurs.
À cela s'ajoutent des baisses très fortes de productivité et des rendements dans les secteurs les plus météo-sensibles. Selon une étude menée en 2019 par l'Organisation internationale du travail, au-delà de 33°C, la productivité d'un employé baisse de 50% dans les métiers de service et ceux qui travaillent debout (soignants, jardiniers, coiffeurs etc.). D'après RTL, la Banque de France estime que chaque degré en plus ferait perdre entre 0,7 et 1,5 point de PIB, à cause du stress thermique au travail. Pour les économistes d'Allianz, cela se traduit par une baisse de 2,2% de la productivité dans un monde durablement plus chaud.
Un secteur souffre particulièrement des fortes chaleurs : l'agriculture. En 2020, la sécheresse a coûté entre 1 et 1,2 milliard d'euros, selon la Caisse centrale de réassurance, rapporte BFMTV. Céréales et vigne souffrent, et l'élevage aussi : sous stress thermique, les vaches produisent moins de lait. D'après une étude de Lallemand Animal Nutrition de 2015, la perte moyenne est de 2,4 kg de lait par jour lorsque les bovins endurent plus de 10 heures par jour au-dessus du seuil de stress thermique.
L'ensemble des pertes enregistrées sont une très mauvaise nouvelle pour les Français, le pays étant confronté à un niveau de dette publique considérable, qui ne peut que s'aggraver si le PIB est affecté au cours des mois les plus chauds. Et à la fin, ce sont les Français qui payent, via leurs impôts, ou qui sont affectés du fait des coupes budgétaires. Cependant, une partie des pertes est partiellement rattrapée, selon un rapport du Sénat suite à la canicule mortelle de 2003. L'impact sur la croissance cette année-là a été limité à 0,1 à 0,2 point de PIB (soit 3 à 4,5 milliards d'euros), car les entreprises comblent leur retard une fois la chaleur retombée.
