Bombe au phosphore : quelle est cette arme que les Russes pourraient utiliser ?

Bombe au phosphore : quelle est cette arme que les Russes pourraient utiliser ? BOMBE AU PHOSPHORE - Le maire d'Irpin assure que des bombes au phosphore ont été utilisées en Ukraine par les Russes. Aucune preuve n'a pour le moment été apportée, mais nous vous proposons de vous expliquer en quoi ces armes consistent.

[Mis à jour le 24 mars 2022 à 13h06] Mercredi 23 mars au soir,  Oleksandr Markouchine, maire d'Irpin, a affirmé sur BFM TV que les Russes avaient eu recours à des bombes au phosphore. "Des spécialistes doivent venir pour confirmer cela à 100 %. Aujourd'hui, nous considérons à 90 % qu'il s'agit de bombes au phosphore", a-t-il précisé à l'antenne de la chaîne d'information en continu. D'après lui, les forces armées russes n'ont pas respecté certaines règles internationales concernant son utilisation, notamment celle de ne pas y avoir recours si des civils sont dans les environs. Olivier Lepick, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique en a expliqué les raisons sur BFM TV, mercredi soir : "Ces armes ont une capacité de terrorisation assez importante. Le phosphore, au contact de l'air, s'élève à une température très élevée et provoque des incendies. Quand des civils sont à proximité, cela engendre des brûlures extrêmement graves et d'aspect assez abominable."

En effet, le phosphore est un élément chimique pyrophorique. Sa particularité ? Il brûle au contact de l'air. Militairement, le phosphore est utilisé à deux titres. Il peut faire de la lumière si l'on en met en petite quantité dans une bombe que l'on lance en l'air avec un parachute. Bien évidemment, le phosphore peut également être utilisé pour détruire, tuer et blesser l'ennemi si on l'utilise en grande quantité dans une bombe.

Pour autant, cette arme n'est pas interdite. Elle n'est pas chimique mais incendiaire.  Elle est donc autorisée militairement, tant qu'elle n'atteint pas des civils.  Toutefois, certains sont plus mesurés quant à son utilisation. Ludovic Monnerat, rédacteur en chef adjoint de la Revue militaire suisse à Swiss Info, considérait en 2009 que "le phosphore blanc n'est pas aussi dangereux [que des armes chimiques, NDLR], même si c'est une arme sale. Il n'est pas considéré comme une arme chimique au sens de la convention du même nom et n'est donc pas interdit. Mais différents acteurs considèrent que c'en est quand même une".

Tout cela fait dire au maire d'Irpin que "cela fait peur, mais nous voyons que la Russie franchit tous les interdits, toutes les limites possibles et impossibles. Je ne suis pas étonné qu'ils utilisent des armes au phosphore". Selon le consultant défense de BFM TV Michel Goyat, "quand il y a autant de phosphore, c'est qu'on a l'intention de brûler quelque chose, brûler des gens". Des propos tempérés à l'antenne par Olivier Lepick : "À ce stade, il faut rester extrêmement prudent. Il est beaucoup trop tôt pour conclure. Même si ces armes ont des caractéristiques très précises, qui permettent de les identifier."

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