Yaël Braun-Pivet, ministre et candidate LREM : "Une députée de la majorité est plus utile qu'une députée d'opposition"

Yaël Braun-Pivet, ministre et candidate LREM : "Une députée de la majorité est plus utile qu'une députée d'opposition" YAEL BRAUN-PIVET. Ministre des Outre-mer et candidate aux législatives dans les Yvelines, Yaël Braun-Pivet défend les couleurs de la majorité présidentielle et veut convaincre les électeurs de choisir le projet d'Emmanuel Macron.

Ministre des Outre-mer depuis le 20 mai 2022, Yaël Braun-Pivet porte également la casquette de candidate aux élections législatives dans la 5ème circonscription des Yvelines (Maisons-Laffitte, Sartrouville, Le Vésinet, Le Mesnil-le-Roi, Montesson). Élue en 2017 sous l'étiquette de La République en marche, l'avocate de métier entend bien conserver son siège à l'Assemblée nationale et faire sa part dans l'obtention d'une majorité présidentielle au palais Bourbon. Yaël Braun-Pivet joue gros pour ces législatives car comme les quatorze autres ministres en course, elle doit remporter le scrutin si elle souhaite rester à la tête du ministère. Mais le risque est mesuré, la circonscription francilienne étant un territoire plutôt favorable à Emmanuel Macron. Cependant "une campagne n'est jamais gagnée d'avance" reconnaît la ministre qui promet d'être sur le terrain jusqu'à la dernière minute.

Briguant un deuxième mandat, la députée veut poursuivre les actions initiées depuis 2017 mais elle se dit également pleine d'ambitions pour les politiques à mener en Outre-mer, des projets que Yaël Braun-Pivet détaille pour Linternaute. La ministre revient aussi sur sa campagne législative, bien différente de celle de 2017, et sur les adversaires de la majorité présidentielle, la Nupes en tête. A noter que pour des problèmes d'agenda, Yaël Braun-Pivet à souhaiter répondre à nos questions par écrit.

Linternaute.com - Vous vous représentez dans la 5ème circonscription des Yvelines : ce n'est pas difficile d'être une candidate LREM en 2022 ? Emmanuel Macron ne bénéficie plus de la même popularité, l'ambiance sur le terrain s'est-elle crispée par rapport à 2017 ?

Yaël Braun-Pivet - Ce n'est pas difficile d'être une candidate de la majorité présidentielle en 2022. C'est évidemment différent de l'ambiance de 2017 où nous étions inconnus. Si nous avons vécu cinq années difficiles, nous pouvons dire tout de même que notre pays va mieux aujourd'hui qu'en 2017. La France est redevenue attractive. Elle est le premier pays d'Europe en terme d'investissements étrangers, le taux de chômage n'a jamais été aussi bas depuis 15 ans, les maux qui touchaient notre pays depuis des décennies sont en passe d'être réparés. C'est grâce aux réformes conduites par le président de la République depuis 2017 que ces résultats sont possibles. Mais c'est aussi grâce aux efforts de nos concitoyens, à leur travail, que les réformes menées portent leurs fruits. On peut mener les réformes que l'on souhaite, si ceux qui créent de l'emploi, qui innovent, qui font vivre nos territoires ne s'en emparent pas, elles ne produiront pas leurs effets. 

Je pense au plan "1 jeune, 1 solution" qui a permis à de nombreux jeunes de sortir de la fatalité et de trouver une formation, une alternance, un emploi. Je pense à France Relance qui a permis, dans ma circonscription, à 14 entreprises de bénéficier de plus de 2,5 millions d'euros pour les aider dans leurs projets. Je pense à une entreprise d'aéronautique à Sartrouville qui a bénéficié de près de 800 000 euros pour moderniser sa chaîne de production. Je pense aussi aux communes qui ont été aidées par l'Etat pour moderniser des bâtiments comme l'école Jean Jaurès à Sartrouville. Si tout cela a été possible, c'est grâce à l'action du président de la République avant la crise, dans les réformes et durant la crise et dans les mois qui ont suivi. Les Françaises et les Français ne s'y sont pas trompés, le Président a été largement réélu. Ils ont vu que l'action résolue menée depuis 2017 porte ses fruits.

Nous devons continuer pour atteindre des objectifs que beaucoup pensaient inatteignables il y a quelques années : le plein emploi, la souveraineté industrielle et numérique, la transition énergétique. Et nous devons continuer à faire du terrain comme je l'ai fait pendant 5 ans, être à l'écoute, co-construire avec les acteurs locaux, les élus, les chefs d'entreprises, les associations. Nous devons continuer d'améliorer le quotidien des Français et répondre à leurs attentes. Elles sont grandes, nous devons être à la hauteur.

Si vous êtes réélue, qu'apporterez vous à votre circonscription ? Quel est le principal projet que vous comptez porter pour vos administrés sur le prochain quinquennat ?

Je souhaite continuer ce que j'ai initié depuis 2017 : faire vivre la démocratie et rendre compte du mandat que l'on m'a confié. La proximité, l'écoute, la transparence sont les valeurs qui ont guidé mon action durant cinq ans. Je pense que notre société a besoin de dialogue, d'écoute et de débat d'idées. C'est comme cela que se construisent les solutions, ensemble

"Parler de 3ème tour, de s'opposer au projet du président de la République, c'est parler de la revanche de quelques-uns et non de ce que l'on veut faire demain."

Je veux porter l'idée que rendre compte, ce n'est pas seulement dire ce que l'on a défendu ou porté, mais aussi montrer l'efficacité de l'action publique, son caractère concret sur notre territoire et dans la vie de tous les jours. Je veux pouvoir démontrer que chaque politique publique a profité à chacune des villes de ma circonscription. Nous ne votons pas des lois, nous ne mettons pas en œuvre des réformes pour quelques-uns mais pour chacun, partout. Je veux que ce que nous faisons au gouvernement, à l'Assemblée, ait des répercussions concrètes pour le plus grand nombre : améliorer l'accompagnement des jeunes vers l'emploi, préserver notre cadre de vie en encourageant le développement des mobilités douces avec les acteurs du territoire, en poursuivant le soutien à nos entreprises, à nos artisans et à nos commerçants et en renforçant les moyens de nos policiers. Je l'ai fait depuis cinq ans, voilà ce que je propose de faire durant cinq années de plus : du concret.

Cette circonscription a l'air plutôt sûre pour vous, compte tenu des scores d'Emmanuel Macron aux deux tours de l'élection présidentielle en avril. Une défaite ne serait-elle pas synonyme d'une très mauvaise campagne ? Redoutez vous que le projet de la Nupes ne crée une alternative plus séduisante que celui d'Emmanuel Macron ?

Une campagne n'est jamais gagnée d'avance. Il faut convaincre. Convaincre qu'une députée de la majorité est plus utile pour le territoire et les habitants qu'une députée d'opposition. Convaincre que c'est à l'intérieur du groupe majoritaire que l'on peut le mieux peser et faire avancer les choses. Convaincre que s'opposer n'est pas une politique mais, au contraire, un refus de faire de la politique et de chercher à améliorer la vie des gens. Parler de 3ème tour, de s'opposer au projet du président de la République, c'est parler de la revanche de quelques-uns et non de ce que l'on veut faire demain. Interdire, limiter, taxer, revenir sur ce qui a été fait ne constitue pas un projet politique et encore moins une alternative.

Et pour convaincre, il faut faire du terrain, ce que je fais depuis cinq ans : 29 réunions publiques, plus de 300 rendez-vous à ma permanence parlementaire, plus de 400 dans ma circonscription. Et puis parler du bilan : 55 policiers de plus dans les commissariats de ma circonscription, 50 classes de CP et de CE1 dédoublées à Sartrouville, la possibilité désormais de porter plainte à l'hôpital du Vésinet pour les victimes de violences intrafamiliales, entre autres choses qui ont concrètement changé la vie des habitants de notre territoire. Jusqu'à la dernière minute de campagne, je serai sur le terrain pour convaincre.

Nommée ministre des Outre-Mer, une défaite aux législatives signerait votre départ du gouvernement. Est ce que cela ne traduirait pas un désaveu pour LREM, le gouvernement et la politique d'Emmanuel Macron ?

Je suis, comme l'ensemble des candidats de la majorité présidentielle, en campagne pour convaincre. Je suis, comme depuis cinq ans, sur le terrain, auprès des habitants de ma circonscription, pour rendre compte de mon action, défendre mon bilan, les écouter et construire l'avenir avec eux. Pour mettre en œuvre son projet, le président de la République a besoin d'une majorité solide et expérimentée. C'est pour ce projet d'avenir et de progrès pour chacun que je me bats aujourd'hui, en tant qu'élue, en tant que ministre et en tant que candidate.

"L'union de la gauche ressemble davantage à une prise de contrôle de la gauche par l'extrême-gauche."

Si vous êtes qualifiée pour le second tour des législatives face à l'union de la gauche, espérez vous obtenir le soutien de la droite ?

La candidate LFI a choisi un suppléant LFI : ici, l'union de la gauche ressemble davantage à une prise de contrôle de la gauche par l'extrême-gauche. Cette union n'aura même pas duré jusqu'au premier tour : des socialistes locaux ont dénoncé un accord "de façade, imposé d'en haut". Les électeurs jugeront. Pour ma part, j'ai toujours appelé au dépassement des clivages : je travaille avec tous les élus de mon territoire. Trois des quatre maires de droite de ma circonscription ont choisi de faire alliance avec nous aux dernières élections municipales et ont intégré des élus de la majorité présidentielle dans leur équipe. Sur le territoire comme à l'Assemblée, j'ai toujours très bien travaillé avec tout le monde, majorité comme opposition. C'est cela être responsable et travailler pour l'intérêt collectif et non partisan. Je dis à celles et ceux qui veulent sincèrement s'engager à régler les problèmes et à faire avancer notre pays d'agir en responsabilité. Face à l'extrême gauche comme face à l'extrême droite, l'abstention n'est pas un choix responsable.

Si en revanche vous n'êtes pas qualifiée au second tour, donnerez vous des consignes de vote ?

Antoine de Saint-Exupéry a écrit : "Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir mais de le rendre possible". Je ne vais donc pas prévoir une situation de second tour avant même que le premier n'ait eu lieu ! Je suis aujourd'hui concentrée sur le premier tour, sans relâche, avec mes militants, sur le terrain. Je veux convaincre que le projet porté par le président de la République est le meilleur pour le pays. Convaincre que nous pouvons améliorer dès cet été le pouvoir d'achat des Français, atteindre le plein emploi, la neutralité carbone, l'indépendance industrielle, alimentaire et militaire, mener à bien la réforme des retraites. Convaincre aussi qu'il n'y a pas de fatalité et que nous pouvons réformer notre pays avec de l'ambition et du dialogue. Je veux rendre possible un deuxième mandat du président de la République qui serait un mandat de refondation de la construction de la prise de décision publique dans notre pays.

Vous avez par le passé pris des positions en décalage avec celles du gouvernement. En intégrant le gouvernement, vous acceptez de perdre votre liberté de ton ? Ou au contraire comptez vous imposer vos points de vue ?

J'ai des convictions et je les défends depuis toujours. C'est le cœur même de la politique. Il ne s'agit pas d'imposer mais de réussir à convaincre le collectif auquel on appartient. 

En tant que ministre, quel est votre dossier prioritaire pour les Outre-mer ? 

"Je suis au travail pour répondre à la vie chère et aux défis écologiques, économiques, sociaux et institutionnels des Outre-mer. Ma méthode est celle du terrain, de l'écoute, de la concertation."

Le président de la République a tracé une feuille de route claire pour chacun de nos Outre-mer. Ma priorité, c'est le concret, changer les vies de nos concitoyens sur chacun de ces territoires, en tenant compte de leurs spécificités. Je suis d'ores et déjà au travail pour répondre à la vie chère et aux défis écologiques, économiques, sociaux et institutionnels qui leur sont propres. Pour ce faire, ma méthode sera celle qui m'a toujours caractérisée : du terrain, de l'écoute, de la concertation. Je compte me déplacer dans chacun de nos Outre-mer rapidement, aller au contact de nos concitoyens et des élus, et prendre à chaque fois le temps du dialogue et de l'écoute. Pour agir au plus juste.

La défiance des Antilles vis-à-vis d'Emmanuel Macron s'est manifestée à la présidentielle. Comment les convaincre rapidement que vous avez pris la mesure de l'urgence sociale et économique ?

D'abord en allant la rencontre de nos concitoyens ultra-marins. Nous devons avoir des échanges sans filtre. Je crois en l'écoute et au dialogue. Je veux entendre ce qu'ils ont à me dire. Je veux aussi leur dire que le président de la République et ce gouvernement portent les Outre-mer dans leur cœur et sont pleinement mobilisés pour répondre aux difficultés qui sont les leurs. Ensuite, il nous faut agir vite et apporter des réponses à ces difficultés. Le projet de loi sur le pouvoir d'achat actuellement en préparation prouve les ambitions de ce gouvernement : nous allons apporter des réponses concrètes aux difficultés du quotidien des Français, et des Ultra-marins en particulier. C'est une première étape et il y en aura d'autres.

Emmanuel Macron a promis que l'action du gouvernement sera guidée par la transition écologique durant le quinquennat. Comment agit-on concrètement pour la planète en étant ministre des Outre-mer ?

Les ambitions très fortes du gouvernement en matière de transition écologique trouvent un écho naturel dans les Outre-mer car ce sont des territoires dont le potentiel est immense en la matière. Nous devons agir pour que les Outre-mer atteignent la neutralité carbone à horizon 2050. Doivent aussi être soutenues les innovations pour faire des Outre-mer des pionniers de la résilience et de l'autonomie énergétique. Sur ce point, la construction de centrales électriques valorisant les déchets devra être accélérée. L'économie bleue, aussi, sera une priorité, tout comme l'autonomie alimentaire, grand projet du candidat Emmanuel Macron durant la dernière élection présidentielle. L'autonomie alimentaire supposera de prendre des mesures fortes en donnant la priorité à la diversification agricole et de défendre avec force nos positions au sein de l'Union européenne.

Enfin, les territoires français de l'Outre-mer représentent une grande diversité d'habitats, d'espèces animales et végétales. C'est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles nous devons en être si fiers. Les Outre-mer doivent devenir le symbole de notre lutte contre l'effondrement de la biodiversité.

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