RTBF : des fuites des résultats aux législatives ou calme plat ?

RTBF : des fuites des résultats aux législatives ou calme plat ? RTBF. La Radio télévision belge francophone (RTBF) a marqué l'élection présidentielle avec une série de fuites sur les résultats avant 20 heures. Pour les élections législatives ce dimanche, la manière de procéder pourrait être radicalement différente...

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[Mis à jour le 12 juin 2022 à 17h53] La RTBF va-t-elle nous rejouer sa comédie belge ce dimanche 12 juin 2022, pour le premier tour des élections législatives, en publiant des estimations des résultats avant 20 heures ? Lors de la dernière présidentielle, la Radio télévision belge francophone avait suscité l'intérêt en dévoilant et en relayant des "sondages" donnant les résultats d'Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, alors que le scrutin était toujours en cours en France. Des sondages farfelus, sans source fiable clairement identifiée, qui parfois ont eu bien du mal à se vérifier dans les résultats officiels.

Ce petit jeu, auquel la RTBF est devenue experte, dure déjà depuis quelques quinquennats en réalité. Depuis 2007 en particulier, certains médias francophones à l'étranger, à commencer par la radio-télévision publique, se font un malin plaisir de doubler leurs homologues hexagonaux en publiant sur leurs sites internet des chiffres sur le résultat du scrutin suprême avant 20 heures, heure légale de fermeture des derniers bureaux de vote en France. Le tout, en pleine période de réserve pour les médias français, qui ont interdiction de dévoiler le moindre chiffre ou la moindre tendance jusqu'à la fin complète du scrutin.

la RTBF l'assume et dévoilait ainsi sur son site internet dès le dimanche 24 avril dernier au matin qu'elle diffuserait plusieurs vagues de résultats. Avant 19 heures, elle comptait diffuser de premiers sondages mais mettait tout de même en garde : "Les principaux instituts de sondage en France ont cependant conclu un accord cette année avec la commission des sondages pour ne plus effectuer ces coups de sonde. Le professionnalisme des sondages effectués cette année est donc sujet à caution." La RTBF rappelait aussi que ces sondages n'étaient qu'une "photographie à un temps t" du scrutin et que les écarts pouvaient alors être importants avec le score final...

La RTBF avait notamment livré le 24 avril, pour le second tour des élections, des estimations en provenance de "deux instituts de sondages" aux identités non précisées. La radio télévision belge (RTBF) avait aussi publié dès le milieu d'après-midi des résultats présentés comme "définitifs" pour plusieurs départements et territoires d'outre-mer. La Guyane, Saint-Pierre-en-Miquelon, la Guadeloupe, la Polynésie Française en faisaient partie. Linternaute.com, comme tous les médias français, ne pouvaient en revanche reproduire ces résultats avant 20 heures, la règle en France étant de ne communiquer aucun résultat tant que le scrutin est en cours.

La RTBF mentionnait alors "un sondage à la sortie des urnes", sans préciser l'institut lui ayant fourni cette estimation des résultats. Un procédé déjà employé en 2017 quand, dès le début d'après-midi, elle avait désigné Emmanuel Macron et Marine le Pen comme les deux finalistes de la présidentielle. Mais son estimation posait problème a bien des égards. D'abord, si elle a bien donné à l'avance le duo de finalistes, son estimation chiffrée s'est révélée assez largement inexacte. Emmanuel Macron a finalement distancé Marine Le Pen lors du premier round de l'élection avec près de 28% des suffrages contre un peu plus de 23% pour sa rivale. Un résultat bien éloigné du "coude-à-coude" annoncé.

La réponse de la commission des sondages

Sans doute un peu échaudée, la Commission des sondages avait donc répliqué sans tarder lors de l'élection du mois d'avril. Le jour même du premier tour de la présidentielle, elle avait annoncé avoir contacté l'institut Harris Interactive "pour s'assurer que l'engagement pris de ne pas réaliser de sondage sortie des urnes avait été respecté". Alors que le sondeur faisait partie des instituts français s'étant engagés à ne pas réaliser ce genre d'enquête, des questionnaires soumis à des des électeurs dans la journée ont circulé sur les réseaux sociaux.

Le mépris de la RTBF et des belges, la réaction des autorités françaises

Les mises en garde voire les menaces des instances encadrant l'élection en France n'y feront pourtant rien. La RTBF n'a d'ailleurs pas été la seule à narguer la CNCCEP. La Libre Belgique diffusera les mêmes estimations que ses confrères le 10 avril. Le journal le Soir pour sa part annoncera dès le matin du premier tour, dans un article publié sur son site Internet et intitulé "#RadioLondres: pourquoi les médias belges peuvent diffuser les résultats de la présidentielle avant 20h", son intention de publier de premières tendances dès 18 heures, ou en tout cas quand l'information serait "recoupée, fiable et sérieuse"...

Moins d'infos aux législatives ?

Mais pour ces législatives, la RTBF pourrait se faire plus discrète. Si la petite polémique provoquée en France par ses estimations douteuses et pas très confraternelles, n'a pas eu l'air d'émouvoir les journalistes belges, c'est surtout la nature du scrutin qui pourrait cette fois les empêcher de délivrer des chiffres avant l'heure fatidique. Il y a bien entendu l'intérêt pour l'élection, moins important que pour la présidentielle. Mais les élections législatives sont surtout bien plus difficiles à appréhender qu'une présidentielle.  Ce sont en réalité 577 scrutins qui sont organisés dans toute la France, et si des sondages d'intention de vote nationaux peuvent être menés comme quelques sondages dans une poignée de circonscription, aucune analyse exhaustive ne peut être menée, encore moins dans un laps de temps aussi court que le jour de l'élection elle-même. 

Les législatives, ce sont aussi des résultats connus plus ou moins tôt selon les territoires. A l'instar des circonscriptions des Français de l'étranger, dont les résultats du premier tour sont déjà connus depuis une semaine, certaines circonscriptions pourraient dévoiler des résultats très tôt dans la fin de journée ce dimanche. Dans les circonscription où le vote s'achève dès 18 heures, il n'est pas impossible en effet que le résultat soit connu de manière très précoce. Réduisant d'autant la possibilité pour la RTBF de faire des vagues.

Ces résultats publiés avant 20 heures sont-ils fiables ?


Il y a deux mois, pour le premier tour de la présidentielle, la Radio télévision belge francophone avait même publié des estimations du résultat plus tôt, dès la fin d'après-midi, violant la période de réserve imposée aux médias français pour ne pas biaiser l'issue du scrutin. Sur son site Internet où elle suivait l'élection dans un live, ainsi que sur les réseaux sociaux, la RTBF annonçait avant 19 heures "Emmanuel Macron et Marine Le Pen au coude-à-coude, avec 24% des voix". Elle affinait son estimation quelques minutes plus tard, créditant le président sortant de 24,7% et la candidate du RN de  23,5%.

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