Proportionnelle aux législatives : une idée qui divise... et qui peut aider le RN ?
Régulièrement dans le débat politique français, l'idée d'instaurer un scrutin proportionnel dans les législatives revient sur la table.
Des élections législatives à la proportionnelle ? Depuis des années, cette proposition en faveur d'un changement de mode de scrutin revient fréquemment dans les débats. Certains responsables politiques n'ont par ailleurs pas hésité à en faire une promesse de campagne. Aujourd'hui, les 577 députés de l'Assemblée nationale sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, un système parfois critiqué, car il exclut une représentation équitable des votes majoritaires dans l'organe législatif. La proportionnelle a été brièvement appliquée sous la Vème République, notamment en 1986 lorsque le président socialiste François Mitterrand l'a introduite pour tenter de contrer la montée inévitable de la droite après une défaite aux élections cantonales.
Cependant, le 16 mars 1986, la majorité RPR-UDF a remporté les élections législatives, menant Jacques Chirac à Matignon et inaugurant la première période de cohabitation de la Vème République. Le Front National a alors obtenu 35 sièges de députés. C'est la seule fois que ce mode de scrutin, qui alloue des sièges aux listes de candidats proportionnellement au nombre de voix reçues, a été utilisé sous la Vème République.
Qui défend des législatives à la proportionnelle ?
Mais depuis, l'idée de réinstaurer la proportionnelle aux législatives continue de séduire certaines formations politiques. François Bayrou, le président du Mouvement démocrate (MoDem), avait adressé une lettre en ce sens à Emmanuel Macron pour les élections législatives de 2022. D'autres personnalités politiques lui avaient emboîté le pas, de Jean-Luc Mélenchon des Insoumis à... Marine Le Pen, députée Rassemblement national.
Pour ses défenseurs, ce mode de scrutin permettrait d'avoir une Assemblée nationale bien plus représentative des Français. Mais pour ses détracteurs, la proportionnelle signifierait un hémicycle impossible à gouverner, une majorité trop instable pour voter les lois, puisqu'il serait difficile pour n'importe quel parti d'obtenir une majorité absolue. Il serait donc obligatoire pour les formations de s'allier et trouver des compromis de circonstances. Mais surtout, réinstaurer ce mode de scrutin ouvrirait mécaniquement un peu plus la porte à l'extrême droite, en capacité depuis des années d'être le parti pour lequel les Français votent le plus sur un seul tour.