Gilles Le Gendre : accusé de harcèlement sexuel, signalé par Dati... Que lui est-il reproché ?

Gilles Le Gendre : accusé de harcèlement sexuel, signalé par Dati... Que lui est-il reproché ? LE GENDRE. Gilles Le Gendre est au cœur d'une nouvelle affaire. Le député LREM de la 2e circonscription de Paris et candidat à sa réélection est sous le coup d'un signalement pour "harcèlement moral et sexuel". Un dossier ouvert par... Rachida Dati. Ce qu'il faut savoir.

[Mise à jour le 1er juin à 22h22] Après l'affaire Damien Abad, une affaire Gilles Le Gendre ? À moins de deux semaines du premier tour des élections législatives, le 12 juin, la macronie doit faire avec une nouvelle affaire. En effet, après le nouveau ministre des Solidarités, c'est au tour d'un poids lourd de LREM d'être visé par des accusations. En effet, Gilles Le Gendre , député de la 2e circonscription de Pairs, est visé par une affaire de "harcèlement moral et sexuel". Celui qui est candidat à sa réélection dans la capitale pourrait bien n'en être qu'au début d'une procédure judiciaire.

La personne à l'origine de ce signalement auprès du procureur de la République n'est autre que Rachida Dati. La maire du 7e arrondissement de Paris aurait recueilli plusieurs éléments incriminant l'ancien président du groupe LREM à l'Assemblée nationale. En outre, l'ancienne ministre de la Justice reproche à Gilles Le Gendre de ne pas avoir signalé à la justice des faits dont il aurait été mis au courant. Elle demande l'ouverture d'une enquête. Sur quels éléments se base Rachida Dati ? Pourquoi est-ce elle à l'origine de cette procédure ? Que répond le mis en cause ? Explications.

Pour quelles raisons Gilles Le Gendre est-il mis en cause par Rachida Dati ?

Lundi 30 mai 2022, Rachida Dati a adressé un courrier au parquet de Paris, comme l'a dévoilé Le Parisien. Dans ses écrits, dévoilés par Le Parisien et Le Monde, Rachida Dati indique que le prédécesseur de Christophe Castaner au palais Bourbon a été "mis en cause publiquement à plusieurs reprises, depuis 2020, dans des affaires de harcèlement moral et sexuel." Selon les déclarations de l'ancienne ministre de la Justice, il aurait eu des "comportements inappropriés" à l'encontre d'une collaboratrice parlementaire, dont cette dernière aurait fait part à Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, selon Médiapart. Par ailleurs, Rachida Dati ajoute, dans son propos, des soupçons "d'abus sexuels" de la part de Gilles Le Gendre, publiés par l'ancien député LREM Joachim Son-Forget, dans un message publié sur les réseaux sociaux, fin mai. Il évoque "un chef des députés LREM qui était soupçonné lui-même d'abus sexuels ."

Au dossier également, un communiqué de sept organisations syndicales de collaborateurs parlementaires, publié le 27 février 2020, dans lequel il est indiqué que Gilles Le Gendre, alors patron des députés LREM, avait été informé d'accusations de harcèlement moral et sexuel "s'agissant d'au moins un député" de son groupe. Or, quelques heures plus tôt, Gilles Le Gendre avait affirmé, quelques heures plus tôt sur France Inter, "ne pas avoir connaissance de cas précis de harcèlement moral et sexuel à l'Assemblée nationale." Ce même jour, un article de Médiapart indiquait que "Gilles Le Gendre ne saurait l'ignorer, au moins deux députés LREM sont accusés de harcèlement sexuel par des ex-collaboratrices." Rachida Dati ajoute ainsi dans son signalement : "cet état de fait interroge sur la non-dénonciation de délit de la part du groupe dont Gilles Le Gendre était le président et dont il avait connaissance - voire de crimes si les limites du harcèlement avaient été franchies."

Pourquoi est-ce Rachida Dati qui traine Gilles Le Gendre devant la justice ?

Après avoir accumulé ces divers articles de presse, Rachida Dati a donc décidé de faire un signalement à la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, en vertu de l'article 40 du code de procédure pénale. Ce dernier dispose que "toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs." C'est donc en sa qualité de maire du 7e arrondissement de Paris que l'ex-Garde des Sceaux a agi, invoquant "l'ouverture d'une enquête au regard des faits, tout particulièrement au regard de la qualité des faits, de la qualité de leurs auteurs présumés et de l'enceinte institutionnelle où ils se seraient produits."

Au-delà des accusations dont fait l'objet Gilles Le Gendre, la démarche de Rachida Dati est aussi de porter un coup politique à un adversaire. Le mis en cause étant le député d'une partie du 7e arrondissement dont l'ancienne ministre est maire, il s'agit là d'une opportunité pour mettre en difficulté le candidat à sa réélection sur un territoire toujours acquis à la droite (Jean Tibéri de 1988 à 2012, puis François Fillon), avant que LREM ne s'en empare en 2017, au détriment de Nathalie Kosciusko-Morizet. Pour les scrutins du 12 et 19 juin prochains, Rachida Dati est une fervente soutien de l'opposant LR à Gilles Le Genre, Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e arrondissement.

Pourquoi Gilles Le Gendre est-il accusé d'"abus sexuels" par Joachim Son-Forget ?

Trublion de LREM, Joachim Son-Forget, député des Français de l'étranger, est intervenu dans le signalement fait par Rachida Dati. La raison ? Un post sur Facebook datant du 28 mai 2022, dans lequel il indique que "Gilles Legendre est la raison même de mon départ de LREM. J'en avais informé explicitement le président de la République en janvier 2019." Il fait alors mention d'un "chef des députés LREM (Gilles Le Gendre en l'occurrence à cette époque, ndlr) qui était soupçonné lui-même d'abus sexuels qui m'ont été rapportés directement par les victimes présumées, collaborateur et militants du groupe et du parti. "Je connais tous les détails. Le candidat à sa succession assure "connaî[tre] tous les détails. J'ai des noms et des témoins", dit-il. "La vérité doit enfin éclater. Elle a été étouffée en donnant des postes à ceux qui devaient se taire et en changeant le chef de file des députés en marche."

Que dévoile l'article de Médiapart de mai 2022 sur Gilles Le Gendre ?

C'est le plus récent article de presse mettant en cause Gilles Le Gendre. Le 25 mai 2022, Médiapart dévoile que le député de Paris a fait l'objet d'accusations d'une collaboratrice parlementaire pour des "comportements déplacés et inappropriés", lesquels seraient "susceptibles de recevoir, sous réserve de l'appréciation du parquet et des tribunaux, une qualification pénale" selon les dires de la victime présumée auprès de Richard Ferrand président de l'Assemblée nationale, qu'elle a rencontré le 6 septembre 2018. Elle ne souhaite pour autant pas aller plus loin. De son côté, Gilles Le Gendre se serait défendu en évoquant une "calomnie." Une autre scène de comportements inappropriés de l'élu se serait produite, selon Mathilde Viot, auteure du livre L'homme politique, moi j'en fais du compost, sans livrer davantage de détails.

Gilles Le Gendre a-t-il caché des cas de harcèlement sexuel ? 

Dans un communiqué de presse daté du 27 février 2020, dont fait mention Rachida Dati, sept organisations syndicales (CFE-CGC, CFTC, CGT, CFDT, SNCP, Solidaires et UNSA) indiquaient qu'en septembre 2019, une demande de rendez-vous avait été formulée auprès de Gilles Le Gendre, président du groupe LREM à l'Assemblée, pour évoquer un cas de harcèlement sexuel envers un collaborateur ou collaboratrice, imputé à un député LREM. "Jamais M. Le Gendre n'a daigné nous recevoir en personne. Il a missionné un vice-président du groupe pour le faire", expliquaient alors les syndicats, ajoutant avoir eu un rendez-vous avec ledit vice-président dans le courant du mois de septembre 2019. Or, malgré ce, Gilles Le Gendre avait affirmé le 10 janvier 2020 dans "Quotidien", puis ce 27 février de la même année, sur France Inter, ne pas avoir "connaissance de cas précis suspects" de harcèlement moral et sexuel à l'Assemblée. Des "allégations mensongères" selon les syndicats.

Gilles Le Gendre déjà mis en cause par Médiapart en février 2020 

Car le même jour que l'interview de Gilles Le Gendre sur France Inter et du communiqué des syndicats -le 27 février 2020 donc-, Médiapart évoquait "le mensonge" de celui qui était alors président des députés LREM à l'Assemblée nationale. Selon le média d'investigation, sur lequel s'appuie Rachida Dati dans son signalement, "Gilles Le Gendre ne saurait l'ignorer, au moins deux députés LREM sont accusés de harcèlement sexuel par des ex-collaboratrices, des cas documentés par Mediapart. Des cas qui ne peuvent lui être étrangers en tant que président de groupe."

Ce qu'avait finalement fini par admettre l'élu de la 2e circonscription de Paris, auprès de Médiapart, affirmant être "évidemment au courant" de ces deux dossiers et qu'ils faisaient l'objet d'une procédure judiciaire. Les deux députés visés ? Stéphane Trompille (4e circonscription de l'Ain) et Pierre Cabaré (1ere circonscription de Haute-Garonne). Le premier a été reconnu coupable, en première instance, de harcèlement sexuel, décision dont il a fait appel. L'affaire du second est toujours examinée par la justice. Aucun des deux n'a été réinvesti par LREM pour les législatives de 2022.

Que répond Gilles Le Gendre ?

Face à ces divers documents mis dans le dossier du signalement par Rachida Dati, Gilles Le Gendre n'a pas tardé à réagir. D'abord, le député réfute les allégations, indiquant qu'"aucune plainte n'a été déposée." En revanche, il a ajouté que "dès lors que cette mise en cause devient publique et prend un tour politique manifeste, j'ai demandé à mon avocat d'engager des poursuites pour dénonciation calomnieuse contre celles et ceux qui y auront pris part." Compte-tenu du contexte politique, Gilles Le Gendre estime qu'à l'approche des élections législatives, et au regard du soutien de Rachida Dati à son adversaire Jean-Pierre Lecoq, "il est facile d'imaginer les motivations de cette témoin de moralité autoproclamée.

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