RadioLondres, Twitter : des tendances, des estimations avant 20h pour les législatives ?
RADIO LONDRES. Tendances, estimations, ou simples traits d'humour ? Le hashtag #RadioLondres fait son grand retour ce dimanche 19 juin pour le 2e tour des élections législatives. Avec toujours la même méfiance sur les résultats suggérés...
Cherchez un résultat aux législatives près de chez vous
[Mis à jour le 19 juin 2022 à 18h20] A l'heure d'Internet, tout un chacun avec un ordinateur ou un téléphone portable peut consulter et partager des estimations qui se résument parfois à de simple traits d'humour de surcroît. Et au milieu de ce brouhaha, aussi ubuesque que cela puisse paraître, les sites étrangers ont toute liberté pour mettre en ligne des estimations de résultats en fin d'après-midi. Et même les élections intermédiaires y passent. Ce fut le cas pour les dernières législatives également. Quelques fuites sont apparues également sur les réseaux sociaux pour les élections européennes. Qu'en sera-t-il ce dimanche et verrez-vous apparaître le curieux #RadioLondres sur les réseaux sociaux ?
La demande d'estimations est forte à chaque journée de scrutin national, et les législatives ne font pas exception. Sur les réseaux sociaux, particulièrement Twitter où circule le hashtag #RadioLondres, les estimations des médias étrangers fleurissent dès la mi-journée au milieu de nombreuses tendances plus ou moins humoristiques ou à prendre avec grande précaution. Nombre de comptes publient en effet – en prenant le risque d'être sanctionnés par la justice – des messages codés de manière grossière, accompagnés du célèbre hashtag. "La rose perd des pétales, je répète la rose perd des pétales", écrivait par exemple un twitto lors des dernières législatives pour faire référence à la déroute du PS. Si des médias fiables disposent d'informations sérieuses dont ils ne peuvent rendre compte, ces tendances publiées par tout un chacun sont ainsi foison. Mais entre véritables estimations et intox, elles rendent difficile pour le lecteur de faire part des choses. Il n'est pas rare que se cache en réalité derrière ces comptes des militants qui veulent faire réagir sur Twitter.
82 ans après le célèbre appel du 18 juin du Général de Gaulle depuis Londres sur les antennes de la BBC pour mobiliser les Français contre l'Allemagne nazie et refuser la défaite de 1940, ce terme de Radio Londres va sans doute refaire surface ce dimanche. Au lendemain des célébrations de ce discours historique, un clin d'oeil d'un tout autre ordre devrait être fait ce dimanche à cet acte fondateur, sur les réseaux sociaux cette fois, à l'occasion des élections législatives 2022. Sous le hashtag #RadioLondres, un "mot-dièse" qui aurait sans doute laissé le Général dubitatif, de nombreux messages vont s'échanger tout au long de la journée, tantôt pour un trait d'humour, tantôt pour un message militant, et parfois - rarement - pour livrer une estimation ou une tendance sur le résultats de ces législatives avant l'heure légale de 20 heures. Le tout sur fond de messages codés dont la plupart sera particulièrement facile à déchiffrer.
RadioLondres, le nom de code de la RTBF et consorts
Depuis 2012, le hashtag #RadioLondres, clin d'oeil aux messages codés de la résistance, diffusés depuis Londres pendant l'occupation, revient à intervalles réguliers au fil des élections, principalement celles relevant d'un enjeu national. Il est alimenté par des Twittos souvent à la recherche d'un bon mot, mais parfois aussi en possession de chiffres crédibles. Les médias belges et suisses, à l'instar de la RTBF, utilisent aussi ce nom de code en plus de diffuser des tendances sur les élections avant 20 heures, ne manquent pas de partager ces résultats sur les réseaux sociaux.
Ainsi, sur Twitter, fleurissent à chaque élection bon nombre de messages sous le hashtag #RadioLondres se targuant de donner une indication des résultats. Le second tour des élections législatives ne devrait pas échapper à la règle. Sur Twitter, de nombreuses publications estampillées #RadioLondres émanent déjà de comptes tout aussi pléthoriques, sérieux ou non, depuis la clôture de la campagne officielle vendredi à minuit.
Traductions, détournements et mise en garde
Pour lire Radio Londres, il faut en plus savoir déchiffrer les messages codés. L'inventivité des internautes ne semble pas avoir de limite pour diffuser des messages pour prétexter donner les résultats. Les messages sibyllins de Radio Londres sont rédigés à travers des métaphores permettant d'identifier, malgré tout, les candidats, sans trop de difficultés. Des jeux de mots liés au nom de famille (Zemmour associé à l'olivier, "Zemmour" étant le nom de l'arbre en berbère ; Pays-Bas pour Hollande en 2012), aux caractéristiques (en 2017, Macron était surnommé "le gamin", puis "Jupiter" en 2022 ; "talonnettes" était utilisé pour Sarkozy). Au regard de la diversité des candidats aux législatives, bon nombre de métaphores du même acabit devraient être utilisées.
Le hashtag #RadioLondres doit néanmoins inciter à la méfiance. Outre le caractère facétieux de certains Twittos, La Commission des sondages avait aussi rappelé, à cinq jour de la présidentielle, que "tous les chiffres qui seraient diffusés avant 20 heures seraient faux". Début avril dans un autre communiqué, elle indiquait en effet avoir obtenu "des 8 principaux instituts de sondages (BVA, Elabe, Harris Interactive, Ifop, Ipsos, Kantar, Odoxa, OpinionWay) l'assurance qu'aucun d'entre eux ne réalisera le 10 avril de sondages "sortie des urnes"". En conséquence, "toute référence, le jour du scrutin, à de tels sondages ne pourra être que le fruit de rumeurs ou de manipulations et partant, [...] aucun crédit ne devra leur être accordé", ajoutait-elle.
Radio Londres a été peu à peu détournée de sa fonction initiale lors de son apparition sur les réseaux sociaux. Si, initialement, les messages publiés avaient pour visée de remettre en avant les sondages ou d'annoncer de vrai-faux résultats de manière humoristique, les messages ont, ces derniers temps, pris une toute autre tournure. En effet, des militants de divers camps politiques n'hésitent pas à multiplier les posts favorables à leur poulain afin de tenter d'influencer le vote des électeurs qui ne seraient pas décidés ou qui ne se seraient pas encore rendus aux urnes. Et ce, alors que la portée est tout de même limitée, Twitter n'étant absolument pas représentatif de l'opinion française. Lors du 1er tour de l'élection présidentielle 2022, les partisans d'Eric Zemmour, adeptes des campagnes virales sur les réseaux, n'avaient en effet pas hésité à publier à tour de bras des tweets vantant la qualification de leur champion au 2e tour, lui qui la clamait les jours précédents. Résultat des courses : il a terminé 4e à moins de 10 %... De quoi garder la tête froide pour les scrutins suivants, notamment celui de ce dimanche.