Marc Dutroux : après 25 ans en prison, le tueur pédophile peut-il être libéré ?

Marc Dutroux : après 25 ans en prison, le tueur pédophile peut-il être libéré ? DUTROUX. Condamné à la prison à perpétuité en 2004 pour la séquestration, le viol et l'assassinat de six filles mineures, Marc Dutroux a vu toutes ses demandes de remise en liberté refusées. Retour sur l'affaire Dutroux.

[Mis à jour le 26 août 2022 à 16h40] Il dort derrière les barreaux depuis 25 ans. Marc Dutroux condamné en 2004 à la réclusion criminelle à perpétuité à la prison de Nivelles en Belgique, a plusieurs fois demandé à être libéré de sa cellule. Celui qu'on appelle le "monstre de Charleroi" et coupable de la séquestration, du viol et de l'assassinat de six jeunes femmes, dont certaines mineures, peut demander une libération conditionnelle depuis 2013 mais toutes ses tentatives se sont soldées par des échecs. L'homme rêve de sortir de prison, comme son ex-femme et complice, Michelle Martin placée sous bracelet électronique en 2012 et remise en liberté totale ce 26 août 2022, mais le risque de récidive du tueur est trop grand selon les experts.

En 2019, Marc Dutroux avait entamé sa troisième demande de libération conditionnelle avant d'être découragé pour les conclusions inchangées des psychiatres sur son cas et sa dangerosité.  Sans compter que la libération même partielle du tueur pédophile et ancien ennemi numéro 1 de Belgique susciterait une colère sans précédent. Une colère déjà visible avec la libération totale de Michelle Martin reconnue coupable de complicité dans la séquestration et le viol de six fillettes.

Quel est le quotidien de Marc Dutroux en prison ?

Vingt années de prison ont laissé des traces sur la santé de Marc Dutroux. L'avocat du tueur et violeur en série, Me Bruno Dayez, décrivait l'homme comme dépressif et "au fond du gouffre" devant la presse belge en février 2021. L'argument devait servir à justifier la demande de libération conditionnelle qui n'a jamais abouti. 

Détenu à la prison belge de Nivelles, dans une cellule de 9 m2, depuis son incarcération en 1996, Marc Dutroux est placé sous un régime d'isolement qui limite strictement ses visites, ses activités et le prive de l'accès à certains objets. Une surveillance que déplorait l'avocat du monstre de Charleroi dans les pages de Dernière Heure en février 2021. Me Dayez avait indiqué que son client n'avait pas le droit de téléphoner et ne pouvait pas lire son courrier seul.

Malgré le régime d'isolement et la gravité des actes dont il a été reconnu coupable, Marc Dutroux a pu travailler dans la prison à partir de 2015, soit après 19 ans d'incarcération. Il s'occupait trois heures par jour en étant technicien de surface au sein du centre pénitentiaire. Un travail qu'il a décidé d'arrêter en 2021, car la prison lui mettait "sans cesse des bâtons dans les roues" selon les propos rapportés par son avocat à la presse : "On lui imposait des horaires pas possibles, on lui imposait de commencer à 6 heures du matin sans que cela se justifie, on lui interdisait d'aller travailler en short, on le laissait attendre une heure dans le froid. On lui cherchait des noises pour des choses absurdes..." Sans travail, le quotidien du tueur se résume à être seul dans sa cellule ou à être seul dans la cour, quelques heures par jour.

Marc Dutroux peut-il obtenir la liberté conditionnelle ?

Marc Dutroux a été condamné à la plus lourde des peines, la réclusion criminelle à perpétuité, ce qui réduit presque à néant ses chances d'obtenir la liberté conditionnelle. Une possibilité qui s'est pourtant offerte à Michelle Martin, sa femme et complice à l'époque des faits. Celle-ci a échappé à la perpétuité en écopant de 30 ans de prison, une peine réduite à 16 ans de prison ferme et à 10 années de liberté conditionnelle.

Le tueur a cependant plusieurs fois tenté d'obtenir un aménagement de sa peine. La première tentative en 2012 s'était avérée être un échec, mais l'homme gardait espoir d'être placé en semi-liberté sous bracelet électronique en avril 2013, date à laquelle selon les termes de la loi, il est devenu libérable. La même année, le tribunal d'application des peines (TAP) devait statuer sur la demande de libération conditionnelle de Marc Dutroux mais l'avait rejetée. Une décision justifiée par "l'absence de perspective de réinsertion" mais aussi l'absence d'hébergement pour sa remise en liberté. L'ami qui s'était d'abord proposé pour loger le tueur et pédophile avait finalement changé d'avis, dès lors les deux conditions sine qua non à la liberté conditionnelle n'étaient pas remplies. La possibilité d'une récidive avait aussi motivé la décision du TAP, les experts avaient notamment jugé le risque important. Un avis que partageait la mère de Marc Dutroux d'après ses déclarations à la presse reprise par Le Parisien :  "Marc n'est pas prêt pour être libéré parce qu'il veut toujours attribuer aux autres la responsabilité de ses actes. Je suis certaine qu'il va recommencer. Il n'a aucun sens des réalités. C'est un récidiviste."

En octobre 2019, Marc Dutroux avait demandé à être de nouveau expertisé par des psychiatres pour une nouvelle demande de remise en liberté. Pour le processus, le tueur avait aussi adressé une lettre aux parents de ses victimes, le document avait suscité la profonde colère des familles. Le projet du prisonnier avait été découragé par cette mauvaise publicité ainsi que par un rapport d'experts de 2020 qui expliquait que Marc Dutroux était toujours un psychopathe et un danger certain pour la société.

Qui sont les victimes de Marc Dutroux ?

Le monstre de Charleroi a tué plusieurs de ses victimes. Les corps de Julie Lejeune, âgée de 8 ans et demi, et de Melissa Russo, 9 ans, sont découverts quatre jours après son interpellation dans sa résidence de Sars-la-Buissière, le 17 août 1996. Quelques jours plus tard, deux nouveaux corps sont exhumés. Il s'agit de ceux d'An Marchal et d'Eefje Lambrechts, âgées de 17 ans et de 19 ans. Marc Dutroux est reconnu coupable de les avoir tuées. À leurs côtés, les enquêteurs retrouvent également le corps de Bernard Weinstein, ancien complice de Marc Dutroux, qu'il a également assassiné. Enfin, deux filles sont retrouvées vivantes, séquestrées dans la maison de l'homme : Sabine Dardenne, 12 ans, et Laetitia Delhez, 14 ans. Après avoir été enlevées, les deux filles ont été violées par Marc Dutroux. Leurs témoignages ont notamment permis de comprendre le rôle de Michelle Martin, qui a été accusée d'avoir laissé mourir de faim Julie et Melissa lorsque son mari avait été emprisonné.

Quelle est l'affaire Marc Dutroux ?

Marc Dutroux et sa deuxième femme, Michelle Martin, ont sévit pendant plus d'une dizaine d'années entre la fin des années 1980 et 1996. La première arrestation du pédophile a lieu en 1986 pour l'enlèvement, la séquestration et le viol de cinq fillettes et adolescentes mais le couple ne sera condamné qu'en 1989 pour ce qui peut être considéré comme le premier acte de l'affaire Dutroux. Lui écope d'une peine de 13 ans de prison quand sa femme est condamnée à 5 ans d'emprisonnement pour complicité de viols sur mineurs. Mais aucun des deux n'ira jusqu'au bout de la peine, Michelle Martin sort de prison après seulement deux ans de détention et Marc Dutroux et remis en liberté en 1992.

Libres et mariés pendant leur séjour en prison, les deux amants sont de nouveaux interpellés en 1996 alors qu'une suite d'enlèvements est observée depuis juin 1995 en Belgique. Marc Dutroux a alors 39 ans et sa femme 36 ans. Après deux jours de garde à vue, les aveux du tueur en série permettent de retrouver deux jeunes filles emmurées vivantes dans la cave de la maison du couple à Marcinelle, Laetitia Delhez et Sabine Dardenne. Plus tard, les corps de quatre autres victimes sont retrouvés dans d'autres maison : Julie Lejeune et Melissa Russo, mortes de faim dans la résidence principale de Marc Dutroux à Sars-La-Buissière et les restes de deux adolescentes flamandes An Marchal et Eefje Lambrechts dans un troisième domicile.

Le procès de l'affaire Dutroux débute le 1er mars 2004, alors que Marc Dutroux et ses complices, Michelle Martin, qui a divorcé du tueur un an plus tôt, et Michel Lelièvre sont en détention. Après plusieurs semaines de procès et de délibérations, le tueur et violeur est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, Michelle Martin à 30 ans de prison et Michel Lelièvre à 25 ans.

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