Eric Dupond-Moretti : sa réaction après la garde-vue de son fils Raphaël
C'est un Eric Dupond-Moretti "dévasté" qui s'est exprimé au micro de plusieurs médias, dont franceinfo et TF1, ce vendredi 27 janvier, à la mi-journée. Selon la première chaîne, le fils du ministre de la Justice Raphaël Dupond-Moretti a été placé en garde à vue jeudi soir pour des soupçons de violences conjugales. Une information confirmée par plusieurs médias depuis et par le ministre lui-même.
"En tant que père, je suis dévasté"
(Eric Dupond-Moretti)
"En tant que père, je suis dévasté", a ainsi réagi le Garde des Sceaux. "J'ai une pensée pour la victime. Chaque violence, quelle qu'elle soit, est intolérable", a ajouté Eric Dupond-Moretti, qui entend distinguer le ministre de la Justice du citoyen dans la médiatisation de cette affaire. Le premier a rappelé qu'il n'avait "cessé de lutter contre les violences faites aux femmes et pour que leur parole soit prise en compte". Mais le second demande "qu'on respecte [s]a vie familiale". Les deux s'accordent néanmoins pour dire qu'il "appartient désormais à la Justice de faire son travail".
Une affaire dans un contexte délicat pour le ministre
Cette affaire visant un membre de sa famille est un fardeau de plus pour le ministre de la Justice, qui devrait être lui-même jugé prochainement par la Cour de justice de la République dans un contexte très différent. Un procès a en effet été ordonné lundi 3 octobre 2022 par une commission d'instruction de la CJR contre Eric Dupond-Moretti, une première dans l'histoire, le Garde des Sceaux étant le premier membre en fonction d'un gouvernement à être renvoyé devant cette juridiction.
Eric Dupond-Moretti est dans le viseur de la CJR depuis janvier 2021, pour "prise illégale d'intérêts". Un possible règlement de comptes auquel il se serait adonné depuis sa nomination comme Place Vendôme à l'été 2020, dans le gouvernement Castex. Tout juste en place, il avait alors ordonné des enquêtes administratives contre plusieurs magistrats avec qui il avait été en conflit durant sa carrière d'avocat.
Des dossiers de "prise illégale d'intérêts"
Edouard Levrault, ancien juge d'instruction à Monaco, fait partie des victimes présumées. Lorsqu'il était en poste dans la Principauté, le magistrat avait fait l'objet d'une plainte déposée par Eric Dupond-Moretti, lequel défendait Christophe Haget, alors directeur de la police judiciaire monégasque et incriminé par Edouard Levrault lors d'un reportage de France 3 dans une enquête sur des ventes de tableaux. L'objet de la plainte déposée par le futur ministre : "violation du secret de l'instruction." L'enquête menée par le Conseil supérieur de la magistrature a conclu, en septembre 2022, qu'aucune faute n'avait été commise.
Le deuxième dossier est celui, plus médiatisé, du Parquet national financier (PNF). Eric Dupond-Moretti avait déposé plainte en juin 2020 contre l'institution pour "violation de l'intimité de la vie privée et du secret des correspondances" après avoir appris que ses relevés téléphoniques avaient été épluchés dans le cadre de l'affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2007. Les enquêteurs cherchaient alors la personne qui aurait informé l'ancien président de la République qu'il était lui aussi sur écoute.
Alors qu'une première inspection lancée par l'ancienne ministre de la Justice Nicole Belloubet avait abouti au blanchissement de la juridiction, une nouvelle enquête prédisciplinaire avait été lancée mi-septembre 2020 à l'initiative d'Eric Dupond-Moretti contre trois magistrats du PNF. L'ex-cheffe du PNF Eliane Houlette et son numéro 2 Patrice Amar ont été blanchis en octobre 2022 de poursuites disciplinaires.
Eric Dupond-Moretti peut-il démissionner ?
Dans cette affaire, Eric Dupond-Moretti a toujours nié les faits qui lui sont reprochés et refusé de démissionner, se targuant notamment en avril 2022 de la "confiance" de la Première ministre Elisabeth Borne, confiance confirmée à l'AFP par Matignon. Assurant que la procédure le visant n'avait "jamais entravé (son) travail", le ministre de la Justice assurait au printemps dernier qu'un pourvoi en cassation avait été formé et entendait faire valoir "un certain nombre d'éléments de droit".
"S'il fallait que je sois jugé, je dirais ce que j'ai à dire, je suis un justiciable comme un autre", a ajouté le ministre en marge d'un déplacement à Paris à l'époque. Un discours qui ne devrait pas changer, tant que la Cour de cassation n'a pas statué sur la validité ou non d'un procès. S'il venait à être confirmé, ce dernier ne devrait pas avoir lieu avant fin 2023.