Donald Trump peut-il redevenir président des Etats-Unis en 2024 ?
Alors qu'il s'apprête à annoncer sa candidature à l'élection présidentielle américaine de 2024, Donald Trump peut-il être réélu ? La route semble semée d'embûches.
La "grande annonce" est imminente. Sauf retournement de situation, Donald Trump va se déclarer candidat à l'élection présidentielle américaine de 2024 ce mercredi 16 octobre 2022, en pleine nuit heure française. Depuis son domicile de Mar-a-Lago, en Floride, l'ancien président des Etats-Unis devrait officiellement se lancer dans la course pour la Maison blanche, lui qui n'a jamais reconnu la victoire de son successeur, le démocrate Joe Biden. Membre du Parti républicain (droite, conservateurs), le milliardaire devra d'abord passer l'étape de l'investiture par le "Grand Old Party". Une course interne qui pourrait, déjà, freiner ses ambitions d'un retour à Washington. La route vers le Bureau ovale n'est pas si dégagée que cela.
Les midterms, un caillou dans la chaussure
Donald Trump ne semble plus faire l'unanimité et susciter à nouveau l'engouement qu'a connue sa candidature en 2016, puis en 2020. La frange extrémiste du parti qu'il représente apparaît comme un repoussoir pour la majorité des membres du Parti républicain, bien qu'il conserve une base solide d'environ 30% d'électorat acquis à sa cause. Les propos constants sur l'élection "volée" de 2020, l'attaque du Capitole en janvier 2021, ses affaires judiciaires et, dernièrement, les défaites des candidats qu'il a adoubés aux midterms semblent entraîner un déclin de sa cote de popularité. Seuls 40% d'Américains ont une opinion favorable de sa personne, contre près de 44% pour Joe Biden. Et en interne, les sympathisants républicains semblent privilégier un autre nom pour la présidentielle, celui de Ron de Santis, gouverneur de Floride.
Au sein du Parti républicain, le tapis rouge est loin d'être déroulé à Donald Trump. Le septuagénaire n'occupe aucune fonction élective, tant dans le pays qu'au sein de sa famille politique. Son ambition d'être candidat en 2024 crispe dans les arcanes du "GOP". Et ce, publiquement, d'autant plus depuis qu'aucune "vague rouge" (de la couleur du Parti républicain) n'a déferlé sur les Etats-Unis à l'issue des midterms. "C'est la troisième élection que Donald Trump nous coûte les élections", a fustigé Larry Hogan, gouverneur républicain du Maryland, sur CNN dimanche 13 novembre, ajoutant que "cela aurait dû être une énorme vague rouge. Cela aurait dû être l'une des plus grosses vagues rouges que nous n'ayons jamais eues."
Même son de cloche chez Chris Christie, ex-soutien de Trump et ancien gouverneur du New Jersey. "Nous avons perdu en 2018. Nous avons perdu en 2020. Nous avons perdu en 2021 en Géorgie. Et maintenant, en 2022, nous allons perdre des postes de gouverneur, nous n'allons pas gagner le nombre de sièges à la Chambre que nous pensions et nous ne gagnerons pas le Sénat malgré un président qui a une taux d'approbation de 40 %", a-t-il cinglé auprès d'Associated Press le 10 novembre. "Il n'y a qu'une seule personne à blâmer pour cela et c'est Donald Trump."
Une évolution démographique défavorable ?
Le magnat de l'immobilier va-t-il donc être mis sur la touche ? "Donald Trump est totalement démonétisé. Il n'est plus en capacité aujourd'hui de créer un élan suffisant. Il possède toujours une base, des fans capables de se déchaîner sur les réseaux sociaux, mais à côté de ça, il se fait vieux et, surtout, alors que les électeurs attendent des solutions sur l'inflation, sur la crise énergétique, sur les salaires, il ne propose rien", commente Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l'Université Paris-II et auteur de Géopolitique des États-Unis, auprès de France 24. Son âge apparaît également comme un handicap. Lui si prompt à critiquer Joe Biden et ses 79 ans en aura 78 en 2024.
Par ailleurs, l'évolution de la démographie américaine pourrait être une embûche de taille à une réélection de Donald Trump. "Il y a une réalité démographique qui n'est pas favorable aux candidats républicains. Aux Etats-Unis, des minorités culturelles (latino-américaines, afro-américaines…) ont tendance à voter en faveur du parti démocrate. Ce sont des populations en forte croissance par rapport à la population blanche. Or, l'électeur classique républicain, c'est l'homme blanc de 40 ans. Ils sont voués à avoir de moins en moins de place dans l'importance démographique du pays, tandis que les classes afro pourraient devenir majoritaires dans les années à venir", analyse auprès de Linternaute Marin Fortin-Bouthot, chercheur et coordonnateur de l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de Montréal (Canada). Après avoir été le 4e président post-Seconde guerre mondiale à ne pas se faire réélire, Donald Trump échouera-t-il à nouveau dans sa quête présidentielle ?