Midterms 2022 : inflation, avortement, armes, esclavage... Les enjeux du scrutin
Les midterms du 8 novembre revêtent de nombreux enjeux aux Etats-Unis. Entre sujets du quotidien et des questions presque oubliées, de nombreuses thématiques sont au centre de ces élections. Tour d'horizon.
Mardi 8 novembre 2022, des millions d'Américains sont appelés aux urnes pour les midterms, ces élections de mi-mandat s'apparentant à des élections législatives plus poussées. En effet, il s'agit de renouveler l'ensemble des députés, un tiers de sénateurs, mais aussi d'élire de nombreux dirigeants locaux, à commencer par les gouverneurs des Etats. Ce scrutin se déroule dans un contexte particulier aux Etats-Unis, pays miné par une inflation galopante depuis des mois. Première préoccupation de la population, elle a été au centre de la campagne, chaque camp (démocrate et républicain) tentant de convaincre qu'il détient la clé pour ralentir le phénomène. Mais ce n'est pas tout : la question de la légalité de l'avortement partout dans le pays a eu une place prépondérante, tout comme celle des armes à feu. L'immigration a aussi été l'une des thématiques de cette campagne.
Au-delà des enjeux nationaux, des référendums locaux sont aussi organisés en parallèle des élections d'élus. Il sera notamment question de légalisation du cannabis et de fin de l'esclavage moderne, dans certains Etats. Voici tout ce qu'il faut savoir sur les principaux enjeux des midterms 2022 aux Etats-Unis.
Aux Etats-Unis, une inflation galopante qui inquiète
L'économie. C'est LE sujet central de ces élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Alors que l'inflation a atteint 8% sur l'année outre-Atlantique, l'inquiétude des Américains vis-à-vis de leurs finances est palpable. Les questions économiques sont l'enjeu principal de ce scrutin (71% pour les premiers, 86% pour les seconds), ainsi que l'explique une enquête d'opinion de Morning Consult pour Politico, publiée le 11 octobre.
Il faut dire que comme l'a noté la BBC, les prix des produits alimentaires ont flambé de 13,5% en un an, selon le dernier relevé de fin septembre 2022. A titre d'exemples, une boîte d'œufs coûte le double de son prix par rapport à début 2021 (3 dollars aujourd'hui), le prix des bananes a pris 10% et le kilo de bœuf ou de poulet a connu une hausse de 20%.
Du côté du carburant, AAA, l'association américaine des automobilistes, citée par NBC News, a constaté une hausse des prix de l'essence en septembre par rapport à août : le gallon (environ 3,8l) est affiché à 3,92$ (soit 1,03€/l), contre 3,72$ un mois plus tôt (0,97€/l). Pour tenter d'enrayer cette hausse du carburant, Joe Biden a annoncé mardi 18 octobre utiliser, au mois de décembre, 15 millions de barils de pétrole issus des réserves stratégiques de l'Etat pour alimenter les stations-essence, soit un peu plus de 2,3 milliards de litres. L'objectif : alléger le tarif à la pompe.
Des midterms chamboulées par la restriction du droit à l'avortement ?
La décision avait provoqué une indignation bien au-delà des Etats-Unis. Le 24 juin 2022, la Cour suprême (à majorité républicaine*) a révoqué le droit constitutionnel d'avorter, laissant la liberté aux Etats de choisir s'ils autorisent ou pénalisent le droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG).
Pour le camp de Joe Biden, il s'agit d'un angle d'attaque régulier pour dénoncer "l'extrémisme" de la formation politique adverse. D'autant que pour ses partisans, il s'agit du deuxième sujet le plus important de ces élections (67%). Mardi 18 octobre, le président des Etats-Unis a promis que si sa formation politique remportait les élections de mi-mandat, il a promis que la première loi votée au Congrès serait la garantie du droit à l'avortement et qu'il poserait son véto en cas de durcissement de la législation si les Républicains venaient à l'emporter.
Les candidats républicains, eux, sont divisés sur la question : certains ont effacé de leur site de campagne les positions anti-avortement du parti, quand d'autres les défendent ardemment, explique CBS News. Le sujet n'est toutefois "très important" que pour 36% de leurs électeurs. Mais une mobilisation plus importante d'électeurs en faveur des démocrates pourraient bousculer leurs poulains.
Des référendums locaux sur le sujet
Lors de ces élections de mi-mandat, les électeurs sont également appelés à se prononcer sur des sujets locaux. Dans cinq Etats, la questions du droit à l'avortement sera abordée. Mais pas toujours sous le même prisme. Ainsi, en Californie, dans le Michigan et le Vermont, les électeurs devront trancher en faveur ou non du droit à l'avortement au sein de leur Etat.
En revanche, dans le Kentucky, les électeurs devront dire s'ils votent pour une contre une modification de la constitution de l'Etat pour déclarer que "rien dans la constitution de l'État ne crée un droit à l'avortement." Dans le Montana, une mesure visant à pénaliser l'avortement de 20 ans de prison et de 50 000$ d'amende est également soumise au vote.
Les armes à feu, sujet de préoccupation mais visions opposées
Selon cette même enquête de Morning Consult pour Politico, la question de la législation sur les armes a feu aura une place prépondérante lors de ces élections de mi-mandat. Les positions des candidats sur cette thématique auront "un rôle majeur" aux yeux de deux tiers de votants. Mais pas pour les mêmes raisons. Côté démocrates, le sujet est "très important" pour 67% d'entre eux, contre seulement 40% chez les républicains. Pour les premiers, il est urgent de légiférer et d'encadrer la détention d'armes à feu, quand les seconds vantent une libéralisation.
Le cannabis légalisé dans de nouveaux Etats ?
Ces midterms sont aussi l'occasion pour les électeurs de cinq Etats de se prononcer sur la légalisation ou non du cannabis localement. L'Arkansas propose de le légaliser pour les personnes majeures (21 ans aux Etats-Unis), tout comme dans le Dakota du Sud et le Maryland. Le Missouri soumet également au vote cette proposition, ajoutant l'effacement de toute condamnation judiciaire liée à la consommation du stupéfiant, ainsi que la possibilité de fabrication de marijuana. L'autorisation de sa culture, et de sa consommation, est également proposée dans le Dakota du Nord.
La fin de l'esclavage moderne dans les prisons de certains Etats ?
Le sujet parait hors du temps. Pourtant, dans certains Etats, il est bel et bien mis sur le devant de la scène dans certains lors des ces élections de mi-mandat : l'esclavage et la servitude. Aux Etats-Unis, l'esclavage et la servitude involontaire sont bel et bien abolis depuis 1865. Pourtant, cela existe toujours sous une autre forme, bien autorisée dans la loi : "en punition d'un crime dont le coupable aura été dûment condamné." Ainsi, outre-Atlantique, des détenus peuvent être contraints de travailler pour des salaires dérisoires, "en moyenne, 20 centimes par heure" assurait au Parisien, en 2018, Clara Grisot, de l'ONG Prison Inside. Dans certains Etats, le travail n'est même pas payé. Ces peines d'esclavage moderne, cinq Etats américains veulent y mettre fin : l'Alabama, la Louisiane, l'Oregon, la Tennessee et le Vermont.