Ces propos de Trump en font le meilleur agent de "la culture du viol"
Entre objectifications à outrance, remarques dénigrantes et propos graveleux, Donald Trump a toujours été très évocateur quant à son "intérêt" pour la gente féminine. De façon surprenante, peu importe la gravité de ses déclarations ou des accusations à son encontre, sa côte de popularité reste la même d'après une étude Ipsos.
Cette impunité s'illustre de manière troublante dans le cas d'E. Jean Carroll, une ancienne chroniqueuse de l'édition américaine du magazine Elle. En mai 2023, l'ancien président des États-Unis a été condamné pour avoir diffamé et agressé sexuellement l'écrivaine. Dans la foulée, The Guardian a rappelé comment Donald Trump s'est permis de déformer ses déclarations lors d'une interview avec CNN : "En vérité, elle a dit qu'elle avait adoré. Ok ? Elle a adoré jusqu'à ce que la coupure publicitaire arrive, affirme-t-il. Je crois même qu'elle a dit que c'était sexy, pas vrai ? Elle a dit que c'était sexy d'être violée, pas vrai ?".
Des propos qui s'inscrivent, selon plusieurs analyses, dans un contexte plus vaste, celui de la "culture du viol". Amnesty International définit ce concept sociologique comme "un système de pensée permettant d'expliquer, d'excuser voire d'encourager le viol". L'organisme à but non lucratif ajoute à cette définition, un sondage : 27 % des jeunes pensent que les femmes ne savent pas ce qu'elles veulent dans le domaine sexuelle : "elle dit non, mais ça veut dire oui". Une vision biaisée du consentement, à laquelle Donald Trump semble donner des gages dans ses propos...
"Quand t'es une célébrité, elles te laissent faire"
Un échange avec le présentateur Billy Bush, daté de 2005, avait été exhumé en 2018 par le Washington Post. Sur l'enregistrement, on entendait Donald Trump raconter ses aventures avec une femme mariée, peu réceptive à ses avances. Au fur et à mesure de la conversation, il en venait à détailler sa technique d'approche : "Je commence en les embrassant. Elles m'attirent comme des aimants. J'attends même pas, ce n'est qu'un baiser. Puis, quand t'es une célébrité, elles te laissent faire. Tu peux faire n'importe quoi", souligne-t-il. Face à la non réaction du présentateur, il renchérira : "Attrape les par la chatte".
À cette époque, Donald Trump vient de lancer son émission de télé-réalité, The Apprentice. Au sommet de sa gloire, il conçoit sa célébrité comme un vecteur d'impunité. Noémie Renard, auteure du livre "En finir avec la culture du viol", parle à ce sujet d'impunité judiciaire et sociale dans une interview donnée à Libération : "Beaucoup de célébrités accusées de violences sexuelles continuent leurs carrières : Roman Polanski accusé d'avoir violé plusieurs adolescentes, Donald Trump accusé de viol par plusieurs femmes, Patrick Bruel dénoncé par plusieurs esthéticiennes pour harcèlement ou agressions sexuelles. On dit souvent que les accusations peuvent détruire des carrières, mais ce n'est pas vraiment le cas dans les faits". Nouvel élément de réponse dans quelques heures.