Macron - Le Pen : comparez les programmes des ex-candidats

Macron - Le Pen : comparez les programmes des ex-candidats

MACRON - LE PEN. Les projets d'Emmanuel Macron, finalement vainqueur de la présidentielle, et de Marine Le Pen se sont montrés radicalement opposés, notamment sur l'Europe, la transition écologique ou les réformes économiques. En voici un comparatif.

Les résultats de la présidentielle près de chez vous

[Mis à jour le 24 avril 2022 à 23h52] Au 2e tour de l'élection présidentielle 2022, selon une estimation affinée Elabe pour BFMTV le 24 avril au soir, Emmanuel Macron a cumulé 58,6% des suffrages des électeurs inscrits ; et Marine Le Pen 41,4%. Dans cette page spéciale "Programme Macron - Le Pen", nous vous proposons un comparatif thématique des deux programmes des candidats finalistes de la présidentielle 2022, des retraites à l'Europe en passant par le pouvoir d'achat et l'emploi.

Que peut-on dire pour recontextualiser ces deux programmes ? Qu'en cinq ans, la donne a changé. Emmanuel Macron a dû porter le bilan de son quinquennat, le défendre devant une France particulièrement morcelée et minée par les crises accumulées ces cinq dernières années, qu'elles soient sanitaires ou sociales. A l'inverse, Marine Le Pen s'est offert une toute nouvelle image, fruit d'un travail de longue haleine depuis sa défaite, mais aussi de l'irruption dans le jeu politique d'Eric Zemmour, un adversaire bien plus radical qu'elle sur les sujets qu'elle porte depuis des années, ce qui lui a permis à elle de se "dédiaboliser" aux yeux de l'opinion publique, quand bien même le fond de son programme avait peu changé. 

Quels sont les programmes d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen ?

En cinq ans, soit depuis leur dernier duel au second tour en 2017, le paysage politique français a nettement évolué et Marine Le Pen pourrait compter sur un électorat élargi en cas de présence au second tour, les électeurs d'Eric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan voire de Valérie Pécresse pouvant lui fournir un socle puissant pour faire de la candidate RN la première femme présidente de la République. Emmanuel Macron, quant à lui, entend jouer la carte de la continuité et martèle son bilan lors d'une campagne express lancée début mars dans le contexte de la guerre en Ukraine et d'une pandémie de Covid-19 toujours à scruter.

Programme de Macron en 15 points clés

  • Réformer les droits de succession
  • Réduire certains impôts, verser les aides sociales à la source
  • Investir 30 milliards dans l'industrie de pointe et d'avenir
  • Embaucher 8500 magistrats, réduire les délais d'application des peines
  • Réduire les délais d'application des peines
  • Créer 200 brigades de gendarmerie et une "force d'action" dans les quartiers sensibles
  • Investir dans l'énergie nucléaire, dans l'éolien en mer*
  • Proposer rapidement des voitures électriques en location longue durée
  • Instaurer une taxe carbone à la frontière de l'Europe
  • Reporter l'âge de départ à la retraite à 65 ans, instaurer une pension minimum de 1100 euros
  • Conditionner le RSA à une activité
  • Restreindre les conditions d'accès aux titres de séjour
  • Mieux rémunérer les enseignants et leur demander de travailler davantage
  • Faire une "grande réforme" du lycée professionnel
  • Lancer un grand plan de recrutement d'infirmiers et aides-soignants

Programme de Le Pen en 15 points clés

  • Baisser la TVA de 20% à 5.5% sur les produits énergétiques
  • Permettre aux entreprises une hausse des salaires de 10%
  • Passer le minimum vieillesse à 1 000 €
  • Doubler le nombre de magistrats
  • Porter à 85 000 le nombre de places de prison
  • Rétablir les peines planchers
  • Favoriser l'agriculture française
  • Arrêter les projets d'éoliens
  • Relancer le nucléaire
  • Supprimer le droit du sol, durcir les règles de naturalisation
  • Réserver les allocations aux Français
  • Refuser tout allongement de l'âge de départ à la retraite
  • Mettre en place un plan d'urgence de 20 milliards d'euros pour la santé
  • Revaloriser les salaires des enseignants
  • Instaurer l'uniforme au primaire et au collège

Depuis 2017, les divergences entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont peu aplanies et leurs programmes présentent de nombreuses différences, tant sur des sujets économiques (pouvoir d'achat, retraites, aides sociales...) que sociétaux (immigration, port du voile) ou internationaux (Europe). Annoncés régulièrement en tête des sondages diffusés avant ce scrutin (rappelons qu'aucun sondage ne peut être diffusé à partir du samedi 9 avril au matin et que les sondages diffusés ces dernières semaines ne présentent qu'une tendance que seul le résultat du premier tour dimanche soir saura confirmer ou non), les deux candidats ont musclé leur argumentaire ces derniers jours, accentuant encore leur face à face et leurs différences. Voici cinq points majeurs qui différencient les programmes des deux candidats :

L'ancienne député européenne a d'abord occupé le terrain via des thématiques traditionnelles de sa ligne politique et de son socle électoral : identité nationale, immigration, protection des frontières et attaques contre l'Europe. En cinq ans, son programme a toutefois nettement évolué, illustrant une démarche d'apaisement selon les experts : plus question de sortie de l'Euro, maintien dans l'Europe mais via une " Europe des nations " et une refonte de l'espace Schengen, recentrant son programme sur les questions identitaires puis de pouvoir d'achat.

De son côté, Emmanuel Macron s'est résolu à une campagne express lors de laquelle il n'a pas participé à un quelconque débat avec ses rivaux, se rattachant à une " tradition " pour un président sortant. Confronté au déclenchement de la guerre en Ukraine après le rebond épidémique du Covid-19 en janvier et février, le candidat LREM mise sur son bilan économique et sur sa position de chef de l'Etat en première ligne face aux crises. Suffisant pour se hisser à nouveau au second tour alors que les attaques se sont multipliées ces dernières semaines (révélations sur les cabinets de conseil et " affaire " McKinsey) et que les préoccupations des Français ont glissé vers les thématiques du pouvoir d'achat.

Sur le système des retraites :

  • Marine Le Pen a fait évoluer sa position depuis 2017. Plus question de statuquo mais un système de retraite progressif qui garantira un départ à la retraite dès 60 ans pour ceux ayant travaillé avant l'âge de 24 ans. Le système des 40 années de cotisation resterait en vigueur mais avec un avantage pour ceux "ayant commencé à travailler tôt". La candidate RN estime qu'une carrière débutée tôt correspond souvent à un travail manuel alors qu'une entrée plus tardive dans la vie active est souvent lié à "un travail intellectuel qui est beaucoup moins fatigant".
  • De son côté, Emmanuel Macron, après avoir dû faire machine arrière sur la réforme prévue des retraites (et pour laquelle le gouvernement avait opté pour le 49.3), a revu son projet. C'est l'un des points les plus clivants de son programme : le président sortant vise désormais le maintien d'un système par répartition, enterrant dès lors la piste d'un système universel et par points, tant décrié sur sa première mouture et jugé finalement "anxiogène" par Emmanuel Macron lui-même. Le candidat vise un report progressif de l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans via une réforme mettant fin aux régimes spéciaux tout en prenant en compte les carrières longues et la pénibilité selon des critères "individualisés". Le calendrier prévoirait 4 mois de plus pour chaque tranche d'âge. Ainsi une personne née en 1962 pourrait partir à la retraite à l'âge de 62 et 4 mois contre 62 ans tout court pour une personne née en 1961 et appelée à partir à la retraite en 2023. 4 mois s'ajouteraient ensuite chaque année, la première génération concernée par la retraite à 65 ans serait ainsi la génération née en 1969. Emmanuel Macron assure ainsi pouvoir financer le système des retraites et garantit une revalorisation des pensions avec un montant minimum : 1100 euros par mois.

Sur l'Europe :

  • Plus question de sortie de l'Europe pour Marine Le Pen mais une profonde refonte pour garantir "la souveraineté nationale" de la France. La candidate RN défend une "Europe des nations" nommée "Alliance européenne des nations". Elle assume avoir revu sa position sur l'euro dont elle ne veut plus sortir :"Je ne suis pas une idéologue, je prends mes décisions qui sont dans l'intérêt des Français en fonction de la situation actuelle, nous avons changé d'avis sur l'euro, car l'Union Européenne a tout changé, toutes les règles qui faisaient que je venais vous dire que l'euro ne peut pas survivre, elles ont été modifiées", assurait-elle en mars sur le plateau de France 2. Les accords de Schengen restent dans son viseur puisque Marine Le Pen entend "rétablir les contrôles permanents aux frontières nationales".
  • Emmanuel Macron ne cache pas son côté pro-européen en a fait un axe de campagne ces dernières semaines, notamment face au contexte de la guerre en Ukraine. "C'est grâce et par l'Europe que nous bâtirons une stratégie pour acheter du gaz et du pétrole ailleurs qu'en Russie", a-t-il encore martelé en Bretagne lors d'un meeting le 5 avril, assurant que l'indépendance de la France tant énergétique que stratégique passe par une Europe forte. Le candidat LREM prône une Europe de la défense avec des investissements attendus dans les forces armées et souhaite une plus grande maîtrise des frontières avec des conditions renforcées pour les titres de séjour long, le tout via une meilleure protection des frontières extérieures de l'espace Schengen conjugué à la mise en place d'une politique d'accueil commune dans l'UE.

Sur le pouvoir d'achat :

  • Marine Le Pen a fait du pouvoir d'achat l'axe central de sa campagne dans la dernière ligne droite, supplantant ses thématiques traditionnelles sur l'identité. La candidate RN promet de rendre 200 euros par mois en moyenne aux familles via une baisse des taxes sur le carburant et l'énergie (gaz, fioul, électricité), la réduction des tarifs des péages, et l'instauration d'un chèque-formation mensuel pour les apprentis et alternants.
  • Le terme "pouvoir d'achat" ne figure pas dans le programme d'Emmanuel Macron. Le thème est toutefois abordé via plusieurs dispositifs. La prime Macron défiscalisée et sans charges lancée durant le quinquennat serait prolongée et triplée, pouvant donc atteindre 6000 euros par an. Une baisse de charges pour les indépendants est promise. Face à l'inflation, Emmanuel Macron a rappelé l'instauration de l'indemnité inflation de 100 euros versée en début d'année et le maintien de la remise de 18 centimes sur le litre de carburant jusqu'en juillet via le plan de résilience.

Sur la fiscalité et les impôts :

  • Marine Le Pen entend alléger les frais de succession et promet également de supprimer l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans, une mesure aujourd'hui difficile à imaginer puisque contraire à la Constitution qui prône une égalité devant l'impôt. La candidate RN entend également rétablir la demi-part pour les veuves et veufs et supprimer la redevance audiovisuelle.
  • Ce dernier point est également dans le programme d'Emmanuel Macron qui souhaite également supprimer la redevance qui représente un montant de 138 euros par an aux ménages disposant d'une télévision. Le président sortant entend également augmenter l'abattement fiscal sur les successions en le faisant passer à 150 000 euros par enfant et à 100 000 euros pour les autres membres de la famille.

Sur l'emploi :

  • Marine Le Pen prône toujours la "préférence nationale" tant sur les aides sociales qu'elle veut réserver aux Français que sur les commandes publiques ou sur la favorisation des circuits courts et la lutte contre la concurrence jugée "déloyale". L'accès à l'emploi sera aussi lié à la "priorité nationale". Le Smic ne sera pas augmenté mais Marine Le Pen vise une baisse des cotisations et exonérera de cotisations patronales les hausses de salaire de 10%.
  •  Emmanuel Macron entend favoriser le retour à l'emploi et conditionnerait pour cela le versement des aides sociales dont le RSA à une "activité d'insertion" pouvant imposer 15 à 20 heures de formation ou de travail en contrepartie de l'allocation. La réforme de l'assurance chômage lancée durant le quinquennat serait poursuivie. Emmanuel Macron entend renforcer l'apprentissage et favoriser les démarches en transformant l'agence Pôle Emploi en un guichet unique "France Travail" pour un accompagnement amélioré des chômeurs. L'objectif : "atteindre le plein emploi en 2027" soit 5% de chômage contre 7,4% début 2022.

2017 - 2022, des résultats de sondages différents entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen

Un changement de contexte notable qui se traduit dans les sondages. Depuis leur qualification respective dimanche 10 avril 2022, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont donnés à, tout au plus, huit points d'écart. Les scores généralement annoncés prédisent 53 % des suffrages en faveur du président-candidat, 47 % en direction de la députée du Pas-de-Calais. Ce écart très faible explique le match serré et la féroce bataille que se sont livrés les finalistes durant les quelques jours d'entre-deux-tours, où chacun a multiplié les déplacements et rendez-vous médiatiques, en préambule du débat majeur du 20 avril dernier. D'autant plus que le "front républicain" n'est pas unanime contrairement à 2002 ou 2017 et qu'Emmanuel Macron pâtit d'une image hautaine et de "président des riches", quand Marine Le Pen a policé la sienne, s'affichant "près du peuple". Alors forcément, la question du report des voix de la gauche interroge et deux slogans surgissent et s'opposent : "Tout sauf Macron" et "Tout sauf Marine" (lire plus bas). 

 

Un contraste très net avec 2017. Car au lendemain du premier tour le 23 avril 2017, l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande pouvait se complaire des sondages qui lui donnaient entre 20 et 30 points d'avance sur sa rivale. Aucune ombre de doute ne planait au-dessus de sa victoire promise, d'autant plus au lendemain d'un débat remporté à plate couture et sans forcer le trait. Au plus bas de l'entre-deux-tours, Emmanuel Macron était donné à 59 %, au plus haut à 64 %. Il termina à 66,10 % ! Marine Le Pen, elle, était au mieux créditée de 41 %. Un score inatteignable après la débâcle télévisée. Donnée à 36 % dans le pire des cas, elle n'avait finalement recueilli que 33,90 % des suffrages.

 

Les sondages pour le 2e tour de l'élection présidentielle 2022 sont toutefois à prendre avec des pincettes, d'autant plus au vu des résultats du premier tour. Si les instituts avaient bien prévu le duel de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le resserrement qu'ils annonçaient massivement dans les jours précédent l'élection ne s'est finalement pas traduit dans les urnes, Emmanuel Macron étant crédité de trois à quatre points de plus que sa rivale. En 2017, déjà, Emmanuel Macron avait obtenu trois points de plus qu'annoncé et d'autant moins pour Marine Le Pen.

Un "front républicain" limité

Le premier tour de cette élection présidentielle 2022 a acté l'établissement d'un nouveau paysage politique en France, amorcé en 2017 avec l'irruption d'Emmanuel Macron et la déroute du Parti socialiste. Cette fois, on assiste à un naufrage du parti Les Républicains. La formation historique de droite est à son tour en ruines. La recomposition est en marche et les alliances bousculées. D'autant qu'à l'aube du second tour, l'écart entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen est, cette fois, annoncé bien plus serré par rapport à leur dernier affrontement. Même s'il n'a, pour l'heure, jamais été donné perdant, le président sortant est bousculé par la candidate du Rassemblement national qui recueillerait plus de 46% des suffrages exprimés. Il faut dire que le rapport de force entre les deux adversaires, promis à se retrouver depuis des mois, n'est plus le même. A Marine Le Pen l'image apaisée qui parle pouvoir d'achat et mesures pour renflouer le porte-monnaie quand Emmanuel Macron doit traîner, désormais, le bilan de son quinquennat. Arme incontestable pour son camp, fardeau évident pour ses détracteurs… Quoi qu'il en soit, le président de la République n'est plus un "bleu", son innocence a laissé place à un quinquennat de crises, de réformes contestées et de critiques en tout genre.

Quels reports de voix vers Emmanuel Macron et Marine Le Pen ?

Alors que le second tour se déroule ce dimanche, faisons le point sur les reports de voix et les consignes de vote dont bénéficient les deux finalistes. Le soir du premier tour, lorsque les résultats sont tombés, la plupart des opposants d'Emmanuel Macron ont appelé à voter en sa faveur. Et pourtant, les Républicains et La France insoumise n'ont pas épargné Emmanuel Macron tout au long de son mandat. Mais alors que le chef de l'État se retrouve face à Marine Le Pen, le "front républicain" tente de refaire surface. Quitte à s'asseoir sur ses propos, à droite comme à gauche, la majorité ayant appelé, directement ou non, à faire perdre la candidate du Rassemblement national. Au point de déboussoler les électeurs. Car les enquêtes sur les intentions de vote au second tour interrogent les électeurs des candidats déchus sur leur report de voix. Et la donne n'est pas aussi nette qu'en 2017 en faveur d'Emmanuel Macron, la volonté de changement, coûte que coûte, étant malgré tout présente. 

Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, plus gros socle de la réserve de suffrages pour le 2e tour, devraient beaucoup s'abstenir. Ceux qui iront dans les bureaux de vote devraient voter en majorité pour le président sortant, tout comme plus de la moitié de l'électorat de Valérie Pécresse et Yannick Jadot. Mais Marine Le Pen devrait également décrocher des voix venues de ces électorats là, augmentant son score principalement grâce aux électeurs d'Eric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan. Reste à savoir dans quelles proportions envers chaque candidat se répartiront les suffrages accordés au 1er tour à Jean Lassalle, Nathalie Arthaud, Fabien Roussel, Anne Hidalgo ou encore Philippe Poutou, même si ces trois derniers ont appelés à faire barrage au RN. Quant aux abstentionnistes du premier tour, ils pourraient, eux aussi, faire pencher la balance.

Quand le débat du second tour a-t-il eu lieu ?

Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont débattu en face-à-face avant le second tour. Ce débat s'est déroulé le 20 avril, quatre jours avant ce scrutin charnière. Cette confrontation, devenue une tradition et un moment fort à la fois de la vie politique française mais aussi de l'audiovisuel, était très attendue par les électeurs encore indécis. Les Français s'attendaient à un remake du débat de 2017, avec une Marine Le Pen qui sort de ses gonds et qui ne se repose pas assez sur les faits, et un Emmanuel Macron dans la maîtrise de ses sujets. En 2022, la donne a été un peu différente, le débat se déroulant sans cris ni passage nerveux, les deux candidats semblant aborder plus sereinement l'évènement. Cette fois d'ailleurs, Marine Le Pen est apparue plus "sympathique" et "calme", comme le révélait une enquête de l'institution de sondage Odoxa pour l'Obs et Mascaret paru le lendemain du débat. Emmanuel Macron, à l'inverse, a vu son image de "président des riches" et d'homme "pas sympathique" se renforcer, à cause d'une prestation convenable sur le fond, où il a su défendre ses idées et contrer les propos de son adversaire, mais peu valorisante sur la forme, où il est apparu agacé par Marine Le Pen et très offensif. 

A Macron le bilan, à Le Pen l'image apaisée

2022 ne sera pas un copier-coller de 2017. L'exercice du pouvoir a clairement éreinté l'image juvénile dont jouissait Emmanuel Macron lors du précédent scrutin. Les réformes qu'il a menées (ou celles qu'il a abandonnées), la crise sociale des Gilets jaunes, la gestion de l'épidémie de Covid-19 sont autant de sujets désormais attaquables, au-delà de toutes les polémiques qui ont émaillé son quinquennat, entre petites phrases qui ont fait jaser, des membres du gouvernement englués dans des affaires judiciaires et de conflits d'intérêts ou encore, dernière, l'affaire McKinsey.

A contrario, Marine Le Pen, elle, a fignolé sa stratégie de "dédiabolisation" en évoquant nettement moins le sujet historique du FN qu'est l'immigration, sans pour autant l'occulter, ou encore en adoptant une position plus assouplie sur l'Union européenne, s'offrant une image bien plus modérée de candidate proche du peuple et de ses aspiration du quotidien en focalisant son discours sur le pouvoir d'achat. La candidate du Rassemblement national est également parvenue à enjamber la crise en Ukraine, malgré ses accointances avec la Russie, là où la plupart des candidats se sont cassé les dents. Un travail de sape de cinq ans durant lesquels Emmanuel Macron s'est, pour sa part, affairé à gérer le pays, avec les conséquences que cela implique. Alors, 2022, vraiment un goût de déjà vu ?

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