Marine Le Pen "climatosceptique" : l'accusation de Macron est-elle fondée ?

Marine Le Pen "climatosceptique" : l'accusation de Macron est-elle fondée ? LE PEN CLIMAT. C'est le grand angle d'attaque d'Emmanuel Macron contre Marine Le Pen dans l'entre-deux-tours de la présidentielle. La candidate RN est-elle vraiment "climatosceptique" ? Eléments de réponse...

[Mis à jour le 20 avril 2022 à 22h32] Marine le Pen est-elle climatosceptique ? Cette accusation d'Emmanuel Macron contre sa rivale du second tour de l'élection présidentielle a marqué les esprits depuis le meeting de Marseille samedi 16 avril, lors duquel le président-candidat a tenté de faire sienne l'idée de "planification écologique" chère à Jean-Luc Mélenchon. "Même incompétente, elle est climatosceptique", s'est même moqué le président sortant devant ses supporters, pointant le vide du programme de Marine Le Pen pour le climat.

Lors du débat d'entre-deux-tours ce mercredi 20 avril, Marine Le Pen s'est défendue et a insisté sur le "localisme" et le "patriotisme économique" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, estimant que 50% des émissions françaises sont liées aux importations de produits étrangers. Elle a aussi insisté sur le bien être animal, et a assuré qu'"il n'y a pas que l'énergie" dans la lutte contre le réchauffement. Emmanuel Macron a estimé pour sa part que le programme de Marine Le Pen n'avait "ni queue ni tête" avec notamment la baisse des taxes sur les carburants qui sont par ailleurs importés. Chose à laquelle Marine Le Pen a répondu qu'il était pour sa part "climato-hypocrite" et qu'il avait, depuis les années Hollande, déstabilisé la filière nucléaire.

Ce qu'en dit Marine Le Pen : Marine Le Pen a très vite réagi aux premières accusations d'Emmanuel Macron mi avril, notamment sur France 3 où elle a assuré n'avoir jamais douté du changement climatique, de ses causes et de ses effets, soit le propre des climatosceptiques. "Je n'ai jamais été climatosceptique. J'ai un projet qui, précisément, tient compte de l'environnement, tient compte de l'écologie", s'est notamment défendue la candidate RN.

Ce qu'il faut savoir : Comme l'a rappelé TF1 sur son site Internet, Marine Le Pen a pourtant eu par le passé des propos plus "sceptiques" précisément sur le réchauffement climatique. En 2017 notamment, dans des propos repris par l'AFP, elle considérait que les "débats" sur l'existence même du changement climatique étaient "utiles", jugeant que le combat pour le climat ne devait pas se transformer en "religion". Ces propos avaient été tenus à l'issue d'un discours auprès du média Reporterre, en ces termes exacts : "Je ne suis pas scientifique du climat, je pense que l'activité humaine y contribue, dans des proportions que je suis incapable de mesurer. Le changement climatique n'est pas une religion, il est utile qu'il puisse y avoir des débats."

"Je ne suis pas sûre que l'activité humaine soit l'origine principale de ce phénomène [...]. Le Giec, c'est le consensus de ceux qui ont la parole. Ce sont les prêtres et les évêques du changement climatique. Ceux qui disent l'inverse, ce sont les hérétiques..." (Marine Le Pen dans TerraEco en 2012)

En 2012 en revanche, Marine Le Pen minimisait clairement le rôle de l'Homme dans le réchauffement, dans un entretien à Terra Eco. "Je ne suis pas sûre que l'activité humaine soit l'origine principale de ce phénomène", peut-on lire dans les archives du site depuis disparu. Marine Le Pen assurait même que "ce ne sont pas les travaux du Giec qui peuvent établir avec certitude que l'homme est la cause du changement climatique". "Le Giec, c'est le consensus de ceux qui ont la parole. Ce sont les prêtres et les évêques du changement climatique. Ceux qui disent l'inverse, ce sont les hérétiques...", déclarait-elle plus loin.

En 2022, priorité à la fin des éoliennes

Evidemment, de l'eau a coulé sous les ponts en dix ans. Dans le programme de Marine Le Pen, pas question aujourd'hui de remettre en cause le réchauffement, même s'il ne fait clairement pas partie des priorités. Dans sa profession de foi (à télécharger ici), on ne trouvera pas de mention directe du climat ou de l'énergie, mais de la protection des animaux avec la lutte "contre les maltraitances animales notamment en interdisant l'abattage sans étourdissement".

Dans les 22 mesures clés présentées sur son site Internet cette fois, Marine Le Pen n'évoque toujours pas directement le climat, mais affiche en 12e position "Assurer notre indépendance énergétique pour baisser la facture des Français". Dans ce chapitre, elle entend "rendre aux ménages les 5 milliards de subventions versées notamment aux éoliennes, arrêter les projets éoliens et démanteler progressivement les parcs existants, relancer la filière nucléaire, hydroélectrique et investir dans la filière hydrogène", mais aussi "sortir du marché européen de l'électricité pour retrouver des prix décents".

"Nous prononcerons un moratoire sur l'éolien et le solaire ; pour l'éolien, nous lancerons le démantèlement progressif des sites [...]" (programme de Marine Le Pen)

Le combat contre les éoliennes est aussi parmi les priorités de son "livret pour l'écologie", encore plus détaillé (à télécharger ici). Dans ce document, Marine Le Pen dit vouloir assurer "assurer la transition vers une économie décarbonée autonome en énergie". "La France répondra aux engagements de l'Accord de Paris, par les moyens qu'elle aura choisis, au rythme et selon les étapes dont elle aura décidé", prévient-elle cependant. Puis revient son crédo : "Nous prononcerons un moratoire sur l'éolien et le solaire ; pour l'éolien, nous lancerons le démantèlement progressif des sites en commençant par ceux qui arrivent en fin de vie. Toutes les subventions dédiées à promouvoir ces procédés seront suspendues, et l'énergie produite achetée à prix de marché", est-il immédiatement précisé.

Marine Le Pen leur préfère d'autres énergies renouvelables, "hydroélectricité et géothermie" et "la relance du nucléaire" avec la mise en chantier de réacteurs de 4e génération et de microcentrales. Un point qui la rapproche d'Emmanuel Macron, lui aussi pro-nucléaire. La filière hydrogène est aussi évoquée "avec pour objectif la baisse du prix de l'électricité pour les ménages et l'industrie".

Biodiversité et protection des animaux

Le versant "biodiversité" figure en 2e place dans ce livret pour l'écologie avec un chapitre intitulé "Restaurer la biodiversité, faire renaître la vie". Marine Le Pen y estime qu'"en l'absence de critères pertinents de la biodiversité, notre politique dépendra de l'évolution des populations d'espèces témoin, dans les lieux où ils vivent".

La protection des animaux (domestiques et d'élevage) fait pour sa part l'objet d'un "livret" entier (lire ici), qu'on peut enfin résumer à ses trois principales propositions : "1. Accorder une reconnaissance constitutionnelle aux animaux ; 2. Créer un nouveau statut civil pour les animaux ; 3. Renforcer les peines sanctionnant les infractions commises envers les animaux".

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