Premier ministre de Marine Le Pen : des idées mais les noms gardés secrets

Premier ministre de Marine Le Pen : des idées mais les noms gardés secrets Premier MINISTRE LE PEN. Qui Marine Le Pen nommera-t-elle à la tête du gouvernement si elle est élue présidente de la République ? La candidate garde le secret sur ce point et son silence interroge. Traduirait-il l'isolement ou le manque d'options de la prétendante à l'Elysée ?

Marine Le Pen présidente de la République, qui serait son Premier ministre ? La question est légitime car si la candidate d'extrême droite reste créditée de moins d'intentions de vote qu'Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle 2022, sa qualification lui permet encore de croire à la victoire. L'élection de Marine Le Pen, et du Rassemblement national, à la fonction suprême serait une première historique et s'accompagnerait de son lot de nouveautés dont la nomination d'élus d'extrême droite à des postes clefs du gouvernement, y compris à la fonction de Premier ministre.

Les noms des potentiels chefs de gouvernement ont pour habitude de fuiter ou alors des pistes sont évoquées et creusées par les militants et les proches des candidats mais Marine Le Pen n'entend pas respecter la tradition. Interrogée à chaque apparition dans les médias sur l'identité de celui ou celle qu'elle nommerait comme Premier ministre, la prétendante à l'Elysée ne souffle mot. "Je sais" qui occuperait la fonction "mais je ne vous le dirai pas", indiquait-elle sur les ondes de France Inter le 12 avril. "Personne n'annonce à l'avance qui va être son Premier ministre, ça n'est jamais arrivé, donc ça n'arrivera pas plus aujourd'hui", avait-elle déclaré sur BFMTV le même jour pour justifier son silence. Elle s'est contentée de préciser que le candidat pressenti doit être "un politique, un chef d'équipe, et surtout il sera amené à gérer une équipe qui respectera la cohérence du projet que je leur ai soumis, et qui aura été validé, parce que c'est cela l'important."

Qui sera nommé Premier ministre de Marine Le Pen ?

Les personnalités présentées comme les éventuels futurs membres de gouvernement de Marine Le Pen se comptent sur les doigts d'une main. Deux noms reviennent régulièrement : l'ex républicain Jean-Paul Garraud et le politique autodidacte Hervé Juvin, mais ni l'un ni l'autre ne sauraient être propulsés à la tête du gouvernement. Le premier, fort de son expérience de magistrat prendrait la tête du ministère de la Justice tandis que le second disposerait du portefeuille de l'Ecologie. Restent parmi les possibilités : Jordan Bardella, jeune bras droit de la candidate du Rassemblement national et président par intérim de la formation politique qui aurait "parfaitement les qualités pour devenir ministre" selon les dires de Marine Le Pen dans le Figaro début avril et Franck Allisio le vice-président du groupe RN au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur et "presque plus connu qu'Édouard Philippe quand il a été nommé Premier ministre". Une petite phrase qui donne du crédit à l'hypothèse. D'autres patronymes comme celui du maire de Perpignan Louis Aliot, celui de Beaucaire Julien Sanchez, le député de Nord Sébastien Chenu, député du Nord, ou le conseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes Andréa Kotarac ont été cités mais aucun ne constitue une hypothèse solide.

Autre argument qui peut éliminer ces noms des options envisageables pour la fonction de Premier ministre, dans cette courte liste composée exclusivement d'élus encartés au Rassemblement national, aucun ne fait miroiter le "gouvernement d'union nationale" promis par Marine Le Pen.

Marine Le Pen isolée et sans Premier ministre ?

Au sein de l'équipe de campagne de la candidate Rassemblement national "personne ne répondra" aux interrogations sur l'identité du Premier ministre comme elle l'assurait le 12 avril sur France Inter. Ce silence ne serait-il pas l'aveu de l'isolement de la candidate sur la scène politique ? Car si cette année elle refuse d'avancer des noms, il y a cinq ans elle ne se privait pas de présenter Nicolas Dupont-Aignan, candidat malheureux du premier tour de l'élection présidentielle de 2017 ayant rallié Marine Le Pen, comme son Premier ministre. Entre deux élections la prétendante à la présidence a changé sa stratégie à bien des égards, y compris sur le mystère autour de son gouvernement.

Pour contrer les critiques et faire taire les rumeurs sur le peu de forces politiques réunies autour d'elle, Marine Le Pen a martelé être en mesure de former trois gouvernements si nécessaire avant de renchérir à la radio : "Je pourrais même en constituer quatre ou cinq". Sur le terrain, il semble plus difficile de convaincre et celle qui prône et promet un gouvernement composé de "gens qui viendront très certainement de la droite et très certainement de la gauche" se retrouve à faire ses comptes avec une poignée de fidèles du RN. L'accroche "de Zemmour à Montebourg" un temps brandi par la prétendante à l'Elysée est restée au stade d'idéal puisque Marine Le Pen a elle-même exclu le nomination du polémiste et ex-candidat à la présidentielle Eric Zemmour comme membre du gouvernement alors faire de lui le Premier ministre est inenvisageable. Quant à l'extrême gauche, la candidate a jeté son dévolu sur Georges Kuzmanovic mais l'ancien conseiller international de Jean-Luc Mélenchon a refusé l'invitation expliquant au Journal du Dimanche : "Je ne suis pas sûr qu'elle ait la fibre sociale arrimée au corps". Outre les élus politiques en orbite autour d'elle, Marine Le Pen pourrait piocher son Premier ministre parmi les conseillers du club Horaces qui l'accompagnent depuis l'échec de 2017.

Jean Castex, Premier ministre jusqu'aux législatives ?

Si elle est élue à la présidence de la République, Marine Le Pen pourrait devoir gouverner avec Jean Castex en tant que Premier ministre pendant deux mois. L'actuel locataire de Matignon a indiqué le 19 avril sur France Inter que sa démission interviendrait rapidement après la réélection d'Emmanuel Macron mais il a laissé sous-entendre qu'il resterait en poste jusqu'au bout en cas de victoire de l'extrême droite. Quoi qu'il en soit, la nomination du Premier ministre doit attendre les résultats des élections législatives des 12 et 19 juin 2022 et la recomposition du Parlement. Marine Le Pen sera alors, toujours à la condition de l'emporter au second tour de l'élection présidentielle, en mesure de nommer son Premier ministre. La règle est simple, le président de la République est libre de choisir la personne de son choix pour occuper le poste de Premier ministre notamment si il parvient à réunir une majorité de parlementaires de sa couleur politique dans l'hémicycle, sinon il doit faire son choix en tenant compte de la majorité en place.

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