Discours de Manon Aubry : "le pays veut tourner la page de l'ère Macron"
À la traine dans les sondages, Manon Aubry, tête de liste LFI aux élections européennes 2024 n'a pas créé la surprise ce dimanche 9 juin. Avec 8,4% des suffrages, la candidate n'a pas réussi à convaincre les autres forces de gauche de s'unir pour former une liste commune, héritière de la Nupes, afin d'obtenir un maximum de sièges au Parlement européen, même si son résultat est supérieur à celui de 2019 (elle avait obtenu 6,8%). Il faut dire que l'ambition de l'eurodéputée insoumise était considérable après l'implosion de l'alliance de gauche définitivement enterrée après l'attaque du Hamas en Israël et les réactions du camp insoumis qui ont fait polémique.
Au cours de son discours cependant, Manon Aubry a tenu à tacler le score de la majorité présidentielle, désavouée en arrivant en seconde position du scrutin avec 15% des suffrages, loin derrière les 33% du Rassemblement national. Loin de se désoler de son sort, la candidate s'est satisfaite de sa "nette progression par rapport à 2019" et a préféré déplorer le "score historiquement faible" de la liste représentée par Valérie Hayer : "C'est la défaite et la déroute cinglante du Macronisme", a-t-elle clamé ce dimanche soir, assurant que "le pays veut tourner la page de l'ère Macron".
Pour la tête de liste de La France Insoumise, "l'après-Macron a déjà commencé. Et je tiens à le dire, l'après-Macron n'appartient pas au Rassemblement national." Elle s'est également satisfaite d'avoir aujourd'hui "plus d'élus [par rapport au dernier scrutin européen] pour mener nos batailles pour le pouvoir d'achat, pour la paix à Gaza..."
Jean-Luc Mélenchon candidat à la présidentielle 2027 ?
Ce 9 juin pourrait être l'occasion pour le patron historique du mouvement de se tourner d'ores et déjà vers la présidentielle 2027. Jean-Luc Mélenchon pourrait se déclarer candidat à la présidentielle de 2027 par une déclaration solennelle au soir des résultats des Européennes, selon des bruits de couloir, qui pourraient n'être que des rumeurs qui circulent (pourtant) parmi les journalistes politiques. Quelques jours plus tôt, ce dernier indiquait sur X que "la date de la candidature insoumise" n'était "pas à l'ordre du jour".
Cependant, il ne dément pas le moins du monde les velléités présidentielles qui lui sont prêtées : "Aucun journaliste ne saura avant l'heure ce que nous allons faire, ni comment, ni quand, ni qui" poursuivait le triple candidat à l'élection présidentielle (2012, 2017 et 2022). Une option que n'a jamais balayé, non plus, la tête de liste LFI aux Européennes, Manon Aubry : "Chaque chose en son temps. Après l'élection, il nous faudra un rassemblement le plus large possible mais dans la clarté. Ceux qui pensent que la victoire pourra s'obtenir sans le bloc populaire que représente Jean-Luc Mélenchon font une terrible erreur" a-t-elle déclaré dans une interview accordée au quotidien Le Parisien.
Alors, ce 9 juin pourrait bien sonner l'heure d'un renouveau, de la révolte pour La France insoumise avec l'horizon de 2027 en ligne de mire, malgré un score qui devrait s'avérer être relativement faible pour ces Européennes 2024.
"À Paris comme à Bruxelles, Macron, c'est de belles promesses"
Dans son discours du 9 juin, après les résultats des élections européennes 2024, Manon Aubry a effectivement pointé du du doigt les résultats "historiquement faibles" de la majorité présidentielle et la politique menée par Emmanuel Macron et son camp. En effet, la liste menée par Valérie Hayer (15%) s'est inclinée face au Rassemblement national (33%), et devance de très peu la liste du Parti socialiste, conduite par Raphaël Glucksmann (14%). "Au vu de leur score, il est évident que le pays veut tourner la page de l'ère Macron", a-t-elle assuré.
"À Paris comme à Bruxelles, Macron, c'est de belles promesses mais en pratique, (c'est) une politique de destruction et là où c'est le plus flagrant, c'est en matière écologique et climatique (...) Comment sauver la planète en faisant venir du lait de Nouvelle-Zélande, des haricots du Kenya ou de la viande du Brésil ?". Il "désobéit aux normes européennes en matière d'énergies renouvelables et de pollution de l'air", "laisse crever les entreprises françaises de panneaux solaires", met "à la poubelle un grand plan de rénovation thermique et passe un accord avec Victor Orban pour considérer le gaz comme une énergie verte", "avec les arguments des lobbies, l'assentiment de Bruxelles et le soutien du Rassemblement national" fustigeait-elle lors d'une réunion publique de campagne à Bordeaux fin avril 2024.
La planification agricole et l'Europe de "l'après Macron"
En vue de l'obtention de sièges au Parlement européen, le programme de LFI s'articule lui en neuf chapitres autour d'enjeux principalement sociaux : la politique agricole, l'aide aux migrants, la création d'emplois et la fin de l'austérité ou encore la planification écologique. Le tout visant, selon le parti, à préparer l'Europe de "l'après Macron" en menant des "combats concrets contre leur système". Manon Aubry répète être la seule candidate à porter le programme de la Nupes sur lequel toutes les forces de gauche se sont mises d'accord en temps et liste 10 premiers combats qu'elle entend mener au Parlement européen : baisser les prix en mettant au pas les multinationales", "sortir des accords de libre-échange", "taxer les superprofits et créer un impôt sur la fortune européen", "refuser les pesticides et garantir des prix planchers aux agriculteurs" ou encore "imposer le cessez-le-feu à Gaza et construire la paix en Ukraine".