Double frontière : qu'est-ce que cette mesure défendue par le RN ?
Le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella est arrivé largement en tête des élections européennes du dimanche 9 juin 2024, avec 31,37 % des suffrages. Suite à la dissolution de l'Assemblée Nationale annoncée dans la foulée par le président de la République Emmanuel Macron et la tenue d'élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet, le parti de l'Eurodéputé sortant a déjà annoncé ses priorités sur de grands thèmes comme l'Immigration.
En quatrième position du programme de Jordan Bardella pendant sa campagne européenne, était évoqué déjà la notion d'"une double frontière", française et européenne contre "les migrants illégaux". Une mesure pour lutter contre l'immigration qui est à nouveau au cœur du programme de son parti du Rassemblement National (RN) aux élections législatives 2024. De quoi s'agit-il exactement ? En quoi est-ce une promesse difficilement applicable ?
Qu'est-ce que la "double-frontière" voulue par le Rassemblement National ?
Cette mesure, qui figure au volet "Immigration" du programme du Rassemblement National aux Européennes, consiste à "instaurer une double frontière, française et européenne : contrôler les frontières nationales et mettre en place une frontière aux portes de l'Europe en permettant à Frontex de renvoyer les migrants illégaux. Il s'agit d'une double sécurité", peut-on lire dans le livret. Cette mesure de l'extrême droite avait déjà été évoquée auparavant par François-Xavier Bellamy (LR) dans sa campagne européenne en 2019. Elle avait pour objectif le durcissement de la politique européenne contre "l'immigration de masse".
Au cours d'un débat sur France 2 entre Jordan Bardella et le premier ministre Gabriel Attal le 23 mai dernier, le président du Rassemblement national (RN) avait détaillé cette mesure phare de son programme pour réduire l'immigration illégale. La première frontière serait établie au niveau européen par l'agence Frontex avec "le refoulement des bateaux de migrants et le renvoi des personnes dans leur pays de départ". La seconde, au niveau national, restreindrait la libre circulation dans l'espace Schengen aux seuls ressortissants des pays membres européens. Et d'ajouter : "Lorsque vous arrivez en Italie et que vous obtenez un titre de séjour, celui-ci ne doit pas vous donner un droit à circuler dans tous les pays de l'UE". Pour que la proposition aboutisse, le programme de Jordan Bardella envisage un référendum pour réaffirmer la primauté de la Constitution française sur les décisions des juges européens en matière d'immigration et la modification du code Schengen.
En quoi la mesure de double-frontière du RN est une proposition difficile à appliquer ?
Si la première frontière au niveau européen est envisageable en cas d'adoption d'une politique commune dans ce sens, la seconde est "une folie" selon le Premier ministre Gabriel Attal, car il faudrait "contrôler tout le monde", dont les travailleurs frontaliers, pour pouvoir l'appliquer. Pour pallier à ce problème, Jordan Bardella s'en remettrait au "flair du policier" pour mener les contrôles aléatoires en plus des stationnaires, et a évoqué un "autocollant sur le pare-brise" du travailleur transfrontalier.
De plus, selon Patrick Stefanini, ancien secrétaire général du ministère de l'Immigration sous Nicolas Sarkozy, la proposition phare de Jordan Bardella pour lutter contre l'immigration illégale serait "peu opérationnelle", soulignant que l'"expulsion systématique" des étrangers en situation illégale coûterait environ 3,3 milliards d'euros.