Mort de Silvio Berlusconi : de quoi est décédé Il Cavaliere ?

Mort de Silvio Berlusconi : de quoi est décédé Il Cavaliere ? Silvio Berlusconi est décédé lundi 12 juin 2023 à l'âge de 86 ans. Ses obsèques auront lieu mercredi, à Milan.

Silvio Berlusconi est mort. L'ancien Premier ministre italien était âgé de 86 ans. Il s'est éteint ce lundi 12 juin 2023 à l'hôpital San Raffaele de Milan, établissement dans lequel il avait été admis une nouvelle fois vendredi. En cause ? Une forme rare de leucémie chronique dont il souffrait depuis quelque temps déjà. Plusieurs médias italiens croient savoir, selon TV5 Monde, que Silvio Berlusconi ne répondait plus au traitement contre le cancer ces derniers temps. 

Alors que les obsèques de celui qui était surnommé "l'immortel" doivent se tenir mercredi 14 juin 2023 à 15 heures, à la cathédrale de Milan, un porte-parole du gouvernement a fait savoir que l'Italie observera à cette occasion une journée de deuil national. À noter que tous les drapeaux présents sur les bâtiments publics italiens ont été mis en berne dès ce lundi et le resteront jusqu'à mercredi, rapporte 20 Minutes.

Silvio Berlusconi souffrait d'un cancer et d'une santé fragile

L'état de Silvio Berlusconi avait déjà agité la presse le 5 avril, lors d'une hospitalisation en urgence de l'ancien ministre italien à Milan. Si nombre de proches avaient tenté de rassurer et de cacher le mal qui frappait le fondateur du parti de droite Forza Italia, dont le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani qui avait souligné "l'état stable" du politique, le 7 avril, les médecins de Silvio Berlsuconi rendaient publique "une leucémie myélomonocytaire chronique dont il souffre depuis un certain temps". Un proche de Berlusconi, Vittorio Sgarbi, vice-ministre de la Culture, avait réagi à cette annonce : "Nous sommes tous très préoccupés. J'espère qu'il aura la force de résister à ce dernier coup qui a un nom sinistre, la leucémie."

Depuis, l'ancien ministre italien suivait une chimiothérapie pour tenter de battre cette forme grave de cancer et disait lui-même être en bonne forme. Vendredi 9 juin, Silivio Berlusconi avait justement été hospitalisé pour des examens de contrôles en lien avec sa maladie. Si la leucémie est une maladie grave, la santé du Cavaliere avait déjà été mise à rude épreuve, notamment par un cancer de la prostate. Ces dernières années, la santé de Silvio Berlusconi n'avait pas été épargné puisqu'en 2016, à l'âge de 79 ans, l'homme politique avait une opération à cœur ouvert. Et depuis 2020 et une infection au Covid-19 qui avait mené à une pneumonie bilatérale, l'Italien multipliait les allers-retours à l'hôpital. En janvier 2022, c'est une grave infection urinaire qui avait poussé ses médecins à le faire suivre une série de soins lourds. Après presque 30 ans de carrière politique, "le caïman" n'apparaîssait presque plus en public à cause de ces nombreux soucis de santé.

Les hommages à Silvio Berlusconi qui a "marqué son époque"

La décès de Silvio Berlusconi a suscité de nombreuses réactions venant autant de la droite, dont il était un figure majeure, que de la gauche. "Beaucoup l'ont aimé, beaucoup l'ont détesté : chacun aujourd'hui doit reconnaître que son impact sur la vie politique, mais aussi économique, sportive et télévisuelle a été sans précédent", a souligné Matteo Renzi, l'ancien Premier ministre italien (de 2014 à 2016) membre du Parti démocrate et adversaire du Milanais. Giorgia Meloni, actuelle cheffe du gouvernement italien qui comptait Silvio Berlusconi parmi ses alliés, a posté une vidéo sur Twitter dans laquelle elle salue "un des hommes les plus influents de l'histoire de l'Italie".

En France, les réactions ont été plus rares et surtout observées du côté de la droite. Éric Ciotti (Les Républicains) a ainsi salué un "véritable monument de la politique en Italie". Christian Estrosi (Horizons) a, lui, rendu hommage à "un grand serviteur de l'Italie". Jordan Bardella (Rassemblement national), de son côté, a souligné qu'"en faisant irruption dans la vie politique italienne, avec son franc-parler et un style inédit, l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi a marqué toute une époque de son pays". En fin de journée, le président de la République Emmanuel Macron est sorti du silence par voie de communiqué. Il a salué la mémoire d'une "figure majeure de l'Italie contemporaine" et observé que Silvio Berlusconi avait participé, "de concert avec ses homologues français, à réaffirmer les liens entre nos deux nations sœurs".

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Biographie de Silvio Berlusconi

Silvio Berlusconi montre rapidement ses talents d'homme d'affaires d'abord dans le secteur de l'immobilier puis en créant un immense groupe financier, Fininvest, en 1977. Il se bâtit alors un véritable empire médiatique et investit dans de nombreux secteurs (banque, assurance, football, distribution) Fininvest reste une des plus importantes holding financière et détient des chaînes de télévision avec le groupe Médiaset, plusieurs journaux édités par Mondadori, mais aussi la principale régie publicitaire italienne.

C'est en 1994 qu'il décide de se lancer dans la politique en créant le parti de la Forza Italia. Ce dernier ne tarde pas à s'allier à des partis de droite et d'extrême droite. Dirigeant cette coalition, qui remporte les élections législatives, Berlusconi se retrouve président du Conseil, poste duquel il doit démissionner dès décembre 1994. Pour autant, l'homme ne lâche pas prise et, malgré les condamnations pour corruption, il tente toujours de renforcer son parti. Sa nouvelle coalition de droite, la Maison des libertés, sort victorieuse des législatives de 2001 et le fait entrer au pouvoir en juin. La politique ultralibérale qu'il mène est toujours entachée par les poursuites judiciaires qui pèsent sur Fininvest. Après une démission temporaire, il forme un nouveau gouvernement mais perd les élections parlementaires de 2006, contre Romano Prodi (gauche). Il revient une nouvelle fois au pouvoir en 2008. Un nouveau scandale, le "Rubygate" l'écarte une nouvelle fois en 2011. Son influence reste toutefois majeure dans la vie politique italienne puisque son parti est aujourd'hui membre de la coalition à la tête de l'Italie.

Les scandales et condamnations de Silvio Berlusconi

Les affaires judiciaires qui ont émaillé la carrière politique et la réputation de Silvio Berlusconi sont nombreuses. L'homme politique a été tour à tour suspecté ou accusé de corruption, de fraude fiscale, de subornation de témoins ou encore de relations sexuelles tarifées avec des mineures… Mais entre les classements sans suites et les non-lieux, l'ancien ministre est souvent passé entre les mailles du filet. Et lorsque la justice parvenait à le tenir responsable, c'était sans compter sur les acquittements prononcés soit grâce à la modification des lois qu'il faisait lui-même voter.

Parmi les plus importants scandales dans lequel le politique a été mêlé, on compte le Rubygate et l'existence des soirée bunga-bunga. Dans cette affaire, datant de 2010, le politique était accusé d'inciter une mineure à la prostitution, d'abus de pouvoir pour avoir faire libérer la même mineure arrêtée par la police et d'avoir eu des relations sexuelles avec des mineurs lors de soirée bunga-bunga. Ces soirées qui se tenaient dans la villa d'Arcore, près de Milan, de Silvio Berlusconi réunissaient de nombreuses jeunes filles qui se dénudaient et donnaient des "plaisirs physiques" à l'homme politique contre de l'argent, selon les déclarations de la témoin et victime Ruby rapportées dans Le Parisien. Lors du procès en 2013, Silvio Berlusconi avait été condamné pour incitation à la prostitution de mineure et abus de pouvoir, à sept ans de prison ainsi qu'à une peine d'inéligibilité à vie. Seulement ces peines avaient été suspendues par la cour d'appel de Milan qui avait acquitté le politique en 2014.

La seule fois où Silvio Berlusconi a été condamné c'est pour une affaire de fraude fiscale concernant l'entreprise Médiaset. Cette unique condamnation vaut toutefois à l'immortel de perdre son titre de Cavaliere.

Silvio Berlusconi : dates clés

26 septembre 1968: Lancement du projet immobilier Milano 2                   
Via sa société Edilnord, Silvio Berlusconi réalise ses premiers grands succès de sa carrière en développant d'important quartiers de luxe dans la périphérie milanaise comme Milano 2 et aussi Brughiero. Les montages financiers très lourd à supporter pour un jeune entrepreneur de moins de 30 ans créent des soupçons sur la provenance des fonds nécessaires à ces projets.
20 février 1985 : Berlusconi devient président du Milan AC
Après une salve de 12 présidents en 20 ans, le célèbre club de football lombard prend un nouveau virage dans sa riche histoire. La structure sportive est proche de la faillite. Silvio Berlusconi s'engage à couvrir les 7 milliards de dettes du club. Après plus de 30 ans de règne, le milliardaire vend le Milan AC au consortium d'investisseurs chinois Rossoneri Sport Investment Lux pour 740 millions d'euros. Sous la gouvernance Berlusconi, le club remporte notamment 5 Ligue des champions  et 8 championnats d'Italie. 8 joueurs décrochent le Ballon d'Or dans cette période.
20 février 1986 : Première émission de La Cinq
Lancée par le magnat italien Silvio Berlusconi, la première chaîne généraliste privée française débute sa programmation à 20h30. La chaîne cessera d'émettre le 12 avril 1992.
12 avril 1992 : Fin des programmes sur La Cin
La chaîne de télévision privée disparaît en direct après que les salariés, dont le présentateur vedette Jean-Claude Bourret, eurent procédé au compte à rebours. Créée en 1986 par le magnat italien de la communication Silvio Berlusconi, puis reprise par le groupe Hachette, La Cinq a déposé la bilan quelques semaines avant de cesser définitivement d'émettre.
11 juin 2001 : Berlusconi prend la tête de son deuxième gouvernement
Déjà élu aux législatives de 1994 mais ayant été contraint de démissionner, Silvio Berlusconi reprend les rênes du gouvernement italien. Il est alors à la tête de la coalition de la Maison des libertés qui comprend son parti, la Forza Italia, l'Alliance nationale et la Ligue du nord. Malgré les quelques crises politiques qui jalonnent son parcours, il restera en place jusqu'en 2005, menant le plus long gouvernement de l'après-guerre. Abandonné par ses alliés centristes, il posera sa démission le 20 juillet, laquelle ne sera pas vraiment effective puisqu'il reprendra ses fonctions quelques jours plus tard. Berlusconi perdra finalement les élections de 2006, contre l'Unione de Romano Prodi.
24 juin 2013 : Condamnation dans le procès du "Rubygate"
Le tribunal de Milan rend son verdict: Silvio Berlusconi est condamnée à 7 ans de prison et à une inéligibilité à vie pour "abus de pouvoir sous la contrainte" et " incitation à la prostitution". Il est accusé d'avoir tarifé une relation sexuelle avec Karima El-Mahroug (plus connu sous le pseudonyme "Ruby Robacuori", la voleuse de coeur) alors âgée de 17 ans au moment des faits. L'homme d'Etat fait alors pression auprès des forces de l'ordre pour obtenir la libération de la jeune fille en la faisant passer pour la nièce d'Hosni Moubarak, alors président de l'Egypte. Berlusconi est finalement acquitté en février 2023 grâce au classement des paiements en indemnisation pour atteinte à la réputation et non pour relations sexuelles.

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