Le jour où Obama a parlé du physique de Kamala Harris, avant de s'excuser
Alors que la campagne de Kamala Harris touchait à sa fin, les marques de soutien de l'ancien président des États-Unis, Barack Obama, se sont multipliés dans le sprint final vers l'Election Day du 5 novembre 2024. En octobre, il s'est rendu à Pittsburgh, en Pennsylvanie, pour exhorter les citoyens américains à voter pour elle. Selon The Washington Post, il n'hésite pas à leur reprocher "leur hésitation à mettre un bulletin dans l'urne en faveur de la candidate, suggérant que le sexisme pourrait en être la cause". Le politicien se révèle être un allié de choix pour la candidate démocrate, considérée par le journal britannique, The Gardian, comme "l'héritière" de son mouvement politique.
Cette amitié, à la fois diplomatique et personnelle, dure depuis plus de vingt ans. D'après la chaîne de télévision CNN et le Washington Post, les deux élus se sont rencontrés pour la première fois en 2004 lors d'une collecte de fonds en Californie. À cette époque, Kamala Harris était la procureure officielle de la ville de San Francisco. Quant à Barack Obama, il était député dans l'État de l'Illinois et concourrait pour les élections sénatoriales aux États-Unis.
Une remarque jugée "sexiste"
Une décenie plus tard, au début du second mandat de Barack Obama, le 14 avril 2013, une prise de parole du président fait réagir sur les réseaux sociaux. Lors d'un gala de charité dans la ville d'Atherton, en Californie, il a saisi l'occasion pour complimenter sa vieille amie : "Soyez prudents, elle est, avant tout, forte, brillante et dévouée. C'est exactement le profil recherché dans l'administration de la justice et l'application des lois, en particulier si l'on veut être certain que chacun reçoive ce qu'il mérite". Puis vient la gaffe : "Et c'est de loin la plus belle procureure générale du pays". Sous les rires du public, il renchérit : "J'ai bien raison, non ?". Cette plaisanterie, jetée au vent, a été considérée par de nombreuses personnes comme relevant du sexisme ordinaire.
Pour la journaliste Garance Franke-Ruta, dans The Atlantic, lorsque les femmes reçoivent des réflexions (positives ou négatives) sur leur physique dans un cadre professionnel, elle paraissent tout de suite moins compétentes, moins efficaces et moins qualifiées. Elle s'appuie sur les statistiques d'un projet lancé par les associations à but non lucratif She Should Run et Women's Media Center. Dans l'enquête du mois de mars, 1500 votants américains ont trouvé que peu importe le compliment, s'il concerne le physique d'une élue, il aura toujours un impact négatif sur l'avis des électeurs.
Pour endiguer la controverse, la Maison-Blanche, derrière laquelle se cache le président Barack Obama, a pris la parole quelques jours après l'évènement : "Il ne voulait en aucun cas minimiser les accomplissements professionnels et les capacités de la procureure générale, temporise l'ancien porte-parole américain, Jay Carney. Il perçoit clairement les défis rencontrés par les femmes sur leur lieu de travail et sait qu'elles ne devraient pas être jugées sur leur apparence."