Guerre en Ukraine : les dernières options de Kiev pour peser dans les négociations face à Trump et Poutine
La pression monte pour l'Ukraine. Après que Donald Trump a longuement échangé avec Vladimir Poutine au sujet de négociations sur un cessez-le-feu, le mercredi 12 février, le pays, attaqué en février 2022, il y a trois ans, entre dans une période décisive, dans laquelle il pourrait être relégué au rang de spectateur. Le président des Etats-Unis, qui a déjà annoncé un tarissement des aides américaines à l'Ukraine d'ici fin avril, préfère discuter directement avec Moscou et ferme la porte à plusieurs revendications de Kiev en vue de la signature d'un accord de paix. Donald Trump a effectivement affirmé que l'Ukraine ne pourra pas retrouver ses frontières d'avant 2014 et l'annexion de la Crimée et s'est opposé à ce qu'elle rejoigne l'Otan. Alors que la Conférence de Munich sur la Sécurité (MSC) a débuté en Allemagne, Trump s'est encore réjouit vendredi de pouvoir prochainement rencontrer Vladimir Poutine en Arabie saoudite, faisant fi du cadre international des discussions.
Lors d'un entretien qui a eu lieu ce vendredi dans la capitale bavaroise, le Vice-président des Etats-Unis J.D. Vance s'est tout de même entretenu avec Volodymyr Zelensky, sans apporter plus de garantie sur la prise en compte des critères de l'Ukraine. L'un a appelé à une "paix durable" pour l'Ukraine quand l'autre a souhaité une paix "réelle et garantie" pour son pays. Mais le président ukrainien a par ailleurs estimé que les négociations de paix sans Kiev et sans l'Europe étaient "inacceptables" et "impensables". Il a par ailleurs assuré que l'Ukraine négocierait avec la Russie une fois que Kiev, Washington et leurs alliés auraient une position commune, notant que Donald Trump n'avait pas de "plan prêt" pour mettre fin à la guerre.
Le virage que prennent les Etats-Unis dans le dossier ukrainien est une douche froide pour Volodymyr Zelensky qui n'a eu vent des échanges entre Washington et Moscou qu'après qu'ils aient eu lieu et sans avoir été consulté au préalable. Une situation qui "n'est pas agréable" a-t-il reconnu. Et pour cause : l'Ukraine qui n'est pas en position de force pour entamer des négociations se voit encore affaiblie par cette discussion. Le président ukrainien s'est dit prêt à revenir sur certains de ces principes pour aboutir à un accord de paix : accepter des négociations directes avec Vladimir Poutine et procéder à un échange de territoires entre l'oblast russe de Koursk contrôlé par l'Ukraine et les territoires ukrainiens annexés illégalement par la Russie. Il refuse toutefois de conclure un accord de paix qui le rendrait perdant sur toute la ligne.
Les intérêts derrière le soutien de l'Europe à Kiev
Reste que l'Ukraine n'a que peu d'options pour peser dans les négociations à moins de s'appuyer sur le soutien de l'Europe qui a également tout intérêt à reprendre une place de choix dans les discussions. Volodymyr Zelensky a ainsi estimé que les pays européens doivent se joindre "à la table des négociations" aux côtés de Washington et de Moscou. Une position soutenue dans la foulée par l'Europe, et particulièrement par la France. "Une paix qui soit une capitulation, c'est une mauvaise nouvelle pour tout le monde", a alerté Emmanuel Macron dans une interview au Financial Times le vendredi 14 février.
Le président de la République a également rappelé à son homologue américain que "seule" l'Ukraine pouvait "négocier avec la Russie" sur ce qui relève de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Ajoutant toutefois que "c'est à la communauté internationale, avec un rôle spécifique pour les Européens, de discuter des garanties de sécurité et plus largement des règles de sécurité de toute la région". Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a d'ailleurs tenu à assurer que la France "n'est pas mise de côté" dans les discussions le jeudi 13 février sur BFMTV.
Des leviers européens et ukrainiens pour influencer les négociations
Si l'Europe dit vouloir peser, et même faire pression sur Washington et Moscou en vue des négociations pour la paix en Ukraine, quels leviers lui reste-t-il à activer ? Sébastien Maillard, conseiller spécial à l'Institut Jacques Delors, en cite trois auprès du Parisien : les sanctions qui affectent l'économie de la Russie, les avoirs russes gelés dans l'UE équivalents à 235 milliards d'euros, et les livraisons d'armes en Ukraine. Pour tenter de faire flancher Donald Trump, les Européens peuvent aussi "refuser les financements que leur demanderont les Américains", ajoute Cyrille Bret, chercheur associé à même institut. Non seulement de jouer avec ces moyens de pression, l'Europe a tout intérêt à aller plus loin et à proposer un plan de paix alternatif soutenu par ses 27 membres explique l'analyste géopolitique Ulrich Bounat, toujours au Parisien : "Si elle reste sur une position attentiste, l'Europe risque d'être marginalisée". L'Europe doit proposer un plan de paix, mais aussi s'assurer d'un rôle clef dans la gestion de cessez-le-feu et de l'après-guerre.
L'Ukraine, si elle compte sur le soutien européen, ne devrait pas non plus rester dans une posture attentiste. Le pays peut tenter de monnayer un soutien plus important des Etats-Unis en mettant sur la table l'accès au sous-sol ukrainien qui, selon Volodymyr Zelensky, serait riche en terres rares et en ressources stratégiques convoitées par Donald Trump. "Ce qui compte pour Donald Trump, c'est de pouvoir revendiquer un deal. Il pourrait très bien se satisfaire d'un document lui octroyant tous les droits, quitte à ce que l'exploitation ne se concrétise jamais… ", analyse Ulrich Bounat au Parisien. L'Ukraine pourrait aussi promettre de recourir aux Etats-Unis lors de la reconstruction du pays en cas de cessez-le-feu, pour séduire l'homme d'affaires qu'est Donald Trump.
14/02/25 - 23:32 - La mise en garde de Ioulia Navalnaïa face à Vladimir Poutine
"Nous sommes prêts à avancer le plus rapidement possible vers une paix réelle et garantie", a déclaré sur X Volodymyr Zelensky ce vendredi à l'issue de son échange avec le vice-président américain JD Vance. Peu de temps avant, la veuve de l'opposant russe Alexeï Navalny, invitée à la Conférence de Munich sur la sécurité, a estimé que "cela ne sert à rien d’essayer de négocier" avec Vladimir Poutine, qui "mentira, trahira, changera les règles à la dernière minute et vous forcera à jouer à son jeu, exactement comme il l’a fait il y a un an" quand l'échange de prisonniers permettant notamment la libération d'Alexei Navalny semblait "imminent". Pour elle, il est certain que le président russe "trouvera un moyen de rompre" tout "accord". Elle s'en dit aujourd'hui convaincue : la guerre en Ukraine ne pourra prendre fin que lorsque Vladimir Poutine ne sera plus là.
14/02/25 - 21:33 - Donald Trump joignable "à tout moment" par Volodymyr Zelensky
Comme le relate l'Associated Press (AP), l'agence de presse américaine, dont Le Monde se fait l'écho, Volodymyr Zelensky a assuré ce vendredi lors de la conférence de Munich sur la sécurité que Donald Trump serait la "clé" pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Le président ukrainien a par ailleurs révélé que son homologue américaine lui aurait transmis son numéro de téléphone personnel à l'occasion d'une conversation qui s'est déroulée en début de semaine entre les deux hommes. "Oui, il m’a donné son numéro de téléphone", a ainsi lâché Volodymyr Zelensky, précisant que Donald Trump lui avait dit qu'il pouvait "l’appeler à tout moment".
14/02/25 - 19:35 - Le vice-président américain JD Vance plaide pour une "paix durable" en Ukraine
À l'occasion d'un entretien avec le président ukrainien ce vendredi en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich, le vice-président américain JD Vance a assuré à Volodymyr Zelensky que les États-Unis souhaitaient une "paix durable" en Ukraine. "Une paix qui ne plongera pas l’Europe de l’Est dans un conflit dans seulement quelques années", a-t-il déclaré. La rencontre entre les deux hommes se serait bien passée. Ces derniers ont relaté à la presse "une bonne conversation" qui en annonce d'autres "dans les jours, semaines et mois à venir", a estimé JD Vance.
14/02/25 - 17:21 - Les Etats-Unis ne veulent pas de l'Ukraine dans l'Otan, estime Zelensky
Pour Volodymyr Zelensky, c'est clair : les Etats-Unis "ne veulent pas" voir l'Ukraine adhérer à l'Otan, malgré ses demandes. Ils ne "nous ont jamais vus dans l'Otan", même si "cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas changer cela", estime-t-il lors la Conférence sur la sécurité de Munich. Et d'ajouter : "Si on n'a pas l'Otan, alors on créera l'Otan en Ukraine." Le pays doit en effet doubler son armée, selon le président ukrainien, afin de rivaliser avec la Russie : "Nous avons 110 brigades. La Russie dispose de 220 brigades."
14/02/25 - 16:56 - Volodymyr Zelensky se dit prêt à négocier avec la Russie si l'Ukraine parvient à un consensus avec ses alliés
"Nous sommes prêts à discuter avec l'Amérique et nos alliés", a déclaré Volodymyr Zelensky. "S'ils nous fournissent des réponses spécifiques à nos demandes spécifiques et une compréhension commune du danger Poutine, alors, avec cette position unifiée, nous serons prêts à parler avec les Russes", a-t-il assuré. Selon le président ukrainien, son homologue américain Donald Trump, qui a longuement échangé avec Vladimir Poutine sur l'Ukraine, n'a pas de "plan prêt" pour mettre un terme à la guerre.
14/02/25 - 16:29 - Pour les pays nordiques et baltes, l'Ukraine et l'Europe doivent être partie prenante des négociations de paix
Les dirigeants du Danemark, de l'Estonie, de la Finlande, de l'Islande, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Norvège et de la Suède ont publié un communiqué de presse commun apportant leur soutien à l'Ukraine. Ils estiment que le pays, ainsi que l'Europe, doivent être impliqués dans "toute négociation visant à parvenir une paix juste et durable" en Ukraine, puisque "l'issue de la guerre aura des conséquences fondamentales et à long terme sur la sécurité européenne et transatlantique".
Pour les pays nordiques et baltes, "leur priorité à présent était de renforcer l'Ukraine" et "leur soutien à Kiev".
14/02/25 - 16:12 - Négocier la paix sans inclure l'Ukraine "n'est pas une bonne idée", estime Volodymyr Zelensky
Volodymyr Zelensky estime qu'élaborer un accord de paix sans inclure l'Ukraine ainsi que l'Europe "n'est pas une bonne idée", a-t-il déclaré à la Conférence sur la sécurité de Munich. Il s'exprime après que Donald Trump a indiqué s'être entretenu avec le président russe Vladimir Poutine et vouloir entamer rapidement des négociations de paix sur l'Ukraine et d'échanger des visites. Pour le président ukrainien, la guerre en Ukraine "montre que l'unité entre les États-Unis et l'Europe est essentielle".