Les Chinois sont sur la Lune, cette mission historique sur la face cachée réserve des surprises
La Chine est en passe de devenir la première nation à rapporter sur Terre des échantillons de sol collectés sur la face cachée de la Lune. Au-delà de l'exploit technologique, les retombées scientifiques pourraient être considérables.
De nouveaux échantillons de sol lunaire sont en route vers la Terre. 55 ans après les premières missions Apollo, ces nouveaux échantillons intriguent la communauté scientifique puisqu'ils proviennent de la face cachée de la Lune. Ils ont entamé leur voyage vers la Terre après que l'atterrisseur de la mission Chang'e 6 de la Chine ait collecté des échantillons de sol puis renvoyé sa précieuse cargaison en orbite dans une capsule.
Tout a commencé le 2 juin lorsque la sonde chinoise s'est posée dans le Bassin Pôle Sud-Aitken qui se trouve dans la partie sud du cratère Apollo. C'est la deuxième fois que la Chine réussit un atterrissage en douceur sur la face cachée de la Lune après la mission Chang'e 4 (2019). Dans les heures qui ont suivi, les instruments scientifiques ont été activés tandis que le bras robotisé et la foreuse embarqués ont procédé aux prélèvements d'échantillons.
Puis, le 3 juin à 1h38 (heure française), le module de remontée a décollé pour rejoindre l'orbite lunaire et s'amarrer au module de service qui l'attend. Après cela, les échantillons seront transférés dans une capsule. Le module de service continuera à tourner autour de la Lune jusqu'au moment calculé pour commencer son retour sur Terre qui est prévu pour les 20 et 21 juin. La précieuse capsule d'échantillons doit, elle, atterrir en Mongolie intérieure vers le 25 juin.
Pourquoi la Chine, et plus généralement la communauté scientifique mondiale, s'intéressent-elles à la face cachée de la Lune ? Parce qu'elle est très différente de la face visible et que l'on ignore pourquoi ! Change'e 6 a collecté des échantillons de sol à la fois en surface mais aussi en profondeur. Leur analyse devrait permettre de mieux cerner la composition globale de la Lune et d'éclaircir une période appelée grand bombardement tardif qui s'étend de 4,1 à 3,9 milliards d'années. A cette époque, le système solaire est en proie à une hausse des impacts de météorites et de comètes sur des planètes telluriques, dont la Lune.
Le bassin Pôle Sud-Aitken dans lequel Chang'e 6 a effectué ses prélèvements de sol est âgé d'environ 4,26 milliards d'années. Il est antérieur aux bassins d'impact qui parsèment la face proche de la Lune. Son étude permettra de dater sa formation et de déterminer si elle est intervenue durant le grand bombardement tardif ou bien lors d'un événement distinct.
En effectuant une datation précise du bassin Pôle Sud-Aitken, les scientifiques auront une meilleure compréhension de l'histoire de la Lune. Ces découvertes pourraient même livrer des indices sur les origines de la vie sur Terre. En effet, certaines théories estiment que l'eau et les matières organiques ont pu arriver sur notre planète avec des astéroïdes lors du bombardement lourd tardif.
Par ailleurs, la mission Chang'e-6 s'inscrit dans le cadre du programme lunaire chinois. Des échantillons de la face visible de la Lune ont été ramenés en 2020 lors de la mission Chang'e 5. Deux autres missions sont prévues à proximité du pôle Sud de la Lune : Chang'e 7 en 2026 et de Chang'e 8 vers 2028. Ce programme vise à préparer la première expédition lunaire d'un équipage chinois prévu à l'horizon 2030.